<p>“Il y a un verrouillage culturel du sol parce qu'y pénétrer sent le sacrilège et la mort”, déclarait le pédologue Alain Ruellan, ajoutant : “Ne faut-il plutôt dire que le sol c'est la vie, car nous sommes nés du sol.” En effet le sol a été longtemps considére comme un support inerte que l'on pouvait exploiter comme un gisement. Ainsi les civilisations sumériennes et maya ont disparu pour avoir abusé de leurs sols. Il faudra attendre la fin du XIXéme siècle pour comprendre toute la complexité et la diversité des sols, avec la création par le russe Doukoutchaev de la pédologie, science des sols, promue en France par Albert Demolon, sans oublier les travaux de Charles Darwin, dans les années 1830, sur le ver de terre.</p><p>Mais pendant longtemps, dans le domaine de la fertilisation, on s'intérressera essentiellement à la plante. Il faudra attendre les années 1980 avec les travaux du microbiologiste des sols, Claude Bourguignon, auteur du livre <i>Le sol, la terre et les champs </i>(Editions La manufacture/Sang de la Terre, 190 p., 1989), qui tentera non sans mal d'initier une approche nouvelle, plus globale, plus scientifique autour de l'idée qu'<strong>il faut non pas forcer la nature mais l'aider</strong> et considérer le travail de l'agriculteur comme une cocréation avec la nature. Idée reprise notamment aujourd'hui par Marc-André Selosse, professeurau Muséum d'Histoire naturelle et auteur de <i>L'origine du monde </i>(Editions Actes Sud, 469 p., 2021, 25 €), livre qui nous aide à retisser ce lien perdu au monde naturel. Depuis, les choses évoluent, avec le développement des techniques de conservation des sols, qui protègent cette importante faune souterraine, signe de bonne santé de la terre.</p><p>Cette prise de conscience atteint aussi le secteur de la culture. Lan passé, l'ouvrage du philosophe Gaspard Koening, <i>Humus </i>(Editions J'ai lu, 509 p., 2003, 8,90 €), figurait parmi le dernier quarteron de la sélection du Goncourt. Enfin, ces derniers jours, le Festival internationnal de géographie de Saint-Dié-des-Vosges a fait des terres son thème central. Signe qu'au-delà des sols, notre regard sur le vivant évolue considérablement…</p>
<p>Il y a neuf ans, Baligh de Groboz terminait troisième aux championnats du monde du cheval barbe à El Jadida, Maroc. Quasiment jour pour jour, neuf ans plus tard, étaient organisés les premiers championnats d'europe à Mooslargue. Grace à une belle coopération des trois associations du cheval barbe en europe, <i><strong>VFZB</strong></i> pour l'Allemagne, <i><strong>ASCB</strong></i> pour la Suisse et <i><strong>AFCB</strong></i> pour la France. Bien plus que les résultats de Majda de Groboz, troisième, et de Mahéra de Groboz, cinquième, c'est le bonheur que nous avons eu de partager, tous ensemble, ce moment suspendu.</p><p>Et pour enchainer sur ce chouette week-end de septembre, quelques jours plus tard, nous nous retrouvons pour l'<i><strong>équi-meeting médiation équine</strong></i> de Vichy. Ou quand le passé et le présent de l'élevage, rencontre son futur… Et quel futur ?! peut être la période charnière la plus importante jamais vécu par l'élevage de Groboz en plus de trente ans d'existence.</p><p>Depuis plus d'un an, une succession de rencontres vont donner un sens nouveau à notre idéal de cheval. Ce cheval que nous avons révé et que nous avons réalisé, va maintenant remplir à nouveau un rôle majeur, comme il en avait un, il y a encore moins d'un siècle. Peut-être de façon plus noble encore. De nouveaux enjeux sont apparus récemment avec l'émergence de nouveaux fléaux comme le harcement scolaire, le burn out, pour n'en citer que deux. Et si le cheval nous réparaît ?!</p><p>Depuis plus d'un an, nous découvrons, jour après jour, que la philosophie de l'élevage de Groboz et son absence d'interventionnisme dans la vie en groupes des chevaux, les rendaient incroyablement interfèrents avec nous et leurs conférait une capacité unique de médiation avec l'homme. Plus fascinant peut-être, la race barbe semble être particulièrement adaptée à cette nouvelle vocation de médiation.</p><p>La <i><strong>quatrième édition d'équi-meeting médiation 2024</strong></i> avait pour thème <i><strong>la place du cheval dans l'éducation, l'apprentissage et la parentalité</strong></i>. Nous avons posé la question de savoir si une race était plus prédestinée qu'une autre, lors de l'atelier : <i><strong>Le cheval de médiation - dernières avancées scientifiques</strong></i>. Notre question n'a pas trouvé sa réponse, mais l'intérêt qu'elle a sucité en est la meilleur.</p><p>Est ce que les chevaux se transmettent, génétiquement, cette incroyable attractivité qu'ils ont pour l'homme ?! Je ne peux, pour ma part, ne pas ignoré ce qu'un jour, une personne m'a dit à propos du cheval barbe, une personne qui lui a consacré sa vie : “<i><strong>çà fait des siècles pour pas dire des millénaires, que le cheval barbe et l'homme vivent ensembles sous la tente !</strong></i>”</p>
<p>La beauté est là et nous ne savons pas la voir. Tel est le constat que fait la philosophe Laurence Devillairs qui, dans un livre au style limpide et agréable, <i>La Splendeur du monde </i>(1), nous invite à travers son histoire et ses anecdotes à aller à la rencontre de la beauté. Non pas la b eauté sublime qui nous envahit ou le beau tapageur qui nous envoûte, mais cette splendeur simple qui nous surprend et nous interpelle, et qu'elle compare à un embrasement amoureux. Comme ces corneilles sur le toit d'une gere parisienne qui l'ont sauvée d'une dépression.</p><p>“On pense quand on voit et voir fait penser”, écrit Laurence Devillairs, qui considère que la beauté est notre géographie et aimerait que sur son passeport soit écrit : aime Baudelaire, la mer, les Sex Pistols et Hegel, plutôt que son état civil. Car <strong>voir, c'est s'ouvrir au monde, comme un remède cpntre le narcissisme ambiant</strong> : “Nous voyons plus loin que nous-mêmes quand nous voyons la beauté.” C'est cultiver la curiosité, accepter le silence qui n'est pas que vide; c'est regarder le vivant comme une pièce unique, et ne pas opposer nature et culture. “Face aux champs de tournesols, écrit l'auteure, on devrait éprouver le même respect qu'au regard des toiles e Van Gogh.” C'est aussi faire le bien : “A chaque fois que l'on accomplit le bien, on ajoute de la beauté au monde.”</p><p>Mais comme tout cela semble contraire à notre quotidien, qui privilégie trop souvent l'esbroufe, l'agitation, la beauté préfrabriquée des vacances à la splendeurde la liberté… Que cet art de voir et de ressentir est compliqué, en ces temps moroses (heureusement, il y a les JO !). D'où ce livre qui nous guide dans notre apprentissage à aller à la rencontre de la beauté. D'ailleurs, à la fin du livre, l'auteure, qui réclame une éducation à la beauté, un ministère à la transition esthétique et rêve d'une république du beau, nous propose des exercices et notamment de tenir un carnet de bord des moments où l'on a été saisi par la beauté.</p><p>(1) Edité chez Stock, 198 pages, 19,50 €</p>
<p>Comme ce fût le cas en Seine-Saint-Denis en 2010 et dans le Lot-et-Garonne en 2017, le Conseil départemental de l'Aisne vient de voter un budget déséquilibré. Il manque 22,5 millions d'Euros. Certes, la procédure est contraire aux règles de la comptabilité publique, mais notons que l'Etat impose aux collectivités territoriales des cadres qu'il s'exonère de faire respecter ! Les édiles de l'Aisne estiment qu'en 2025, ils ne seront plus en mesure d'assurer certaines politiques d'accompagnement des initiatives locales ou de partenariat avec les acteurs sociaux.</p><p>Ainsi, au niveau agricole, le Conseil départemental soutient la modernisation des bâtiments d'élevage, le développement des circuits courts ou les associations d'aide aux agriculteurs en difficultés… Nous n’en sommes pas encore là, mais le 24 juin, le département pourrait être mis sous la tutelle du préfet. En fait, comme nombre de départements pauvres, l'Aisne, qui consacre 71 % de son budget au social (contre 60% en moyenne nationale), depuis que l'Etat a, en 2008, délégué aux départements les dépenses de solidarité (RSA, handicap, dépendance…), voit ses dépenses croître. Certes, l'Etat verse une dotation mais sur la base des données de 2008. Or, depuis, la précarité s'est régulièrement accrue. Qui plus est, les droits de mutation à titre onéreux, l'une des sources de financement des départements, ont pâti de la baisse du marché de l'immobilier.</p><p>C'est le cas de l'Aisne qui figure parmi les départements les plus pauvres : taux de chômage de 10,6 % et un taux d'illéttrisme le plus élevé de France métropolitaine… Les tests effectués lors des journées défense et citoyenneté (2019) ont montré que 18 % des jeunes Axonais présentaient des difficultés importantes de lecture (6 points de plus que la moyenne nationale).</p><p>Un paradoxe au pays de Racine, La Fontaine, Dumas, Claudel et de la Cité de la langue française.</p>
<p>En 2023, la France est redevenue le premier producteur mondial de vin, devant l'Italie, en tête depuis 2015, et l'Espagne, toutes deux davantage victimes que l'Hexagone des changements climatiques, tandis que la production mondiale chutait de 10 %. Pas de quoi crier cocorico pour autant !</p><p>La semaine passée, le supplément vins du quotidien <i>Le Monde </i>(daté du 20 avril) intérrogeait vingt-deux sommelières et sommeliers des différents pays de l'Union européenne sur leur vision de l'avenir du vin en Europe. Tous partagent cette fièrté d'appartenir à un continent d'excellence, où la culture du vin est indisssociable de l'histoire de l'Europe. Ils font l'éloge de la diversité vinicole à travers cette multiplivité de cépages, de sols, de climats, de terroirs, de techniques de vinifications, de goûts…, qui sont la chance du Vieux Continent (59 % des bouteilles produites dans le monde).</p><p>Pour la plupart de ces experts, le vin du futur sera plus naturel, plus vivant, plus léger, avec des cépages plus autochtones, respectant l'individualité et l'originalité des terroirs. Ils prévoientune consommation moindre mais de qualité, provenant de terroirs encore plus diversifiés vers l'est et le Nord, sur des terres jusqu'alors trop froide pour la vigne. C'est ainsi qu'un premier domaine viticole a été récemment créé en Lettonie et que le vignoble belge a fait de gros progrès en moins de deux décennies.</p><p>D'ailleurs, lorsque <i>Le Monde </i>demande à ces sommeliers leur bouteille coup de coeur (hors de leur pays d'origine), certes, les vins français, cités quatre fois (dont trois Champagne), arrivent en tête, mais rieslings allemands et autrichiens, vins portugais et grecs ne déméritent pas . A travers les choix de ces médiateurs entre viticulteurs et consommateurs, se dessinent une nouvelle carte des vins qui se traduit par la suprématie des vins blancs (seuls cinq vins rouges sont cités) et une diversité des crus et des terroirs encore plus marquée, liée à l'adaptation au changement climatique, grand défi des prochaines années pour la viticulture. </p>
<p>Nous avons d'abord rêvé d'un idéal de cheval. Puis, il y a une vingtaine d'années, nous l'avons rencontré. Depuis ce jour, nous vivons au milieu des chevaux barbes dans les prairies de Groboz, depuis plus de trente ans.</p><p>Il y a une quinzaine d'années, nous avons eu l'idée de lui donner toute sa dimension culturelle en créant le festival des équitations du monde... Nous savions qu'il pourrait édifier les ponts culturels sur les fractures sociales, nous n'avions pas conscience de leurs ampleurs.</p><p>L'été dernier, nous avons décidé de le présenter, non plus dans sa tenue d'apparat et la lumière de son histoire, mais nu, tel qu'il se présente à nous au quotidien, tel qu'il se présente à nous, quand il est élevé dans le respect de ses codes naturels.</p><p>Aujourd'hui, c'est la première ! nous recevons <i><strong>Sport dans la ville</strong></i> et une douzaine de jeunes de la régions Lyonnaise qui vont vivre la première expérience de séjour en immersion au milieu des chevaux.</p><p>Les chevaux vont jouer leur partition avec le supplément d'âme que certains d'entre vous, ont déjà eu la chance de percevoir à leurs côtés. Leurs invités vont peu à peu se livrer sans retenue et leurs offrir ce qu'ils préfèrent par-dessus tout, cet amour inconditionnel que seuls eux, sont capables de percevoir.</p><p>Nous n'avions rien imaginé, c'est peut-être pour cela que cette rencontre-là ! fût à ce point émouvante. Peut-être que nous savions en nous, déjà, que seuls les chevaux sont capables de nous entrainer sur ce chemin là…</p><p>Cà fait cinq mille ans que le cheval fascine, çà fait cinq mille ans qu'il est indispensable à nos vies... ça ne fait qu'un siècle que nous la cantonnons à un rôle de loisir... ce soir, il y a une petite voix qui me dit que ça pourrait redevenir comme avant ?!</p>
“La politique ne consiste pas à faire taire les problèmes mais à faire taire ceux qui les posent”, aimait à dire HenriQueuille, homme politique radical qui a traversé les IIIe et IVe Républiques et détient toujours le record de longévité à la tête du ministère de l'Agriculture. Propos en apparence cynique de la part de ce médecin Corrèze, mais non dénué de réalisme, au regard de la situation actuelle. </br> </br> Il y a deux mois, lorsque les barrages ont été levés, les autorités ont cru qu'avec soixante-deux mesures, la solution était trouvée, tout en mettant sous le coude, ce qui était le nœud gordien de la crise, à savoir les revenus. Cette question a été renvoyée comme un boomerang lors de ce week-end mouvementé, en même temps que l'idée d'un prix plancher, largement décriée les semaines précédentes, et qui rappelle les prix indicatifs de l'ancienne Pac démantelés comme la plupart des mécanismes de régulation, au nom d' une mondialisation heureuse. De même, l'appropriation par l'ensemble du spectre politique du concept de la souveraineté alimentaire, inventé par Via Campesina, dans les années 1980, et largement décrié par beaucoup jusqu'à récemment. </br> </br> Avec un brin de bon sens, l'un des interlocuteurs du président de la République lors du débat au Salon de l'agriculture, traduisait cette quête de sens : “On manque de vision !” Depuis la crise financière de 2008, suivie par la Covid, la guerre en Ukraine, l'insécurité alimentaire internationale grandissante, la question agricole s'impose au cœur de la réflexion stratégique, interroge tous les États, toutes les sociétés. Sans doute quelques mesures conjoncturelles, aussi judicieuses soient-elles, ne vont-elles pas résoudre tous les problèmes. Car face aux gigantesques défis géopolitiques, environnementaux et sociaux, alors que 2,5 milliards de terriens n'ont pas une alimentation suffisante et que 16 % de nos compatriotes ne mangent pas à leur faim, le chantier d'<b>un nouveau pacte agricole et alimentaire s'impose</b>, comme dans les années 1960. Reste à trouver les Pisani et Mansholt capables de le mettre en musique, pour ne pas donner raison à Henri Queuille.
Des effigies de pendus, c'est une tradition dans l'histoire de la contestation depuis la Révolution française. L'an passé, celles du président de la République étaient courantes lors des manifestations contre la réforme des retraites. Mais les effigies des paysants en souffrance pendus sur les passerelles des autoroutes, comme pour rappeler la surmortalité par sucide des agriculteurs (l'une des plus élevée avec les vétérinaires) est d'une autre nature. Elle témoigne d'un mal-être qui va bien au-delà des inégalités sociales et territoriales, des tracasseries administratives, de la pression de la grande distribution, des contradictions des consommateurs ou des incohérences des politiques. </br> </br> Les troubles psychologiques liés au mal-être, L'Express en a d'ailleurs fait sa couverture il y trois semaines dans une perspective plutôt rassurante grâce aux innovations thérapeutiques, concerneraient un Français sur cinq. Les campagnes n'échappent pas à ces maux du temps présent. Mais si, en milieu rural, ils sont sensiblement les mçemes (burn out, dépression, angoisse climatique…), ils sont exacerbés par l'isolement, les difficultés d'accès aux soins, le sentiment profond d'un manque de reconnaissance à travers, entre autres, le faible montant des retraites, et des situations de précarité plus cachées. </br> </br> Le magazine du Monde publiait il y a un mois une enquête “Le psy est dans le pré”, montrant une explosion de demandes de nouveaux patients, en particulier des jeunes (depuis la pandémie de Covid), et des plus âgés du fait des difficultés de transmission, dans un milieu jusqu'alors peu propice à fréquenter les cabinets de psychothérapeutes. “Il faut toujours prétendre qu'on va bien, témoigne une psychologue installée dans un bourg rural, se montrer fort, sans quoi cela peyt être interprété négativement. Même la maladie très grave est vue comme une preuve de faublesse dont il ne faudrait pas parler.” Alors les prychologues s'adaptent, cultivant plus qu'en ville les stratégies de discrétio, notamment par les consultations à domicile.
L’an passé, nous avons testé, à Groboz, l'absence de séparation des juments et de leurs poulains. Cela signifie que la jument vit avec son poulain qui vient de naître et avec son poulain de l'année précédente. </br> </br> C'est vrai que nous parvenons finalement à toujours obtenir ce que l'on veut d'un cheval... alors, me direz-vous, pourquoi remettre en cause notre confort et nos habitudes d'élevage ?! </br> </br> Et si de nouvelles méthodes d'élevages permettaient au cheval d'acquérir davantage d'autonomie ?! grâce à des codes qu'il aurait lui-même eu le loisir d'explorer naturellement en groupe. </br> </br> Cela ne nous procurerait-il pas un plus grand potentiel de complicité dans nos activités partagées avec le cheval ?! </br> </br> Mieux, cela ne nous ouvrirait-il pas de nouveaux horizons répondant à de nouveaux enjeux d’une société en quête de sens ?! mais ceci est un autre sujet que celui du sevrage des poulains à proprement parlé… Promis, ce sujet sera abordé très prochainement. </br> </br> L’an passé donc, nous avions été au bout du bout de la démarche avec l’absence de séparation des juments et de leurs poulains. Cela aurait pu satisfaire totalement notre idéal d’éleveur de chevaux. </br> </br> Or, c’était sans compter sur un accroc de taille, le lendemain de la naissance de Nafissa, née le 24 février 2023, Pier son père, a chassé violemment du groupe, Majda, sa sœur de l'année précédente. Contrairement aux autres juments, pourquoi Badhia, leur mère n’a jamais protégé Majda ?! </br> </br> Etant dans un milieu en semi-liberté, cette année, nous avons décidé de faire machine arrière. Certe, nous avons choisi de faire des séances de séparation de plus en plus longues, pour finir par une séparation définitive sans réintégration dans le groupe familial. </br>
L’an passé, nous avons testé, à Groboz, l'absence de séparation des juments et de leurs poulains. Cela signifie que la jument vit avec son poulain qui vient de naître et avec son poulain de l'année précédente. </br> </br> C'est vrai que nous parvenons finalement à toujours obtenir ce que l'on veut d'un cheval... alors, me direz-vous, pourquoi remettre en cause notre confort et nos habitudes d'élevage ?! </br> </br> Et si de nouvelles méthodes d'élevages permettaient au cheval d'acquérir davantage d'autonomie ?! grâce à des codes qu'il aurait lui-même eu le loisir d'explorer naturellement en groupe. </br> </br> Cela ne nous procurerait-il pas un plus grand potentiel de complicité dans nos activités partagées avec le cheval ?! </br> </br> Mieux, cela ne nous ouvrirait-il pas de nouveaux horizons répondant à de nouveaux enjeux d’une société en quête de sens ?! mais ceci est un autre sujet que celui du sevrage des poulains à proprement parlé… Promis, ce sujet sera abordé très prochainement. </br> </br> L’an passé donc, nous avions été au bout du bout de la démarche avec l’absence de séparation des juments et de leurs poulains. Cela aurait pu satisfaire totalement notre idéal d’éleveur de chevaux. </br> </br> Or, c’était sans compter sur un accroc de taille, le lendemain de la naissance de Nafissa, née le 24 février 2023, Pier son père, a chassé violemment du groupe, Majda, sa sœur de l'année précédente. Contrairement aux autres juments, pourquoi Badhia, leur mère n’a jamais protégé Majda ?! </br> </br> Etant dans un milieu en semi-liberté, cette année, nous avons décidé de faire machine arrière. Certe, nous avons choisi de faire des séances de séparation de plus en plus longues, pour finir par une séparation définitive sans réintégration dans le groupe familial. </br>
"On ne fait pas la bonne diplomatie sans bons repas", écrivait Talleyrand qui, lors du Congrèsde Vienne en 1814, avait fait sa table l'une des plus renomées de la capitale autrichienne. En France, diplomatie rime avec gastronomie depuis le XVeme siècle. "A la table des diplomates", livre dirigé par Laurent Stefanini, nous raconte l'histoire de France à travers ses grands repas, de 1520 avec la rencontre entre François 1er et Henri VIII, jusqu'à la COP 21 en 2015. Derrière ces repas avec pléthore de plats, l'on découvre un spectable politique fort bien réglé qui indique l'ordre du monde. Il s'agit par l'abondance des mets d'impressionner les puissances étrangères. </br> </br> Napoléon a bien compris tout l'intérêt politique de ces festins d'apparat, hérités de l'Ancien régime. Tout comme les différentes Républiques, même si depuis la fin de la Première Guerre mondiale, avec une discipline qui de bilatérale devient multilatérale, la diplomatie française perd de son influence. </br> </br> Pour les auteurs (historiens et chefs étoilés), la force de la cuisine française est d'être une cuisine internationale, qui se nourrit des saveurs du monde entier et qui emprunte, adapte et assimile des savoirs-faire étrangers, ce qui la rend universelle. De Gaulle excellera dans cette diplomatie gastronomique, accueillant Churchill avec un supprême de turbot, Khrouchtchev avec un bar braisé au champagne, les kennedy avec de l'agneau de Pauillac à la Clamart, Adenauer autour d'un homard thermidor et de la selle de veau Orloff arrosée d'un château-lafite... Mitterand recevra Arafat autour d'un menu sans porc avec jus de fruits pour ceux qui nhe boivent pas de vin. Et puis Jacques Chirac fêtera en 2004 un siècle d'Entente cordiale avec Elisabeth II, accompagnés de foie gras et de vin du chateaud'Yquem. </br> </br> Ce voyage diplomatico- gastronomique se termine au Bourget, lorsque François Hollande reçoit 157 chefs d'Etat et de gouvernements pour la COP 21. Sept chefs vont concevoir un repasplus écolo, mais témoignant de la diversité des produits français : coquilles Saint-Jacques de Normandie, volailles du Nord, reblochon de Savoie et clémentines corses.
L'abbé Pierre est de retour, du moins dans les salles de cinéma "une vie de combats", un film de Frédéric Tellier. Si tout le monde connaît son combat pour le logement et contre la misère, bien peu savent son action contre la faim dans le monde. Ecarté - pour des raisons de santé ! - du mouvement Emmaüs, l'abbé Pierre va beaucoup voyager et multiplier les rencontres. Ainsi, le futur roi du Maroc, Hassan II, l'invite à visiter les banlieues misérables de Casablanca et à réfléchir comment stopper l'exode rural. De cette visite naîtra l'Iramm "Institut de recherche et d'action contre la misère du monde, qui travaillera avec de nombreux gouvernements autour de la question agricole et sera pionner dans les expériences d'animation rurale. </br> </br> Plus tard, Josué de Castro, un médecin brésilien, auteur du best-seller "Géographie de la faim" et ancien président de la FAO, et le père Lebret, un dominicain, sociologue et économiste, fondateur d'Economie et humanisme, l'abbé Pierre tente de créer une Fondation mondiale contre la misère et la faim, soutenue notamment par Albert Schweitzer. Si, pour diverses raisons, le projet ne se concrétisera pas, pour autant, l'abbé Pierre poursuit son action et consacre dans sa revue "Faim et soif" de nombreux éditoriaux à cette question, soulignant notamment que "la faim est le vrai problème du XXeme siècle". </br> </br> A l'époque, des polémiques naissent: René Dumont vient de publier "L'Afrique noire est mal partie", tandis que l'éditorialiste de "Paris Match", Raymond Cartier, considère qu'il vaut mieux aider la Corrèze plutôt que le Zambèze. Et l'ONU déclare en 1963 comme priorité la guerre au sous-développement. Cette même année, lors de l'assemblée générale extraordinaire de la FAO à Rome, l'abbé Pierre s'exprimant au nom de la délégation française, qui comprenait - songez du peu ! - François Mauriac, Jean Monnet, André Malraux, Pierre Mendès-France..., s'insurgeait contre l'<b>ingratitude vis-à-vis de ceux qui travaillent la terre </b> en ces termes : "Malheur aux peuples où quiconque sait lire et écrire, croit honteux de répandre sa sueur dans le labeur manuel rural ou ouvrier."
En 1913, André Siegfried, l'un des pères de la science politique, analysait, dans "Tableau politique de la France de l'Ouest", les comportements électoraux à travers une combinaison de facteurs, comme le poids de l'Eglise et de la noblesse, la structure de la propriété, l'habitat groupé ou dispersé, ou encore la nature des sols. </br> </br> Un siècle plus tard, le politique Jérôme Fourquet, dans son dernier livre, "La France d'après. Tableau politique", s'inspire de la démarche expérimentale d'André Siegfried, associant l'appartenance à un groupe social au milieu géographique, pour analyser nos comportements électoraux. Depuis, les mutations ont été considérables et les cartes politiques de Siegfried sont devenues obsolètes. Au granit qui produit du curé et au calcaire qui produit de l'instituteur, que constatait André Siegfried dans un canton vendéen, Jérôme Fourquet substitue : "La résidence secondaire produit du vote Macron et le pavillon périurbain du vote Le Pen ". </br> </br> L'on découvre dans "La France d'après" que les plus beaux villages de France votent Macron, et que plus on s'éloigne des zones touristiques, plus le vote Le Pen augmente. On note également que le parti anti animaliste séduit plus dans les zones de grandes cultures et les régions les plus anciennement déchristianisées que dans les régions d'élevage. Le vote pour le Pyrénéen Jean Lassalle croît avec le relief, et dans le Médoc - présence de grandes propriétés vinicoles -, on vote moins Macron qu'à Saint-Emilion, marqué par la prédominance de viticulteurs indépendants. </br> </br> Jérôme Fourquet montre aussi combien <b> La désindustrialisation de la France a bouleversé la hiérarchie </b>, les premiers de la classe sont devenus les derniers. Ainsi en 1963, seuls 4 % des habitants du Nord Pas-de-Calais-Picardie pensaient que leur région était en retard. En 2015, ils sont 76 % à l'estimer... C'est le sentiment d'un déclassement social, aggravé par un déclassement territorial avec la perte des services publics et du commerce de proximité, et la désertification médicale, considérée comme étant le principal marqueur du déclin des territoires.
Le cri d'alarme des restos du cœur aura au moins permis de médiatiser la situation des associations qui, depuis la Covid, sont confrontés à un afflux important de personnes en situation de précarité alimentaire alors que les dons (pour celles qui font appel à la générosité) ont plutôt tendance à stagner, Une situation sociale qui s'est amplement aggravée ces derniers mois avec l'inflation. Déjà l'an passé, le Secours populaire confirme la gravité de la situation, avec un Français sur cinq qui vit à découvert et un sur trois qui rencontre des difficultés pour se procurer une alimentation saine.</br> </br> Et encore, les aides alimentaires proposées, selon une étude oubliée la semaine dernière par le Credoc, ne concernent que la moitié des neufs millions de nos compatriotes en précarité alimentaire. Parmi les causes, l'étude met en avant la méconnaissance des dispositifs d'aide, mais surtout le sentiment de gêne, voire de honte, tant l'assistanat, considéré par certains politiques comme "cancer de la société", ou encore "le pognon de fou", ont généré un sentiment d'humiliation parmi les personnes en précarité. Ce refus de solliciter des aides n'est d'ailleurs pas nouveau. ATD Quart-Monde a, depuis des années, montré que plus d'un tiers des personnes pouvant bénéficier des aides sociales (comme le RSA) ne les réclame pas. C'est dire <b>la complexité des problématiques liées à la grande pauvreté</b>, et la difficulté d'accompagner des personnes en précarité pour les sortir d'un sentiment d'insécurité, voire parfois de survie. </br> </br> Depuis le milieu des années 1980, l'état a délégué l'action sociale aux associations. Une forme d'hybridation qui a plutôt fait ses preuves, mais la situation est telle aujourd'hui que l'état ne pourra pas se contenter d'un dispositif curatif, et devra s'attaquer aux causes de ce désastre social.
A la fin du siècle dernier, nombre d'experts nous annonçaient un XXIème siècle comme étant celui des services et de l'immatériel. Depuis, la crise économique de 2008, la Covid et la guerre en Ukraine ont montré <b>le rôle majeur des matières premières dans les relations internationales</b>. Dans "Géopolitique de l'agriculture", le directeur du Club Demeter, Sébastien Abis, et et l'universitaire Pierre Blanc, nous font découvrir les immenses enjeux géopolitiques. </br> </br> Ce constat n'est pas nouveau. Dès l'intervention de l'agriculture, la sécurité alimentaire s'est imposée au cœur des stratégies de puissance. Depuis, la plupart des conflits et révolutions traduisent la prégnante question foncière: de la révolution chinoise à l'opération Barbarossa menée en 1941 par le IIIème Reich en Ukraine pour conquérir des terres fertiles, après les familles staliniennes, en passant par le conflit israélo-palestinien. Un autre aspect lié à ces conflits fonciers est l'opposition récurrente entre pasteurs et agriculteurs, depuis l'épisode biblique de l'assassinat du berger Abel par son frère Caïn, agriculteur, jusqu'à la guerre du Rwanda, avec l'opposition entre éleveurs tutsis et agriculteurs hutus. </br> </br> Durant la guerre froide, l'on redécouvre le pouvoir vert avec la stratégie américaine de conditionner l'aide alimentaire à un jeu d'alliance diplomatique. A l'époque, les Etats-Unis sont hégémoniques. Ce qui n'est désormais plus le cas! Et Poutine a bien compris lui aussi l'importance des matières premières dans les enjeux politiques actuels en imposant la Russie, qui pèse aujourd'hui 20 % du marché mondial du blé, comme une puissance agricole de premier plan. </br> </br> Même évolution pour le Brésil ou, dans un autre registre, la Chine, qui tente de pallier sa géographie hostile en devenant un acteur essentiel du marché mondial à travers les routes de la soie… </br> </br> Dans un monde désormais multipolaire et instable, la géopolitique agricole s'inscrit de plus en plus au cœur des problématiques de puissance.
Evènement majeur du territoire du dernier week-end de juillet, la dix-septième édition de la féria de Marboz va mettre dans la rue, des bandas, mais aussi des abrivados et leurs taureaux et chevaux. Avec une opposition grandissante, au nom du bien être animal, né de la demande de l'abolition de la corrida et la mise à mort des taureaux, et qui progresse peu à peu vers d'autres demandes d'interdictions, comme les courses camarguaises et les abrivados. </br> </br> Comment définissons nous le bien être animal ?! A moins de faire du mimétisme, pourquoi ne pas remettre en cause toutes les activités que nous proposons à nos animaux de compagnie. Nous sommes nous demandé ce que ressentait un cheval dans son box ou un chien tenu en laisse ?! Dans l'absolu, ne devrions nous pas limiter notre collaboration à ce que les chevaux et les taureaux nous suggèrent dans leur milieu naturel ?! </br> </br> Pourquoi ce que les abolitionnistes qualifient de "traditions" ont-elles vu le jour, se sont développées et nous survivent ?! A moins de considérer la vie seulement comme une succession de loisirs que l'on peut consommer au gré de nos envies, ne devons nous pas conserver les espaces de rêve où chacun à l'opportunité de donner du sens à sa vie en exerçant une des activités de la grande histoire du cheval et du taureau ?! </br> </br> Est ce que notre regard sur l'animal doit se limiter à faire parler nos émotions, et devons nous nous cantonner à être des consommateurs de loisirs ?! la réponse que nous apporterons soulagera nos sensibilités où répondra aux vides grandissants dans nos existences. Toute la différence entre considérer que nous sommes cernés de traditions ou nourris de cultures.
Et si la pensée des physiocrates, qui ont inventé l'économie politique au XVIIIème siècles, nous aidait à <b> élaborer une politique écologique libérale </b> ? C'est l'idée surprenante que défend l'économiste libéral Jean-Marc Daniel, dans son livre "Redécouvrir les physiocrates". </br> </br> Après tout, la physiocratie, qui signifie littéralement gouvernement de la nature, avait intégré dans ses réflexions la contrainte dev la nature, en considérant qu'il existe un ordre naturel, et celle de l'énergie, en mettant en avant les effets bénéfiques de la valeur soleil, du soleil d'hivers sous la forme du charbon au soleil de demain sous la forme de l'agriculture. A l'époque, les physiocrates défendaient l'idée que la terre l'unique source de richesses, que l'agriculture était la seule activité permettent de multiplier ces richesses et que les paysans étaient la seule classe productive. Partisans de la concurrence et défenseurs de la propriété, ils prônaient la libération du prix du grain. Turgot, contrôleur général des finances, avait instauré certaines de ces mesures qui avaient débouché sur la guerre des farines. </br> </br> S'appuyant sur les idées physiocratiques remises à jour, et pourfendant les thèses des pagano-gauchistes, Jean-Marc Daniel entend ne pas ignorer les problèmes environnementaux, mais lutte contre leur utilisation pour justifier un renforcement de l'Etat, et défend une économie libérée, concurrentielle et désendettée, pour sortir des ornières du keynésianisme et du recours systématique à l'Etat. Pourtant, parmi les solutions qu'il préconise, il défend l'idée d'une taxe carbone, dont on a vu les limites (la révolte des gilets jaunes), et prône le versement des subventions aux agriculteurs pour rémunérer les actions positives dans la préservation de l'environnement, ce que fait d'ailleurs l'Union européenne. Comme quoi les plus libéraux de nos économistes n'hésitent pas parfois à recourir à des mesures étatiques...
Parmi la cinquantaine de commémorations officielles prévues en 2023, notons, entre le millénaire du Mont Saint-Michel et le 400eme anniversaire de la naissance de Pascal, le bicentenaire de la parution de ce classique de la littérature agronomique : "La chimie appliquée à l'agriculture", de Jean Antoine Chaptal (1756-1832). </br> </br> Médecin, chimiste, homme politique (il sera ministre de l'Intérieur sous Napoléon Bonaparte), agriculteur et industriel, Chaptal avait donné son nom à ce procédé qui permet d'augmenter la teneur en alcool des vins par le sucrage, la chaptalisation. Mais à l'époque, la chimie n'en est qu'à ses balbutiements. Bon nombre d'agronomes ne croient qu'en la théorie de l'humus. Et Chaptal s'inquiète de cette agriculture routinière : "Dans cet état de misère et d'avilissement, écrit-il, l'agriculteur suivait aveuglément la routine qui lui était tracée. Sans émulation, sans lumières et presque sans intérêt, la pensée d'améliorer ses cultures ne se présentait pas à son esprit." </br> </br> Si bien que la chimie agricole ne prendra vraiment son essor qu'à partir de 1840, lorsque le chimiste allemand Justin Liebig définira les lois de la fertilisation. Mais longtemps, l'on se contentera d'importer du guano (fientes des oiseaux marins) du Pérou. Ce n'est qu'après la guerre de 1870 que se créent en France les premières usines de phosphates et de scories, dont le développement ne se fera qu'entre les deux guerres, avec la découverte de gisements de phosphates en Afrique et la création des superphosphates, puis l'ouverture des mines de potasses d'Alsace. Par la suite, l'agriculture connaîtra un développement considérable. </br> </br> Aujourd'hui, le contexte a changé, le défi énergétique et la transition environnementale obligent à se détacher, au moins partiellement de la chimie, avec une agronomie qui renoue avec ses fondamentaux, au point qu'un Chaptal contemporain pourrait écrire l'agriculture appliquée à la chimie verte...
La grande Halle de la Villette, à Paris, accueille actuellement 182 trésors de Ramsès II, le plus célèbre pharaon d'Égypte qui règnera pendant soixante-six ans, de 1279 à 1213 avant notre ère. Pharaon bâtisseur, on lui doit le temple d'Abou Simbel. Il a été aussi à l'origine de <b>la construction d'impressionnants canaux</b>, en un temps où l'agriculture était le fondement de l'économie égyptienne, grâce à la crue annuelle du Nil qui déposait sur ces terres arides de riches alluvions. "L'Egypte est un don du Nil", écrira Hérodote, et la crue annuelle découpera l'année en trois saisons, avec l'inondation de mi-juillet à mi-novembre, puis la germination jusqu'à mi-avril et enfin la saison des récoltes. </br> </br> Dès le deuxième millénaire avant notre ère, des travaux hydrauliques vont être mis en place, avec des techniques venant des Sumériens : canaux d'irrigation, fosses de drainage. Déjà à l'époque de Ramsès II, les scribes (fonctionnaires) veillaient à ce que l'eau ne soit pas gaspillée et s'assuraient que les canaux soient bien entretenus. Ce qui permettra de produire en abondance durant l'Égypte antique : le blé et l'orge pour la fabrication du pain et de la bière (Ramsès II est aussi appelé le pharaon brasseur !), le pois chiche, la lentille, la laitue, l'oignon, le sésame, le papyrus, le lin et le pavot à opium... Pendant des millénaires, l'agriculture demeurera le fondement de l'économie égyptienne. Après son annexion par Rome, l'Egypte sera l'un des greniers à blé de l'Empire Romain. </br> </br> Aujourd'hui, l'agriculture de ce pays de 104 millions d'habitants, qui emploie 30% de la population active, est confrontée à de nombreux défis, dont sa dépendance aux importations agroalimentaires mais, surtout, le défi de l'eau, lié au contexte géopolitique du Nil. 95% des cultures sont irriguées et les terres cultivables sont concentrées sur 4% du territoire.
Pour la première fois cette année, nous avons testé, à Groboz, l'absence de séparation des juments et de leurs poulains. </br> </br> Cela veut dire que la jument vit avec son poulain qui vient de naître et avec son poulain de l'année précédente. </br> </br> C'est vrai que nous parvenons finalement à toujours obtenir ce que l'on veut d'un cheval... alors, me direz vous, pourquoi remettre en cause notre confort et nos habitudes d'élevage ?! </br> </br> Et si de nouvelles méthodes d'élevages permettaient au cheval d'acquérir davantage d'autonomie ?! grâce à des codes qu'il aurait lui-même eu le loisir d'explorer naturellement en groupe. </br> </br> Cela ne nous procurerait il pas un plus grand potentiel de complicité dans nos activités partagées avec le cheval ?! </br> </br> Nafissa est née le 24 février, le lendemain Pier, son père, a chassé violemment du groupe Majda, sa soeur de l'année précédente. </br> </br> Pendant une journée entière, avec courage Madja a tenu tête à son père pour rester au sein du groupe. Plusieurs fois j'ai failli moi-même céder au désir de mettre en sécurité Madja dans un autre groupe de chevaux. </br> </br> Vendredi dernier, j'ai assisté à une scène cocasse. Alors que le groupe, changeait de prairie, Nafissa âgée de deux semaines, n'a pu franchir un fossé. </br> </br> Badhia sa mère est restée auprès d'elle de l'autre coté du fossé, mais aussi Majda sa sœur de l'année précédente. </br> </br> Plus troublant encore, fût le moment où Majda décida de prendre l'autre chemin, plus long, mais avec un pont sur le fossé... au petit trop, avec sa sœur et sa mère qui lui ont emboité le pas...
Nous avons évoqué le mois dernier dans cette colonne, le sevrage et la pratique que l’on en fait dans la plupart des élevages de chevaux. Avec généralement un sevrage brutal, c’est-à-dire une séparation totale de la jument et de son poulain. Sans doute pour des raisons pratiques, en accordant peu de cas aux troubles que cela risque d’occasionner pour le poulain dans sa vie future. </br> </br> A Groboz, cette année, nous avons franchi une étape supplémentaire vers cet idéal de cheval qui conserve les codes qu’il a acquis au cours de plusieurs millénaires… Nous avons privé les poulains uniquement de la tétée, d’abord une heure, puis deux, puis une demi-journée ? Pour finir par les séparer durant une semaine, soit la durée pour que la jument se tarisse naturellement de son lait… </br> </br> Qu’avons-nous constaté ? aucun stress, aucun appel, juste des échanges de regards furtifs… Cette façon de faire aura-t-elle des conséquences sur l’avenir du cheval ? en tous cas, nos choix d’élevage ne méritent-ils pas que l’on se pose la question ?
Au sein des élevages, le sevrage des poulains a généralement lieu vers l’âge de 5 à 7 mois, soit beaucoup plus tôt que dans la nature. Une étude récente a démontré que plusieurs mois après cette séparation artificielle, les poulains restent particulièrement attachés à leur mère et qu’il serait donc judicieux de repenser les pratiques de sevrage. Explications : </br> </br> Alimentation, nourriture, hébergement,… Les conditions de vie des chevaux à l’état domestique diffèrent beaucoup de celles dans la nature. Il en va de même pour le sevrage des poulains : dans les élevages, ceux-ci sont généralement séparés de leur mère entre 5 et 7 mois, alors que dans la nature ils tètent jusqu’à 9 mois et conservent un lien avec leur maman jusqu’à l’âge de 1,5 ou 2,5 ans. Ce décalage important a interpellé un groupe de chercheurs français et les a amenés à se poser plusieurs questions : </br> </br> Les poulains reconnaissent-ils encore leur mère parmi d’autres juments familières plusieurs mois après le sevrage ? </br> </br> La préférence pour la mère est-elle plus marquée chez les poulains ou les pouliches ? </br> </br> Pour répondre à ces interrogations, les chercheurs ont eu recours à une expérimentation impliquant 15 pouliches et 19 poulains sevrés à l’âge de 7 mois. Ces jeunes chevaux n’ont ensuite plus eu l’occasion d’interagir visuellement ou vocalement avec leurs mères durant 5 mois. Après cette période, soit à l’âge de 1 an, les poulains et pouliches ont été mis au paddock en présence de deux chevaux connus : leur mère et une autre poulinière faisant partie du groupe dans lequel ils ont grandi. Concrètement, ces juments étaient placées dans des enclos contigus mais bien distincts et étaient attachées de sorte à toujours faire face aux poulains. Ceux-ci pouvaient par contre se déplacer librement et entrer en contact avec la ou les juments de leur choix au travers des barrières. </br> </br> Le test a duré 3 minutes et les poulains étaient observés par des caméras. Les chercheurs ont notamment étudié quelle jument était approchée en premier, quels étaient les regards et interactions (reniflement, vocalisations,…) ou encore combien de temps les poulains restaient dans les « zones de contact », soit à moins de 3 mètres de chacune des juments. Ils ont remarqué très peu de comportements vocaux de la part des mères comme des poulains, par contre ces tests ont permis plusieurs observations intéressantes : </br> </br> Trois quarts des poulains (mâles et femelles) se sont dirigés en premier vers leur mère. </br> </br> Les jeunes chevaux reniflaient leur mère plus longtemps que l’autre jument et avaient tendance à la regarder plus souvent. </br> </br> Par rapport aux poulains, les pouliches ont passé plus de temps à proximité des deux juments et avaient davantage d’interactions avec elles (regards plus fréquents, reniflements plus longs). </br> </br> Un lien mère-poulain qui perdure </br> </br> Comme l’expliquent les chercheurs, les résultats de ce test confirment que non seulement les poulains sevrés « artificiellement » se souviennent de leur mère 5 mois après la séparation, mais en plus ils préfèrent celle-ci à une autre jument connue. « Cela montre que les chevaux ont des souvenirs à long terme de leurs congénères et suggère que, malgré la séparation, le lien jument-poulain reste fort, en particulier chez les pouliches », soulignent les scientifiques. L’attachement plus marqué des pouliches à leur mère mais aussi aux juments familières confirme d’autres études. Il pourrait s’expliquer par le fait qu’après la saison de reproduction, les juments sauvages ont tendance à continuer leur vie avec les femelles de leur groupe alors que les jeunes étalons se rassemblent en troupeau de même sexe et ont donc moins d’intérêt à rester près de leur mère. </br> </br> Poulains ou pouliches restent cependant attachés à leur mère jusqu’à un certain âge, même en cas de sevrage « naturel », c’est-à-dire non provoqué par l’homme. Des études ont en effet démontré que le lien jument-poulain pouvait même perdurer après la naissance d’un frère ou d’une sœur. « Le fait que les poulains manifestent encore une préférence pour leur mère, même après plusieurs mois de séparation, remet en cause la pratique du sevrage artificiel, généralement réalisé à l’âge de 5-7 mois et réputé stressant », selon les scientifiques. </br> </br> Laisser vivre les poulains avec des congénères de même sexe et de même âge ne serait en effet pas suffisant, les jeunes chevaux ayant aussi besoin du soutien social de leur mère et des autres adultes de leur groupe familier. </br> </br> Changer complètement les pratiques de sevrage ? </br> </br> Cette expérimentation française n’est évidemment pas la seule à remettre en cause le sevrage à l’âge de 5-7 mois, qui a surtout été instauré dans les élevages pour des raisons pratiques et économiques : manipulation et vente plus rapide du poulain, remise au travail de la jument et gestion plus facile de son état, etc. En contrepartie de ces avantages, la séparation brutale de sa mère est généralement un moment très stressant pour le poulain, qui peut engendrer une perte d’état physique ou encore l’apparition de tics. </br> </br> Pour atténuer ces effets négatifs, à Groboz, nous optons pour des méthodes douces, comme par exemple la séparation progressive de la mère durant quelques minutes à quelques heures par jour, et ce jusqu’au sevrage « définitif ». D’autres techniques vont être testées à l'avenir comme enlever une par une les mères au sein du troupeau, ou encore à séparer les mères des poulains à l’aide d’une clôture pour ne pas interrompre trop brusquement les possibilités de contacts entre eux. La méthode la moins stressante reste cependant celle du sevrage spontané, c’est-à-dire sans intervention de l’homme. </br> </br> Retrouvez ici l’ensemble de l’étude réalisée par Léa Lansade, Frédéric Lévy, Céline Parias, Fabrice Reigner et Aleksandra Górecka-Bruzda : </br> </br> https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1751731122001938?via%3Dihub#b0075
Régulièrement, des propositions de loi visant la suppression de la corrida surgissent. Cette fois-ci, c'est le député de La France Insoumise Aymeric Caron qui voulait supprimer la corrida sur tout le territoire national, sans exception. Or l'article 521-1 du code pénal qui punit déjà la maltraitance animal, précise que ces dispositions ne sont pas applicables aux courses de taureaux "lorsqu'une tradition locale ininterrompue peut-être invoquée". Cette exception bénéficie à 56 territoires situés en Provence-Alpes-Côte d'Azur, Occitanie et Nouvelle Aquitaine. Un millier de taureaux serait mis à mort au cours de 100 à 200 corridas, des chiffres en baisse. </br> </br> Aux yeux de ses opposants, la corrida est une "barbarie", une "torture", un "plaisir immoral" où l'animal est "massacré". Ils soulignent que plusieurs pays d'Amérique latine mais aussi quelques régions européennes y ont renoncé. Et remarquent que près de huit Français sur dix y seraient opposés. </br> </br> De leur coté, les défenseurs de la corrida parlent d'un "art", de "culture populaire". Ils rappellent les milliers d'hectares de terres sanctuarisées", grâce à l'élevage extensif de ces taureaux sauvages qui vivent au moins quatre ans de totale liberté. Cette interdiction de la corrida nierait l'identité des territoires dont on effacerait la diversité. Ces arguments plus complexes peinent néanmoins à être entendus dans un monde de plus en plus binaire, partagé entre un arbitraire "pour" ou "contre". </br> </br> Alors art ou barbarie ? Finalement, le débat parlementaire n'a pas eu lieu, englouti par le flot d'amendements hostiles déposés par les députés de presque tous les bords politiques. En région, la présidente socialiste de l'Occitanie suggérait "de laisser le chois d'y aller ou pas". Un argument difficiles à entendre pour le médiatique député antispéciste qui a promis de poursuivre sa croisade. Après la corrida, quel élevage ou pratique seront visés par l'interdit du jour ?
Dans le flot des mauvaises nouvelles dont les médias nous abreuvent, il est parfois des éclairs d'espérance qui nous regonflent le moral. </br> </br> C'était le cas, la semaine passée, au cours de la matinale de France Inter, avec l'interview du professeur Didier Pittet, épidémiologiste à l'hôpital de Genève, qui venait de recevoir la Légion d'honneur. Avec son collègue William Griffith, lui aussi Suisse, il a créé en 1995 le gel hydroalcoolique. </br> </br> Partant du constat qu'à l'époque, un soignant en service de réanimation devait se laver les mains vingt-deux fois par heure, y consacrant à chaque fois une minute et demie (soit au total une demi-heure), ces deux découvreurs inventèrent une solution à la fois efficace et protectrice des mains. </br> </br> Après le succès de l'expérimentation à l'hôpital de Genève, son utilisation se généralisera , d'autant qu'ils cédèrent cette découverte à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), empêchant sa privatisation et rendant cette innovation, qui plus est peu onéreuse, totalement libre d'accès dans le monde. Avec la Covid, ils auraient pu devenir milliardaires... </br> </br> Une forme d'altruisme qui montre combien la santé devrait devenir un commun et échapper ainsi à la marchandisation. C'est en partie la thèse de Gaël Giraud, docteur en mathématiques, économiste et piètre jésuite, entendu la veille au cours d'une conférence organisée par "L'Obs". </br> </br> Dans son livre, Edité par le Seuil, "Composer un monde en commun. Une théologie politique de l'anthropocène" (que j'ai à peine commencé à lire, il fait 816 pages !), l'auteur imagine des institutions internationales capables de prendre soin de nos communs globaux (comme la santé, le climat, la biodiversité...) pour relever les défis monumentaux qui s'offrent à nous aujourd'hui. </br> </br> Gaël Giraud propose une gestion des communs dans une approche spiritualiste, contrecarrant les excès de la privatisation ou de l'étatisme. Mais pas besoin d'être croyant pour partager ou au moins s'intéresser à ce point de vue, qui a le mérite d'offrir une nouvelle grille de lecture face à la crise de la modernité occidentale.
Si écrire, c'est laisser une trace qui signifie quelque chose, alors l'écriture n'est pas l'apanage des seuls humains, pensait le philosophe Michel Serres. Vinviane Despret, philosophe des sciences et psychologue, proche du penseur Bruno Latour, récemment disparu, et passionnée d'éthologie (la science du comportement des animaux) le croit aussi. Dans de nombreux ouvrages, de <b>Hans, le cheval qui savait compter</b> à <b>Autobiographie d'un poulpe</b>, elle nous offre un autre regard sur la gente animale, loin des clichés sur leur supposée agressivité naturelle.</br> </br>Dans <b>Et si les animaux écrivaient ?</b>, texte d'une conférence(publiée par Bayard, dans sa collection <b>Les petites conférences</b>), elle nous décrit ces abeilles qui, par la danse, indiquent à leurs compagnes où trouver de la nourriture, ces rats qui, en se frottant sur les parois, cartographient et mémorisent leurs parcours, ces chiens qui déposent au pied des arbres et des réverbères des sortes de Post-it odorants qui donnent beaucoup d'informations, ces oiseaux qui chantent et dansent sur leur territoire comme pour délimiter de manière artistique, ou ces mammifères qui, tout en se cachant de peur de prédateurs, laissent des traces (branches arrachées, empreintes de pattes, choses déplacées...) pour dire : "Vous ne voyez pas, mais je suis là."Cela raconte quantité de choses, des humeurs, des passions, des signatures, mais aussi peut-être des histoires", reconnaît Vinciane Despret que nous, humains illettrés en écriture animale, ne savons pas décrypter.</br> </br>Depuis Konrad Lorenz et ses oies sauvages, le rapport à l'animal a bien changé et, pourtant, comme le note le Fonds mondial pour la nature - WWF la semaine passée, le déclin de la faune se poursuit au rythme d'un pour cent par an. Depuis 1970, oiseaux, amphibiens, reptiles, mammifères... ont perdu 69% de leur population dans le monde. Il y a soixante ans, presque jour pour jour, la biologiste marine américaine, Rachel Carlson, fille de paysans de Pennsylvanie, publiait <b>Le Printemps silencieux</b>, dénonçant la disparition de la faune animale.
Fol été de par ses excès climatiques et son lot d'images apocalyptiques, qui font penser à ce remarquable documentaire, que propose Arte sur son site internet, <b> De la poussière et des hommes </b>. Celui-ci relate, avec de saisissants clichés et d'émouvants témoignages, le fameux Dust Bowl qui, durant les années 1930, en même temps que la Grande Répression (économique), allait dévaster l'agriculture des grandes plaines du sud des États Unis. A partir de 1880, ces prairies, jusque-là occupées par les bisons et les indiens, vont attirer de nombreux colons, qui vont les transformer en terres à blé, avec la perspective de revenus consistants. D'autant que, pendant plusieurs années, cette région aride, sans arbres, sans lacs et sans fleuves, sera arrosée plus qu'à l'accoutumée. </br> </br> Mais, en 1931, les vents desséchants se font de plus en plus violents, et les tempêtes de poussière de plus en plus nombreuses, emportant la terre fertile, recouvrant tout sur leur passage, jusqu'à transformer ces terres en paysage lunaire. Au total, ce sont quelque 350 millions de tonnes de terre arables qui seraient parties en poussière tout au long des ces dix années d'horreur et de misère. Malgré un revenu quasi inexistant, ces agriculteurs s'accrochent, ne se doutant pas que le pire est devant eux. D'autres,comme les métayers qui ont tout perdu, se résignent, migrent vers le rêve californien où on les considère comme des indigents. John Steinbeck en fera un best-seller, <b> Les raisins de la colère </b> , porté à l'écran par John Ford. La politique sociale et de conservation des sols du New Deal, initiée par Franklin Roosvelt, permettra d'améliorer la situation. </br> </br> Mais, depuis, les farmers qui n'attendent plus rien du ciel, s'intéressent à l'eau en sou-sol et puisent dans la réserve aquifère millénaire de l'Ogallala, qui pourrait se tarir d'ici à deux décennies, oubliant ainsi les leçons du passé et notamment ce constat qu'une savane peut se transformer en désert. A méditer pour le temps présent, qui voit se juxtaposer crises climatiques, énergétique et géopolitique !
Le 30 avril, salle Gaveau à Paris, l'ambiance de la cérémonie de remise des diplômes de la dernière promotion d'AgroParisTech était plutôt policée. Jusqu'à ce que huit étudiants appellent à déserter la voie professionnelle qui leur est tracée, dénonçant de façon caricaturale une formation "qui pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours" et une agro-industrie qui "mène une guerre au vivant et à la paysannerie partout sur terre". </br> </br> Au moins peut-on reconnaître que cette formation sait cultiver l'esprit critique de ses étudiants ! Et ce n'est pas nouveau. Après tout, l'un de ses plus célèbres professeurs, René Dumont, a été le premier candidat écologiste à une élection présidentielle. Et puis l'on doit trouver kyrielle d'anciens "Agros" dans divers mouvements contestataires. Mais au-delà de ce qui ressemble à un caprice d'enfants gâtés, peut-être faut-il voir le signe d'une génération inquiète ? Récemment des étudiants de Polytechnique se sont mobilisés contre l'implantation d'un centre de recherches de Total-Energies sur le campus de l'école. </br> </br> Cet épisode rappelle une autre cérémonie à l'Agro Paris-Grignon. C'était il y a plus de vingt ans. Le parrain de la promotion était le biologiste Axel Kahn. Il devait commenter quelques parcours de réussite et avait dit sa surprise devant les choix professionnels essentiellement orientés autour du marketing (le reflet d'une époque !) et si éloigné de ce qu'il imaginait. "je croyais encore à une notion ancienne selon laquelle, l'une des beautés du métier qu'ils embrassaient était de nourrir le monde. Or aucune des réussites qui m'avaient été présentées ce jour-là n'impliquait un engagement dans cette voie-là." </br> </br> Il avait expliqué : "Vous êtes parmi les jeunes les mieux éduqués du pays. Vous aurez non seulement la faculté de diriger votre propre vie mais aussi , de par votre position hiérarchique, d'influer sur l'avenir du monde. Que voulez-vous faire de vos pouvoirs, de votre vie ? En d'autres termes, quel est votre but dans l'existence ?" Chaque époque (et surtout chaque individu) a sa réponse...
Il y a trente ans, le 20 mai 1992, naissait El Féres de Groboz... Le premier poulain de l'élevage de Groboz... Cet anniversaire de l'élevage, est l'occasion de faire un retour sur ces trente ans d'élevage et peut être d'entrevoir les perspectives pour les trente prochaines années... </br> </br> Edmond Rovidati venait d'acheter ce qui allait devenir la ferme auberge... mais surtout il avait déjà succombé à ce cheval Barbe et s'activait avec quelques autres à constituer le studbook et ce qui allait devenir l'AFCB... </br> </br> A notre arrivée à Groboz, en 2003, nous sommes tombés amoureux du cheval, de l'élévage où tout le monde vivait dans le même pré... Il y avait aussi Ghafel... et notre idéal de cheval ce trouvait sous nos yeux... </br> </br> Nous avons impulsé à ce qui existait déjà, la forme de l'écosystème, en convertissant les prairies à l'agriculture biologique... Nous avons sans doute développer la collaboration avec à ce cheval nature... </br> </br> En 2015, à El Jadida, c'est la troisième place aux championnats du monde du cheval Barbe avec Baligh de Groboz qui viendra couronner notre philosophie d'élevage... </br> </br> Quels sont les autres défis qui s'ouvrent à nous pour les trente prochaines années ?! en premier, je serais tenté de répondre le nombre insuffisant de naissance de chevaux Barbes... </br> </br> Faut-il augmenter le nombre de juments ou créer un deuxième harem ?! faut-il coopérer avec d'autres élevages ?! sous quelle forme ?! </br> </br> Ce sont les questions auxquelles il appartient de répondre dans un contexte où les enjeux sociétaux vont s'appuyer plus largement sur une agriculture en mutation...
A Groboz, nous élevons les chevaux en respectant scrupuleusement leurs codes qu'ils possèdent et développent naturellement depuis plusieurs millénaires... et nous avons la conviction que cette évolution n'est pas près de s'arrêter... d'autant plus, que nous aurons eu la sagesse de protéger la rusticité dans notre façon de les élever... </br> </br> il n'est pas question de fustiger d'autres élevages plus interventionnistes... tout au plus, espérer que notre modèle incite d'autres élevages à nous suivre dans cette voix... nous ne devons pas oublier que nous ne maîtrisons pas l'existence des chevaux à l'état sauvage... </br> </br> Sur la centaine de poulains qui sont nés en trente ans à Groboz, nous n'avions jamais été confronté au handicap... Majda, la pouliche de Badhia, est atteinte d'une déviation angulaire de type valgus... comme pour un enfant pour des parents, ce sont les pires moments à vivre pour un éleveur... </br> </br> Dans cette situation, vous trouvez aisément des traitements dont une opération chirurgicale... bien sûr, ça commence par une première étape, qui consiste à isoler le poulain et donc sa mère dans un box... bien sûr, ça suggère sans le nommer, de rompre l'équilibre du groupe familial... </br> </br> La tentation est grande... et reviendrait à terme à condamner la philosophie d'élevage de Groboz... alors, nous reprenons notre travail, là où nous avons décidé et savons l'exercer... </br> </br> Nous observons Madja dans sa vie dans le groupe familial... aucune souffrance... aucune exclusion de la part de sa mère, son père et des autres juments... aucun retard dans les déplacements au galop du groupe... Madja est la première à demander le jeu avec Mahera... </br> </br> Nous tracerons son évolution et renseigneront le registre d'élevage de Groboz... ce qui permettra de comprendre si cette malformation congénitale est héréditaire... Nous en ferons profiter les autres élevages via l'IFCE dont l'un des rôles est de centraliser l'ensemble des registres d'élevage de tous les élevages de chevaux français... </br> </br> Madja ne fera pas de poulains... elle ne sera pas montée... elle ne sera pas utile à nos loisirs et plus utile pour son espèce qu'aucun de ses congénères... qui est pour qui se donne la chance d'observer, leur seule raison d'être...
Sans doute la pandémie nous a-t-elle préparé à ce monde d'après si incertain, angoissant et beaucoup plus dangereux. Avec cette guerre en Ukriane, le cynisme brutal d'un dictateur. Il faut lire "La Russie selon Poutine" le livre d'Anna Politkovskaïa, journaliste assassinée à Moscou en 2006, pour mesurer le caractère mafieux et l'inhumanité depuis deux décennies de ce régime qui avait pourtant séduit une partie de la classe politique française et européenne. Le tragique de l'histoire est de retour, avec ce sentiment d'impuissance de l'Occident face à la deuxième puissance nucléaire et au risque d'une troisième guerre mondiale. </br> </br> L'histoire semble se réécrire au moment où les réfugiers Ukrainiens, nous rappellent les images de la seconde guerre mondiale. Que ce soit du coté de maman ou de papa, les deux familles avaient alors, recueillis deux familles de réfugiers, l'une en champagne et l'autre en Franche comté. Groboz recevra donc, si nécessaire, une famille de réfugiers Ukrainiens. Une famille dont le père est resté pour se battre et dont le moins que l'on puisse faire est de mettre en sécurité ses enfants...
Les campagnes électorales ont au moins ce mérite de mettre en valeur des territoire échappant, hors contexte électorale au regard des médias. Le magasine Le Monde a récemment publié un reportage sur les Mauges (Maine-et-Loire), terre de bocage situé entre Nantes et Cholet, mais aussi terre d'égalité, dans un monde d'inégalités croissantes, sans riches ni pauvres, sans chômeurs ni cadres, sans RSA ni ISF, où l'on attend peu de l'Etat, où fonctionnent encore les réseaux familiaux de solidarité, où le dialogue social est certes, teinté de paternalisme mais avec un fort consensus sur la valeur travail, et où le vote populiste est marginal. Une situation qui résulte d'une histoire ancienne, en l'occurrence pour les Mauges par les guerres de Vendée. </br> </br> Dans le même journal, le démographe Hervé Le Bras, auteur du livre "Le grand enfumage - Populisme et immigration dans sept pays européens", expliquait le vote populiste par les découpages géographiques anciens et, notamment pour la France, par cette opposition, qui remonte au haut Moyen Age, entre terres de bocage (à l'ouest et au sud-ouest), engageant plus tardivement la modernisation de l'agriculture, et champs ouvert (nord-est et zone méditerranéenne) avec une population plus concentrée dans les bourgs et les villes. L'auteur corrèle l'important vote populiste dans les campagnes de champs ouvert à une forme de disqualification sociale.
En 2022, nous commémorerons le 500eme anniversaire de la naissance de Joaquim du Bellay, le 400eme de Molière, le 200eme de Louis Pasteur, le 150eme de Louis Blériot, d'Edouard Herriot et de Léon Blum... </br> </br> Proust est mort en 1922, comme Jules Romain et Théophile Gautier, tandis que naissaient cette même année Raymond Devos, Ava Gartner, Gérard Philippe, Boutros Boutros-Ghali, Alain Resnais et Serge Reggiani... </br> </br> Ce 1er janvier, on a soufflé les vingt bougies de l'euro, et on fêtera tout au long des mois, le bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes égyptiens par Champollion et les 150 ans de Sciences Po, mais aussi les 50 ans des premiers essais du TGV et du premier vol d'un avion Airbus, l'A300. </br> </br> Parmi les rares certitudes pour 2022 : le scrutin présidentiel en France, les jeux Olympiques d'hivers en Chine et la coupe du monde de football au Qatar. A moins que cette satanée Covid et ses espiègles variants nous plongent un peu plus dans le flou des incertitudes et cet inconfort psychique qui met en cause cette idée (ou cette illusion!) que l'on a la main sur son destin. </br> </br> Ne nous reste que l'espoir de se dire qu'on y verra plus clair en mai, en septembre (ou à le saint glinglin !), comme on l'a espéré au cours de ces deux dernières années, et ce recours à notre à notre mémoire collective comme pour pallier le flou du futur. Même si Alexis de Tocqueville constatait en 1835, dans "De la démocratie en Amérique" : "je remonte de siècle en siècle jusqu'à l'Antiquité la plus reculée : je n'aperçois rien qui ressemble à ce qui est sous nos yeux. Le passé n'éclairant plus l'avenir, l'esprit marche dans les ténèbres." </br> </br> Les ténèbres justement... Le film d'anticipation apocalyptique, sur fond d'effondrement des ressources naturelles et de surpopulation. "Soleil vert", sorti en salle en 1973, imaginait la situation en 2022. Pas de quoi nous remonter le moral ! Bonne année, tout de même, et plein de belles surprises pour 2022...
Pierre Rabhi était le symbole de notre époque si pleine de contradictions. « J’ai grandi dans le chaudron de la contradiction, constamment tiraillé entre islam et christianisme, entre tradition et modernité, et entre Nord et Sud », raconte Pierre Rabhi, dans Graines de vies. Né dans l’oasis de Kenadsa dans le Sud algérien, il est confié à un couple de Français après le décès de sa mère. Au moment de la guerre d’Algérie, il débarque en France et travaille comme ouvrier spécialisé. Première déconvenue. Il pense trouver dans cette usine et dans ce pays qui a inventé les Droits de l’Homme et du Citoyen, un lieu d’émancipation. « Quand j’ai vu que ce microcosme trahissait tout ce qu’on m’avait enseigné, ça a été le début de ma toute première insurrection. » </br> </br> Il dévore alors quantité de livres pour mieux comprendre ce monde dans lequel il vit, et tenter de rompre avec cet environnement aliénant. En 1960, il quitte Paris et s’installe dans l’Ardèche, se forme dans une maison familiale rurale et devient ouvrier agricole. « L’agriculture, écrit-il, nous paraissait être l’activité la mieux à même de mettre en cohérence nos idées avec notre mode de vie, et de réaliser cette utopie. » Nouvelle désillusion : il travaille dans une exploitation arboricole et passe ses journées à pulvériser les arbres fruitiers de substances chimiques. Il envisage de quitter l’agriculture quand il découvre le livre, La Fécondité de la terre d’Ehrenfried Pfeiffer, l’un des précurseurs de la biodynamie en agriculture. Il choisit alors de rester dans le métier mais de le pratiquer différemment. </br> </br> Il reprend une terre aride et caillouteuse d’une vingtaine d’hectares autour d’une maison qui menace de s’écrouler. Pendant treize ans, avec sa femme et ses cinq enfants, alors que la banque lui a refusé un prêt de 15 000 francs, il vivra sans électricité, sans téléphone, avec très peu d’eau. Ce déraciné fait néanmoins de ce hameau de Montchamp le lieu de son enracinement. C’est sur cette terre difficile qu’il découvre l’écologie. « L’écologie est arrivée comme ça. En soignant et en respectant un petit morceau de terre pour faire vivre ma famille, j’avais l’impression d’être relié à la terre entière et à tous mes semblables sur cette terre. » Il devient un expert de l’agro-écologie, mondialement reconnu, écrit de nombreux livres, est sollicité de partout, du Maroc au Bénin, de l’Ukraine à la Mauritanie. Juste avant d’être assassiné, Thomas Sankara, le président du Burkina Faso lui demande d’expérimenter ses conceptions agro-écologiques à Gorom Gorom. Les rendements augmentent, la biodiversité est sauvegardée et les sols sont protégés de l’érosion. La princesse Constance de Polignac, qui appartient à l’une des plus nobles lignées de l’aristocratie française, a fait appel au fils de forgeron du Sahara pour transformer sa propriété de Kerbastic en un modèle d’agro-écologie. </br> </br> « De ses propres mains, écrivait son ami, le violoniste Yehudi Menuhin, dans la préface du livre Parole de terre, Pierre Rabhi a transmis la vie au sable du désert, car la vie est UNE, et la féconde transformation bactérienne rend au sable lui-même le don de pouvoir renouveler les espèces. Cet homme très simplement saint, d’un esprit net et clair, dont la beauté poétique du langage révèle une ardente passion, cet homme a fécondé des terres poussiéreuses avec sa sueur, par un travail qui rétablit la chaîne de vie que nous interrompons continuellement. »
Le plan d'investissement France 2030? lancé il y a quelques jours par le chef de l'Etat, fait la part belle aux start-up, notamment autour du triptyque robotique, numérique, génétique pour l'agriculture. Bien évidemment, toutes les techniques facilitant la tâche des agriculteurs ne sont pas à négliger, mais le "tout technologique" à son revers. D'abord, il ne correspond pas à tous les types d'agricultures. De plus, les coûts de ces investissements sont conséquents, avec le risque de ne voir l'agriculture que comme un débouché pour les constructeurs. L'expérience montre le caractère récurrent de la captation de la valeur ajoutée dans l'agriculture, avec ces transferts vers les industries d'amont et d'aval et la grande distribution. Le système technicien, comme l'a montré le philosophe Jacques Ellul, secrète ses normes, ses bureaucraties, ses règles. </br> </br> A l'extrême opposé de cette agriculture 4.0, les initiateurs de l'Atelier paysan, une coopérative qui développe des outils et des équipements (basse technologie) et prône l'autoconstruction, vient de publier le livre "Reprendre la terre aux machines" dénonçant l'industrialisation agricole "qui prend un visage transhumaniste en nous promettant une agriculture par des robots, drones, capteurs et intelligence artificielle", et presque sans hommes car elle mène à des fermes verticales "high-tech", fortes consommatrices d'énergie, ou à ces cultures cellulaires de viandes artificielles, pas forcement en adéquation avec l'objectif d'une alimentation saine, durable et traçable. Au delà des clivages entre diverses conceptions de l'agriculture, ces enjeux ne méritent-ils pas un débat ? Il ne s'agit pas de faire le procès du progrès, mais de mesurer les impacts sociaux et économiques avec pour but de sauvegarder cette relative part d'autonomie de l'agriculteur qui donne sens à ce métier. Il y a quarante-trois ans, le promoteur de la génétique animale en France, Jacques Poly, publiait un rapport marquant, "Pour une agriculture plus économe et plus autonome", et très actuel.
<b> Origine </b> </br> </br> Le cheval barbe est un cheval propre au nord de l’Afrique, issu d’un cheval sauvage domestiqué et qui y vivait depuis plusieurs dizaines de milliers d’années. </br> </br> Ces confirmations sont basées sur des études paléontologiques et sur des analyses d’ADN. Cette origine est renforcée par les gravures et peintures rupestres qui existent sur le sol de l’Afrique du nord depuis la Libye jusqu’au Maroc. </br> </br> Ces inscriptions représentent la domestication d’un cheval ayant les caractéristiques morphologiques du cheval barbe actuel. </br> </br> La présence du cheval barbe en Algérie et au Maghreb en général remonte à la plus haute antiquité où l’homme et son cheval ont bâti ensemble une riche civilisation. </br> </br> Appelé cheval de Barbarie par les Romains il y a plus de 2’000 ans, le Barbe a toujours été élevé par les tribus nomades (de la Libye au Maroc en passant par la Tunisie et l’Algérie) et depuis longtemps en France. </br> </br> Physiquement très endurant et supportant sans peine toutes les privations, il quitta très tôt les pays du berceau de race pour rayonner en Italie, Espagne et France sous la selle de guerriers mal connus, désignés sous le nom de « Barbares » qui fut aussi attribué aux chevaux barbes. </br> </br> Ce sont les grecs qui pour désigner déjà les populations de l’Afrique du Nord utilisent le mot «Barbaros», ce qui signifie tout ce qui est «non grec ou étranger» ; ce terme repris par les Romains puis par les Arabes a donné ultérieurement les vocables de Barbare, barbarie, barbaresque, berbère puis beaucoup plus tard les Français l’on nommé tout simplement «Cheval Barbe». </br> </br> <b> Particularités du Cheval Barbe - La cinquième lombaire </b> </br> </br> Plusieurs publications anatomiques précisent que le cheval barbe n’a que cinq vertèbres lombaires au lieu de six comme les autres chevaux.</br> </br>
Le congrès mondial pour la nature de l'Union internationale pour la Conservation de la nature, qui s'est tenu récemment à Marseille, a présenté une étude réalisée en Mésoamérique (Mexique, Honduras, Guatemala...) et portant sur 224 plantes sauvages apparentées aux cultures de maïs, pomme de terre, haricots, courges, coton, révélant que 35 % de ces plantes sauvages étaient menacées d'extinction. Ce qui n'est pas sans conséquence sur l'évolution future de leurs "cousines" domestiquées et cultivées. En effet, <b> la diversité génétique est de nos jours plus que jamais essentielle </b> , en permettant notamment de rendre les cultures plus résilientes face au réchauffement climatique. Il y va de notre sécurité alimentaire. </br> </br> Pour bien comprendre ces enjeux majeurs, l'agronome, linguiste et ethnobotaniste, Michel Chauvet, dans un magnifique ouvrage "L'encyclopédie des plantes alimentaires", nous offre un formidable périple botanique et culturel dans l'univers des plantes alimentaires. Un travail de bénédictin, fruit d'une vingtaine d'années de recherches méticuleuses ! En effet, l'auteur y analyse avec toute la rigueur de scientifique, mais sous une forme agréable et dans un style accessible par le plus grand nombre, 670 espèces, des plus connues comme les céréales, jusqu'à certaines plantes désormais oubliées comme la manne terrestre, la graine du paradis ou le chervis. </br> </br> Au fil des 887 pages richement illustrées, l'on découvre que notre alimentation est le produit d'une longue histoire, souvent passionnante. Pour chacune de ces espèces, Michel Chauvet explique les origines géographiques et la diffusion, les caractéristiques biologiques et génétiques, les différentes variétés, les usages alimentaires. Il aborde aussi les aspects ethnologique, économique, et même culinaire. Car l'auteur a lui-même cuisiné et goûté toutes les plantes dont il parle. Cela donne un éloge de la biodiversité de notre patrimoine culinaire, qu'il nous faut sauver impérativement.
Depuis 2014, nous n'étions plus habitués à ces étés pluvieux et maussades. Dès la mi-juin, la succession de perturbations parfois extrêmes, menaçant une moisson qui s'annonçait prometteuse, a eu des conséquences tragiques avec des inondations qui ont fait 200 morts en Belgique et en Allemagne, occasionnant aussi des dégâts importants dans le nord et l'est de la France. </br> </br> Pendant ce temps, l'Ouest canadien suffoquait sous un dôme de chaleur - et le Maroc atteignait des records de chaleur tandis que l'Inde, et la chine et le Nigéria étaient eux aussi touchés par de tragiques inondations... </br> </br> Ces évènements météorologiques extrêmes qui se multiplient de par le monde sont la conséquence d'un bouleversement climatique (la température moyenne sur Terre a augmenté de 1,2 °C depuis le début de l'ère industrielle). </br> </br> Des experts estimaient dans un rapport publié en janvier que les inondations devraient être 14 fois plus fréquentes en 2100 par rapport à aujourd'hui. </br> </br> La publication, le 9 août, du rapport d'évaluation du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), qui fera la synthèse de tous les travaux (près de 14 000 textes) existants sur le changement climatique, ne devrait guère porter à l'optimisme. Selon les experts du Giec, les niveaux actuels d'adaptation sont insuffisants pour répondre aux futurs risques climatiques et les impacts du dérèglement devraient s'accélérer, avec des conséquences au niveau de la production agricole qui se font déjà sentir, comme la famine qui sévit actuellement à Madagascar. </br> </br> Le Giec estime que même en limitant la hausse à 2 °C (au-delà, on risque un point de non retour, à savoir des conséquences irréversibles), 80 millions de personnes supplémentaires seront victimes de la faim d'ici 2050. Intimement mêlés, le bouleversement climatique et les déséquilibres alimentaires s'imposent comme deux des défis majeurs des prochaines années.
Hasard du calendrier, il se trouve que nous avons vendu la maison de famille quelques jours avant une réunion de famille où ma sœur Catherine, nous a fait la surprise de nous présenter l'arbre généalogique de la famille... pour quelques noms, apparaissait leur profession... le tout étayé par des album photos...</br> </br> J’y ai retrouvé une photo de mon Grand Père Narcisse montant fièrement lors de la première guerre mondiale. Je me souviens d'une discussion que deux de mes oncles partageaient en revoyant cette photo, il y a un paquet d'années maintenant : <b> "Il avait devancé l'appel en 1914 pour avoir le choix de la cavalerie" </b> . Mon Grand Père est devenu éleveur de chevaux... </br> </br> Nous avons vendu la maison de famille, celle qui nous a tous vu naître... avec la question de la transmission de notre histoire face à la valeur pécuniaire d'un bien ? Au-delà, c'est la question du sens que l'on donne à une vie qui nous est posée ?! sommes-nous réduits au simple rôle de consommateur où avons-nous la prétention d'appartenir à une histoire qui pourrait nous aider à nous construire différemment ?! </br> </br> Papa y a répondu sans le vouloir, juste avant de rentrer chez le notaire... tout comme mes deux oncles et le Grand Père Narcisse, l'ont fait il y a un paquet d'années... <b> "Tu sais Jean-Marc ! ta maman et moi, ce n'est pas des pierres que nous avons toujours voulu vous transmettre, c’est une histoire familiale à raconter... et nous sommes heureux aujourd'hui, parce que vous avez en vous cet héritage là, vous trois et nos huit petits-enfants" </b> .
Cet hymne à la vie champêtre qu'est la Symphonie n°6 (<b>Pastorale</b>) de Beethoven m'a inspiré le thème de ce billet. D'autant que juin est le mois de la fenaison à Groboz. Qui plus est, je venais de parcourir l'excellente publication <b>Reliefs</b>, qui explore nos relations à la Terre et aux vivants et consacre dans son dernier numéro un dossier aux prairies. L'agronome Marc Dufumier y décrit leurs différents types de dans le monde, l'ethnologue Anne-Marie Brisebarre nous emmène à plus de 2 000 mètres d'altitude à la rencontre des bergers transhumants sur les estives, et l'historien des sensibilités, Alain Corbin, nous propose un voyage poétique et littéraire autour de la fraîcheur de l'herbe... </br> </br> Disposant d'une image positive dans la société, <b>les prairies sont dans l'air du temps</b>. Elles stockent jusqu'à 85 tonnes de carbone à l'hectare (un peu plus que les forêts), sont un réservoir de biodiversité, malgré le déclin des insectes, et génèrent une activité essentielle dans les régions bocagères et de montagne, où souvent le maintien de la vie rurale est plus compliqué qu'ailleurs. Sans compter les qualités nutritionnelles des viandes et produits laitiers issus d'animaux élevés à l'herbe, plus riches en acides gras oméga-3. Les prairies procurent également une meilleure résilience tant aux aléas climatiques qu'à ceux du marché. De réels atouts pour le futur... </br> </br> Malgré tout, ces espaces, qui représentent en France moins de 20% de la surface agricole, ont perdu depuis les années 1980 environ deux millions d'hectares, au profit surtout des surfaces artificialisées. Et l'avenir ne s'annonce pas aussi vert qu'espéré. En 2018, des chercheurs de l'Inrae estimaient que le changement climatique s'accompagnerait d'une augmentation des surfaces cultivées aux dépens des prairies et des forêts. Encore plus alarmant, une étude américaine publiée par la revue <b>Science</b>, sur les prévisions de changement d'usage des sols a niveau mondial, prévoyait une disparition quasi-totale des prairies et des forêts non exploitées dès 2055, au profit des cultures pour les agrocarburants.
A l'heure où j'écris ces lignes, on ne connaît pas encore le futur propriétaire du centre de Grignon, haut lieu de l'agronomie française depuis Charles X, en 1826, la plus ancienne école d'agronomie de France. Il se trouve que c'est aussi l'école où mon père a passé son diplôme d'inséminateur dans les années 60. </br> </br> Il y a cinq ans, Grignon avait failli tomber dans le giron des Qataris pour en faire le centre d'entrainement du PSG. Sous la pression, ce projet avait capoté, mais pas l'abandon de la cession. A l'origine, il y a le regroupement d'AgroParisTech sur le plateau de Saclay, pour en faire avec d'autres grandes écoles un vaste campus scientifique, l'immeuble de la rue Claude-Bernard ayant été vendu, restent à céder l'école de Grignon, son château du XVIIème siècle, sa ferme modèle, son arboretum, et son Musée du vivant, riche de 40 000 objets, dont des herbiers magnifiques, des instruments agricoles et scientifiques très anciens, sans oublier les archives de personnalités comme René Dumont ou René Dubos. </br> </br> Récemment, quatre projets ont été retenus, dont trois essentiellement immobiliers. Le quatrième, à l'initiative d'anciens élèves, en partenariat avec la communauté de communes Cœur d'Yvelines, entend demeurer dans la tradition agronomique du lieu. </br> </br> La semaine dernière, une pétition signée par le glaciologue Jean Jouzel, l'ancienne présidente de l'Inra, Marion Guillou, ou la vice-présidente du Giec, Valérie Masson-Delmotte, soutenait ce projet, qui contribue à la transition vers de systèmes alimentaires plus durables. Mais le manque de transparence, dénoncé par les étudiants qui ont pendant plusieurs semaines bloqué le site, et la priorité accordée dans la convention au prix par rapport à la qualité du projet font craindre le pire. </br> </br> L'état résistera-t-il aux arguments sonnants et trébuchant des promoteurs immobiliers ou cédera-t-il, comme trop souvent, ses bijoux de famille à la satisfaction d'intérêts privés au détriment du patrimoine public. Situation d'autant plus paradoxale, qu'au même moment, nous travaillons actuellement avec la Safer, à la transmission de Groboz, avec l'idée inédite, d'ajouter (aux clauses Safer qui permettent, au nom de l'état, de bénéficier des droits de mutations, sous réserve de conserver la destination agricole du bien vendu) deux clauses qui permettront de garantir la continuité de l'élevage de chevaux Barbe qui fêtera ses quarante ans l'an prochain, ainsi que la conduite de l'exploitation en agriculture biologique...
Récemment, l'Institut Montaigne, un cercle de réflexion d'inspiration libérale, publiait un rapport dénonçant la concentration des richesses dans les métropoles et le déséquilibre avec ce qu'il appelle les territoires épars. Le constat est sans nuances et bien connu - les 15 plus grandes métropoles représentes la moitié de l'activité économique, et 81 % de la croissance française. </br> </br> Craignant que la crise de la Covid-19 n'aggrave les inégalités territoriales, le rapport propose, outre l'accélération de la conversion numérique et le développement d'un habitat et d'une mobilité responsable sur le plan écologique, d'investir dans le capital humain. </br> </br> En effet, l'une des inégalités les plus flagrantes concerne l'accès à la formation, et notamment dans le supérieur. Sur la tranche d'âge des 30-34 ans, la part des diplômes de l'enseignement supérieur varie du simple au double d'une région à l'autre (près de 60 % en Ile-de-France contre 28 % en Basse-Normandie). Et pourtant, les collèges ruraux les lycées des villes moyennes se placent au-dessus de la moyenne nationale. </br> </br> Mais voilà, en milieu rural, on choisit plutôt les filières courtes comme le CAP ou le BTS que les études universitaires ou les grandes écoles, qui apparaissent comme un luxe que l'on ne peut pas se permettre, pour des raisons à la fois financières (le coût des études et du logement), mais aussi la crainte de ne pas être à la hauteur, de ne pas posséder les codes, de perdre son réseau de sociabilité. Et puis la décision, de partir effectuer des études au loin se heurte à la perspective souvent définitive de ne pas revenir au pays. Un constat qui n'est pas nouveau, mais qui prend, aujourd'hui, toute son importance à l'heure du télétravail et des études à distance. </br> </br> Hasard du calendrier, l'autre jour un consortium de trois personnes de nationalités différentes (Belge, Suisse et Américaine) se proposaient, dans le cadre de la transmission de Groboz, par un projet de reprise, de densifier la part de l'humain dans le fonctionnement actuel de Groboz, en créant une activité de production de fruits et légumes et l'emploi qui va avec, mais aussi l'implication des consommateurs par leurs rêves...
C'est une première : une semaine de l'agriculture sans salon ! Au moins échappe-t-on aux défilés ennuyeux des politiques dans les allées peuplées du parc des expositions, retransmis presque en continu par les chaînes d'information. </br> </br> A défaut de salon, le rendez-vous médiatique avec les campagnes est présent et plutôt de qualité, à l'image de ce documentaire d'Agnès Poirier et de Fabien Béziat, "Nous Paysans", à l'écriture si peaufinée, qui a attiré plus de 5 millions de téléspectateurs sur France2. </br> </br> Ce qui tend à prouver un réel intérêt de la part de la société pour les choses de la terre, dans le sillage des succès au box-office de "Petit Paysan" et d'"Au nom de la terre", et de la reconnaissance de romans comme "Nature humaine" de Serge Joncour et " Histoire du fils" de Marie-Hélène Lafon, respectivement Prix Médicis et Prix Renaudot en 2020. </br> </br> Il fut un temps, pas si lointain, où proposer un manuscrit traitant des questions agricoles à des éditeurs grand public était rejeté au prétexte qu'il ne trouvait pas son public. Même attitude dans l'audiovisuel ou la presse grand public ! Pendant des années, certains milieux intellectuels ont méprisé tout ce qui touchait à la vie des hommes et des femmes de la terre, considérant ces thèmes comme passéistes, voire ringards. </br> </br> Les temps semblent changer. Les crises environnementales, confirmées par la pandémie, ont bouleversé nos repères, montré la fragilité de nos sociétés et de leur approvisionnement, changé notre rapport à la nature, au vivant, aux territoires. </br> </br> L'opinion découvre ainsi que l'agriculture est plus que l'agriculture, comme en témoignait Edgar Pisani dans "Un vieil homme et la terre", et qu'elle se situe au cœur des grandes fractures sociétales : enjeux géopolitiques (un art du local dans un monde globalisé), économiques (mondialisation), territoriaux (métropoles et campagnes), culturels (paysages, gastronomie, sécurité alimentaire)... Plus que jamais, <b> l'agriculture s'impose comme un enjeu de société. </b>
L'élevage de Groboz a cette particularité de mettre le cheval dans ses conditions de vie originelles... Cela nous conduit à vivre au rythme des cycles imposés par la rotation des chevaux entiers pour éviter la consanguinité et laisser un repos aux juments qui sans cela feraient un poulain tous les ans... </br> </br> Même si le départ de Jamal signifie que le dernier poulain de Saïan laisse les prairies de Groboz bien vides... la période est particulièrement excitante avec la recherche du futur cheval entier, celui qui complètera par une de ses filles la singularité de la souche de Groboz... </br> </br> Le choix intègre un certain nombre de critères dont le principal est l'origine algérienne qui est une des particularité de l'élevage de Groboz... Une attention particulière, cette fois, a été portée sur les qualités mentales d'un cheval d'une rare élégance...</br> </br> Pier el Marsa intégrera le groupe composé de Vaina, Badia et Camilla, entre fin mars et début avril... </br> </br> https://infochevaux.ifce.fr/fr/pier-el-marsa-65dTwypRTLa3sZ9zV5gTsg/pedigree-et-chevaux-associes/pedigree-3-generations
Il est vraiment temps de tourner la page, à l'instar du magazine "Time" qui, il y a quelques jours, avait en couverture ostensiblement barré cette année 2020,comme pour la jeter aux oubliettes. L'an passé, personne n'imaginait 2020 en "annus horribilis", voguant entre confinement, déconfinement et reconfinement, sur fond de réseaux sociaux en ébullition et de théories complotistes à tout vent, de chômage partiel et de télétravail, de petits commerces en berne et de pauvreté en hausse... </br> </br> Qu'en sera-t-il de 2021, qui apparaît aussi imprévisible que la fin de 2020 ? Imprévisble pour nous, avec cette angoisse des lendemains qui peuvent déchanter. Imprévisible pour les gouvernants. Jamais la fameuse définition de Valéry Giscard d'Estaing, "Gouverner, c'est gérer l'imprévisible", n'a été aussi vraie. Sans doute bien avant que la pandémie n'apparaisse, les Nations unies ont décrété 2021 Année internationale de la paix et de la confiance. Une confiance dont on aura bien besoin, mais une confiance à reconquérir, tant les tâtonnements (compréhensibles) des décideurs. </br> </br> L'ONU a aussi proclamé 2021 Année internationale des fruits et légumes. Comme un clin d'œil dans la morosité ambiante au jardin d'Eden ! "Les légumes sont porteurs d'une histoire qui plonge aux racines même de notre humanité", écrit le sociologue Eric Birlouez dans "Petite et Grande Histoire des légumes". En exergue de son livre, il nous offre cette citation de la romancière albanaise Ornela Vorpsi, exilée à Paris, extraite de "Vert Venin" : "Je compte lui préparer une soupe de légumes frais. Une de ces soupes de grand-mère qui nous assurent que la mort n'existe pas, que nous avons toujours dix ans, que les miracles sont devant nous, qu'ils nous attendent... "
Il y a quelques semaines, nous avons évoqué la possibilité de faire pouliner un an sur deux, pour préserver les juments. Est-ce que, naturellement, une jument fait un poulain tous les ans ? C’est l’équilibre dans lequel il va se développer qui va conditionner les qualités du cheval. Nous allons tenter de reproduire cette organisation fondamentale pour le développement du cheval, en nous inspirant de l’étude d’Emmanuel Théret sur les chevaux sauvages du Namib… En 1991, au moment où la population était la plus élevée, Jacqueline Ripart compte 276 chevaux répartis en 49 familles et des groupes de mâles célibataires.</br> </br> Les chevaux sauvages vivent en hardes d’une dizaine d’individus, comprenant un ou deux étalons, quelques juments et leurs poulains. Les jeunes étalons se rassemblent également de manière temporaire. Les groupes sont dirigés par une jument et protégés par un étalon, parfois deux. La jument comme l’étalon peuvent chacun leur tour assumer le rôle de leader. Ce dernier décide quand il faut aller s’abreuver ou chercher de nouveaux pâturages. La jument défend elle-même son poulain si un prédateur s’approche. Dans d’autres circonstances, c’est l’étalon qui interviendra.</br> </br> La hiérarchie n’est pas très importante chez ces chevaux sauvages, et les combats sont plutôt rares. La raison en est qu’il n’y a pas de compétition dans cet environnement : la nourriture est répartie de manière équivalente dans le vaste désert du Namib, et l’eau est disponible en quantité suffisante à deux abreuvoirs artificiels, où de plus les chevaux se rendent à des heures différentes. Enfin, c’est la jument qui choisit son partenaire et si celle-ci ne désire pas s’accoupler, les combats entre les étalons sont sans effet.</br> </br> Les chevaux sauvages du Namib sont étudiés scientifiquement depuis 1993. Dans le passé, leur nombre a varié entre 60 et 300 suivant la quantité et la qualité des herbages disponibles. Ces dernières années, leur population s’est stabilisée entre 90 et 150. En période de sècheresse, les chevaux couvrent de grandes distances pour se nourrir et jouent rarement. Au contraire des chevaux domestiques, la soif ne leur cause pas de stress particulier. Lorsque les pluies font apparaître de nouveaux herbages, les chevaux adoptent un mode de vie plus serein : ils pâturent la nuit, restent à proximité des points d’eau et passent l’essentiel de leur temps à se reposer et à jouer.</br> </br> Ces chevaux ayant été importés, sont des intrus dans les étendues sauvages du Namib. Toutefois, selon une étude de la biologiste Télané Greyling qui a été rendue public en 2005, il semble qu’ils ne constituent de menace ni pour les 500 plantes du fragile biome du Nama Karoo, ni pour la faune indigène comme les autruches, les gemsboks ou les sprinqboks. Ils ne se nourrissent que d’herbe, occasionnellement de buissons, et vivent dans un territoire relativement restreint, laissant tout le désert aux autres animaux pour rester à proximité de l’eau.</br> </br> Près de Garub, un abreuvoir artificiel profite aussi bien aux chevaux qu’aux autres animaux du désert. C’est le seul point d’eau permanent de la région, alimenté par un puit à 4 km de là. Durant l’été austral (de novembre à mars), lorsque les températures dépassent souvent 30° Celsius, les chevaux vont boire toutes les 30 heures environ. En hiver par contre (de mai à septembre), quand les températures sont plus clémentes (en-dessous de 22° Celsius), ils peuvent se passer de boire pendant 72 heures.</br> </br> En plus de l’herbe du désert, les chevaux mangent leur crottin ou celui de leurs congénères, absorbant ainsi des nutriments non digérés. Leurs excréments contiennent trois fois plus de lipides (2,0 %) que l’herbe séché des environs (0,7 %), et deux fois plus de protéines (6,1 % contre 3,1 %). La coprophagie est donc une supplémentation alimentaire très utile dans un environnement pauvre : le rapport est de presque 1 Kg de crottin pour 7 Kg d’herbe.</br> </br> Les pieds sont parés naturellement par l’abrasion du sable et de cailloux. Il n’a pas été constaté de seimes sur une centaine de chevaux inspectés rapidement, et d’une manière générale, les pieds sont assez bon état. La sécheresse de l’environnement a l’avantage d’éviter tout pourrissement de la sole et de la fourchette, comme c’est le cas de beaucoup de chevaux en box qui piétinent dans une litière ammoniaquée par l’urine, ou de chevaux qui passent l’hivers dans un pré humide. Les critères esthétiques des concours de modèles et allures ne sont pas toujours ceux de la nature…</br> </br> Les poulains sont soumis à une importante mortalité. 40 % d’entre eux n’atteignent pas l’âge adulte dans les difficiles conditions du désert du Namib. Ils doivent être capables de suivre la harde presque immédiatement après leur naissance, car les juments sont rassemblées par les étalons et ne sont pas autorisées à retarder le groupe. Les poulains sont parfois la proie de quelques hyènes brunes, guépards ou léopards qui errent dans la région, et en période de sécheresse, ils doivent parcourir de grandes distances qui les épuisent et leur sont parfois fatales.</br> </br> L’isolement dans lequel ont vécu les chevaux du Namib pendant près d’un siècle a entrainé une certaine consanguinité. Pourtant, ces chevaux sont d’une incroyable résistance, résultat d’une sélection naturelle qui élimine les faibles et ne garde que les sujets dotés du meilleur patrimoine génétique. L’étude de prélèvements sanguins soulève d’ailleurs la possibilité que ces chevaux aient muté pour pouvoir survivre dans un environnement aussi inhospitalier. Les conditions désertiques n’ont pas que des désavantages : les chevaux du Namib ont peu de parasites.</br> </br> Les hommes ont une responsabilité envers ces chevaux sauvages qu’ils ont amenés d’Europe pour leur propre usage avant de les abandonner dans ces contrées hostiles. La controverse sur l’impact de cette espèce étrangère n’ayant pas lieu d’être, les autorités namibiennes ont adopté de nos jours une gestion cohérente du problème en tirant les leçons de quelques erreurs du passé (comme la capture et la vente d’une centaine de chevaux sans sélection d’âge ni de sexe lors de la sécheresse de 1992).</br> </br> Des études prenant en compte les pluies et les herbages ont établi que le chiffre de 130 chevaux était celui qui assurerait le meilleur équilibre avec les ressources du petit territoire où vivent ces équidés, des fluctuations à brève échéance pouvant osciller entre 80 et 180. En période de grave sécheresse, comme celle de 1992 qui a fait une quarantaine de victimes, les chevaux sont nourris avec de la luzerne, et en cas de surpopulation, un nombre déterminé de jeunes entre 2 et 4 ans (ceux qui n’ont pas de lien sociaux trop anciens avec leur groupe) sera relocalisé plus au sud à Aussenkehr, sur des terres qui leur sont attribuées près de la frontière sud-africaine.</br> </br> Naturellement et malgré que les mortalités soient beaucoup plus importantes dans ce milieu hostile, il est acquis qu’il n’est pas nécessaire pour pérenniser l’effectif que la jument pouline une fois par an. Bien qu’aucun relevé ne semble avoir été fait dans ce sens, la moyenne se situe à un poulinage tous les trois à cinq ans par jument. Dans nos élevages en semi-liberté et à condition de se laisser inspirer par une conduite plus respectueuse des conditions originelles des chevaux sauvages, le seul levier que nous pouvons activer dans la conduite de nos élevages en semi-liberté, est le sevrage… Il serait judicieux de ne plus le provoquer l’année de la naissance…
Autant le dire, j'aime le Salon international de l'agriculture de Paris. Il est de bon ton de décrier ce que certains prennent pour le Disneyland des campagnes. Mais ce salon est bien plus que cela, <b>ce salon est une fenêtre sur nos territoires</b>. </br> </br>D'accord, on y trouve les stands toujours plus envahissants de la grande distribution, qui s'appuie de tout son poids sur l'image préservée de l'agriculture. Mais il y a tout le reste : dans quel lieu les petits Parisiens pourraient-ils voir de vraies vaches en cette fin de février, ou monter sur une moissonneuse-batteuse ? Qui niera le plaisir d'arpenter le hall des animaux, la fierté des éleveurs quand leurs bêtes défilent sur le ring central ? Leur satisfaction de retrouver leurs collègues sélectionneurs ? </br> </br>Sans négliger les prises de contacts professionnels, y compris internationaux. Qui parlera de l'enthousiasme des étudiants qui participent au trophée des lycées ? Et les halls des régions, où il faut parfois trier entre l'authenticité des régions, où il faut parfois trier entre l'authenticité des produits et le tout-venant de certains stands. Sans parler des retrouvailles des producteurs avec leur clientèle. Mais aussi le bruit et la fête, les Antilles et la Réunion. </br> </br>Les politiques y viennent pour montrer leur passion parfois surjouée pour l'agriculture. Mais que dirait-on s'ils ne venaient pas ? Tous les syndicats agricoles sont présents, avec plus ou moins de moyens. Le salon se transforme en une agora : les débats (parfois inaudibles dans le brouhaha) entre politiques, chercheurs, agriculteurs, transformateurs se multiplient, relayés ou organisés par les médias. </br> </br>Cette année, pour cause de Covid, ce 58ème salon est logiquement reporté à 2022. Seul se tiendra le Concours général des produits sous une forme décentralisée : difficile de se priver de ces médailles qui valorisent le travail des primés. Des débats sur la souveraineté alimentaire devraient avoir lieu. </br> </br>Certains appellent à profiter de ce report pour repenser le salon. Quoi qu'il en soit, sans sous-estimer les impacts bien plus lourds de cette pandémie, il manquera cette semaine de folie.
A Groboz, nous avons reconstitué un écosystème autour du cheval, un écosystème dont il fait pleinement partie. Nous lui permettons de vivre comme ses ancêtres ont toujours vécu. Accessoirement, nous nous procurons le bonheur de l’observer dans son milieu naturel et l’opportunité pour nous d’évoluer à son contact. Cette après-midi, Nadine poursuit le programme destiné à amener les poulains vers une carrière équestre ou d’élevage.</br> </br> Ce programme est la prolongation de leur curiosité naturelle dans leur activité quotidienne et les jeux qu’ils pratiquent au sein du harem. Nadine suggère plus qu’elle n’impose. Cette après-midi, les chevaux se sont positionnés spontanément dans la stabulation qui est aussi leur lieu habituel de travail. Nous pouvons et devons laisser libre cours à la créativité du cheval et surtout lui permettre de se développer là où des directives sans libre choix et des pratiques d’élevage trop précautionneuses, l’auraient affaibli. </br> </br> La question est de savoir si notre responsabilité d’acteur du monde du cheval, nous autorise à transmettre à nos enfants des chevaux fragilisés par des conditions de vie que nous leurs imposons ? Les rapports de confiance entre nous et les chevaux ne dépendent que du respect à ne jamais trahir leur évolution millénaire. Cette éducation que nous aurons eu la sagesse de nous imposer, n’aura d’égal que les succès communs qu’elle nous permettra d’obtenir…
Pour beaucoup de citadins contraints au confinement dans des espaces réduits, le bonheur est désormais au jardin, avec ce rêve de changer de lieu de vie et de redonner sens à sa vie. Ce phénomène n'est pas nouveau, mais il prend de l'ampleur, du moins dans les intentions. </br> </br> Deux publications récentes, le trimestriel "Zadig", qui titre en couverture "Changer de vie", et le magazine "Village", avec un dossier sur "leur nouvelle vie à la campagne", témoignent de nombreux exemples de réussites d'une conversation (non sans difficultés le plus souvent). </br> </br> On y croise un ex-gendarme devenu chevrier, une ingénieure reconvertie en boulangère bio, une calligraphe recyclée en bergère, un directeur de la communication qui a choisi la restauration... Trait commun de ces changements de cap:<b> redonner du sens à son travail</b>, quitte à y perdre (parfois beaucoup) en termes de revenu. </br> </br> C'est vrai qu'entre parcellisation et complexité des taches, on s'y perd. Il suffit de lire certaines définitions de carrière, au verbiage truffé d'anglicismes et de concepts fumeux, à se demander ce que ces métiers (notamment dans les secteurs du marketing, du management ou de la finance) recouvrent véritablement. </br> </br> Des sondages réalisés, il y a quelques années, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni montraient que 37 à 40 % des personnes interrogées reconnaissaient que la disparation de leur emploi n'aurait aucune incidence. </br> </br> L'anthropologue et économiste américain, David Graeber, décédé ces derniers jours, avait théorisé ce malaise dans "Bullshit job", titre de son livre paru en France et que l'on peut traduire par "Boulots à la con", dans lequel il estimait que la technologie avait créé des emplois inutiles, superficiels et vides de sens. Bien avant la pandémie, ce contempteur du capitalisme, auteur également d'un magistral ouvrage "Dette: 5 000 ans d'histoire", avait montré ce paradoxe que plus un travail est utile à la société, moins il est rémunéré, et que les premiers de corvée étaient plus essentiels que les premiers de cordée.
Il est aujourd'hui tombé dans l'oubli et pourtant, François Tanguy-Prigent, décédé il y a cinquante ans, fut le premier paysan authentique à avoir été nommé ministre de l'agriculture. <b> Il a sans doute été l'un des plus réformateurs </b> avec Georges Monnet sous la Front populaire et Edgar Pisani au début des années soixante. </br> </br> En 1944, le général de Gaulle choisit ce petit paysan breton, né en 1909, titulaire du seul certificat d'études (mais premier de son canton), militant socialiste engagé très jeune en politique, au point qu'en 1934 il est élu conseiller général de Lanmeur (Finistère), mais son élection est invalidée car il n'a pas 25 ans. </br> </br> En 1936, il est élu député. Benjamin de l'Assemblée nationale, il soutient Georges Monnet. En 1940, il fait partie des 80 députés qui refusent les pleins pouvoirs à Pétain, avant de coordonner les réseaux de résistance rurale dans les 19 départements de l'Ouest. </br> </br> Son courage séduit le général de Gaulle, qui le nomme rue de Varenne dans un contexte de pénuries et de marché noir, au point qu'il doit rétablir la carte du pain. Ce qui lui vaut ce surnom de Tanguy Prive Gens. Mais ce sobriquet ne saurait faire oublier la forte inspiration sociale de son action durant trois années passées rue de Varenne, lui qui voulait "abolir l'infériorité dont souffrent les paysans". </br> </br> A son bilan : les allocations familiales pour les familles paysannes et les premiers prêts d'installation pour les jeunes agriculteurs, une réforme du statut de la coopération, la création de l'Inra, du Fonds forestier national et des foyers ruraux. Et surtout le statut du fermage et du métayage, l'une des grandes réformes de la Libération, adopté à l'unanimité (fait rarissime) à l'Assemblée nationale. </br> </br> Statut du fermage qui concerne aujourd'hui 75 % des terres cultivées et devrait ces prochaines semaines, dans le cadre d'une nouvelle loi foncière, être adapté au nouveau contexte, entre bailleurs qui dénoncent le carcan du statut, des preneurs soucieux de sécurité et une conception du sol considérée par beaucoup comme patrimoine commun de la Nation...
<b> A l'heure de la crise sanitaire et économique actuelle et des crises environnementales et sociétales futures, l'agroécologie est une des voies retenues pour répondre aux enjeux. la performance environnementale, économique et sociétale de l'agriculture sera améliorée en valorisant l'activité naturelle et la diversité biologique. Les élevages et les entreprises utilisant le cheval peuvent s'inscrire dans cette démarche en adoptant différentes pratiques. </b> </br> </br> Qu'est-ce que l'agroécologie ? </br> </br> L'agroécologie est une façon d'<b>organiser le(s) système(s) de production</b> d'une exploitation agricole, d'une entreprise, mais aussi d'un territoire de façon à : </br> </br> - <b>réduire les pressions sur l'environnement</b> (emprunte carbone, engrais de synthèse, produits phytosanitaires) </br> </br> - <b>préserver les ressources naturelles</b> (eau, énergie, minéraux) et <b>la biodiversité</b> (espèces végétales et animales) </br> </br> Pour cela, les <b>systèmes naturels de production</b> et de régulation biologique vont être utilisés et développés en s'assurant de maintenir leurs capacités de renouvellement. La <b>diversité</b> et la <b>complémentarité des ressources</b> vont être recherchées. </br> </br> A Groboz, nous avons décidé par exemple, d'arrêter l'administration systématique d'antiparasitage en favorisant la résistance des chevaux aux parasites et on a cherché à casser le cycle de ceux-ci par une bonne gestion des prairies. Les traitements antiparasitaires bio sont réservés aux seuls chevaux infestés, détectés par des coprologies. </br> </br> A Groboz, nous n'achetons aucun aliment industriel dont la production et le transport sont coûteux en énergie. Nous n'utilisons que la production des prairies conduites en agriculture biologique. </br> </br> L'agroécologie ne consiste pas à appliquer des pratiques vertueuses prises isolément. Comme l'illustre les deux exemples précédents, ils interagissent l'un sur l'autre. La régulation de la pression parasitaire est intimement liée à la gestion des pâtures qui l'est elle même avec la gestion de l'alimentation des chevaux. </br> </br> L'agroécologie a demandé qu'à Groboz, nous concevions une conception globale de nos activités et de notre système de production pensé comme un <b>écosystème écologique et socio-économique</b>. </br> </br> Pourquoi et comment s'inscrire dans une démarche agroécologique ? </br> </br> L'agriculture a un impact fort sur l'environnement. Sa part dans l'émission de gaz à effet de serre(GES) au niveau national est de 19%. Dans le cadre de la stratégie nationale bas-carbone, elle doit être abaissée de 12% en 2029 et de 50% en 2050. L'agroécologie est une des voies retenues par le Ministère de l'agriculture, avec pour ambition de la moitié des exploitations engagées dans une démarche agroécologique en 2025. </br> </br> L'agroécologie doit permettre de faire face aux enjeux environnementaux tout en répondant aux enjeux sociétaux. </br> </br> L'engagement dans l'agroécologie peut prendre plusieurs formes : </br> </br> - Adaptation des pratiques pour réduire ou supprimer les intrants (pesticides, engrais, vermifuges) </br> </br> - Substitution des intrants chimiques par des intrants d'origine biologique (chaux minérale, vermifuges) </br> </br> - Conception de nouveaux systèmes de prodution (diversification, circuits courts, agroforesterie) </br> </br> - Création de nouvelles activités pour les chevaux (utiles, culturelles) </br> </br> Le sens que nous aurons su donner à notre métier, renforcera notre lien millénaire avec le cheval. </br> </br> https://equipedia.ifce.fr/infrastructure-et-equipement/installation-et-environnement/developpement-durable/cheval-et-agroecologie.html
Nadine analyse et répertorie depuis une quinzaine d’années, les attitudes du cheval dans son milieu naturel. Elle apprend à reproduire des comportements similaires tout en suggérant au cheval de développer sa curiosité naturelle, source pour lui d’un intérêt nouveau. </br> </br> Elle permet d’inciter et suggérer plus que d’imposer, elle permet aux chevaux de laisser libre cours à leur créativité, de se sentir valorisé et d’aller plus loin que là où les directives sans libre choix les auraient amenés. Notre rôle se cantonne à anticiper ce que nous imposons à nos chevaux. </br> </br> Quatre poulains ont quitté récemment Groboz pour regagner de nouveaux horizons. Nous devons considérer avant tout, l’instinct d’un cheval avec son histoire propre et un cheval qui se retrouve dans une nouvelle aventure « dans la simplicité des coïncidences ». </br> </br> La première inconnue pour lui, est de rentrer dans une boite… En l’occurrence le camion qui va lui permettre d’effectuer son premier voyage. Première question : comment ce type de rencontre se réalise-t-elle à l’état naturel ? </br> </br> Dans leurs conditions de vie à l’état naturel, ce sont les choix de circonstance, généralement deux, qui vont se proposer à eux. Matériellement, nous avons la possibilité de reproduire ce scénario…</br> </br> Les leviers dont nous disposons sont peu nombreux, en fait il n’y en a un qui s’impose à nous : Utiliser l’ancienne écurie du bâtiment d’exploitation… C’est un endroit que Nadine et Julie ont utiliser régulièrement pour attiser la curiosité des poulains, durant tout l’hiver… </br> </br> Les départs de Groboz s’effectuerons deux poulains par deux poulains le lendemain matin depuis l’écurie où les poulains auront séjourné la nuit précédente. Les quatre embarquements se sont remarquablement réalisés. D’un autre côté, nos chevaux se sont enrichis d’une expérience supplémentaire dans leur évolution vers le cheval idéal. </br> </br> Les rapports de confiance entre nous et les chevaux ne dépendent que du respect à ne jamais trahir leur évolution millénaire. Cette éducation que nous aurons eu la sagesse de nous imposer, n’aura d’égal que les succès communs qu’elle nous permettra d’obtenir…
<b> Rencontre </b> </br> </br> A la fin de l'été dernier, nous avions rencontré le réalisateur Edouard Bergeon à l'occasion du lancement de son film <b> "Au nom de la terre" </b>. A présent, c'est lors du lancement, le 29 avril, de la chaîne thématique <b> "CultivonsNous.tv" </b> que le réalisateur nous raconte, à partir d'une large palette de programmes du champs à l'assiette, le dialogue qu'il entend favoriser entre les citadins et le monde agricole. </br> </br> <b> "CultivonsNous.tv" </b> n'est pas une chaîne dogmatique pour bobos écolos comme certains agriculteurs ont pu le redouter. Je suis persuadé que tous les modèles agricoles doivent coéxister. </br> </br> <b> Au-delà de la vente directe et du bio </b> </br> </br> C'est un sillon que je creuse depuis plus de quinze ans, à travers des reportages, des magazines, des documentaires et, plus récemment, mon film <b> "Au nom de la terre" </b>. Ce lancement arrive aussi à la suite de nombreux débats partagés ces derniers mois avec le grand public. </br> </br> Notre but est de continuer le dialogue avec les citadins, avec des portraits de celles et ceux qui nous nourrissent. En résumé, c'est donner à découvrir et à mieux comprendre le chemin des produits que nous consommons, du champ à l'assiette. </br> </br> Le grand public a été injuste avec ses agriculteurs. Les critiques sont tombées à un moment donné comme des coups. Mais cette période de Pandémie rappelle qu'un pays n'est pas grand chose sans l'autonomie alimentaire et sans ses paysans. Il existe beaucoup de confusions. </br> </br> On me demande souvent : "Pourquoi les agriculteurs ne font-ils pas tous du bio ? Ou de la vente directe ?" Par le biais de <b> "CultivonsNous.tv" </b>, parrainé par Guillaume Canet, nous tentons d'y répondre. </br> </br> <b> Le Netflix agricole </b> </br> </br> La chaîne agrège des contenus tournés dans le monde entier, aussi informatifs que ludiques, voire très drôle. Nous proposons, par exemple, le programme "Arrive en campagne" qui, à travers les pérégrinations d'une famille urbaine venue travailler dans une ferme, met en avant des producteurs et des produits locaux. Nous nous adressons aussi aux enfants, avec la rubrique "jeunes pousses". sous la rubrique "Ma vie de paysan 2.0", des agriyoutubers notamment participent à l'aventure en diffusant leurs vidéos. </br> </br> La chaîne contient aujourd'hui cinquante heures de programme. Sans aucune publicité, elle est accessible sur tous les écrans, par abonnement dont un euro est reversé à l'association <b> Solidarité paysans. </b>
<b> Les scientifiques de l’unité physiologique de la reproduction et des comportements (Inrae, CNRS, Université de Tours, IFCE) ont démontré que les chevaux sont capables de reconnaître le visage des personnes qui s’occupent d’eux plusieurs fois par semaine, même s’ils ne l’ont pas vu depuis plusieurs mois. </b> </br> </br> Les chercheurs pensaient au départ que les chevaux reconnaissaient les personnes qui s’occupent d’eux à partir de leur odeur, leur voix ou leur comportement. Ils ont découvert que les équidés étaient en réalité capables de reconnaître les humains qui gravitent autour d’eux « sur la “seule” base de la photographie de leurs visages ». </br> </br> Pour le test de reconnaissance faciale sur écran tactile, les chercheurs ont choisi onze jeunes chevaux de race welsh âgés de trois ans. « Les chevaux venaient d’eux-mêmes se positionner devant l’écran et lançaient le test en le touchant avec le bout du nez », expliquent-ils. </br> </br> « À chaque nouvel essai, deux visages apparaissaient simultanément sur l’écran, le visage d’une personne connue et celui d’une personne inconnue, décrivent-ils. Les chevaux devaient alors toucher le visage connu pour obtenir une récompense. » </br> </br> Les scientifiques se sont rendu compte que les chevaux avaient vite compris les règles du jeu. « Ce qui nous a le plus surpris, c’est leur mémoire sur le long terme », ajoute Léa Lansade, de l’Institut français du cheval et de l’équitation en poste à l’Inrae Centre-Val de Loire. </br> </br> Cette étude confirme que le cheval est doté de compétences cognitives sociales élaborées. « D’autres expérimentations ont révélé que les chevaux régissent fortement à nos propres émotions », ajoute Léa Lansade. </r> </br> « Nous avons montré que si on leur présente des photos de nous qui sommes joyeux ou en colère, ou bien que l’on émet le son de voix en colère ou joueuses, ils ressentent immédiatement des émotions en rapport, poursuit-elle. Leur rythme cardiaque s’accélère et ils sont en alerte dans le cas de colère, alors qu’ils s’apaisent dans le cas de la joie. » </br> </br> Les chevaux sont capables non seulement de reconnaître les personnes qui les entourent mais aussi leurs émotions et y réagir. « L’ensemble de ces découvertes peut faire évoluer la relation que l’on a avec ces animaux », estime Léa Lansade. </br>
Ce dont témoigne cette pandémie du coronavirus, c'est notre fragilité. Fragilité que l'on semblait oublier dans des sociétés technologiquement sophistiquées et exprimant un fort sentiment de solidité comme pour masquer une vulnérabilité grandissante. </br> </br> Or, nous redécouvrons que nous sommes mortels et, ô combien fragiles et que nos civilisations sont aussi mortelles. Car le coronavirus met en évidence toutes nos fragilités collectives : celle d'un ancien monde éclaté qui ne semble plus croire aux vertus multilatéralisme ; de l'Europe, épicentre de l’épidémie, mais inexistante ; de la planète devant les enjeux environnementaux ; de l'économie financière mondiale, avec la plongée des places boursières. </br> </br> Plus concrètement, nous avons pris conscience de la fragilité de nos circuits logistiques quand, à force de délocalisation industrielles et de gestion des flux tendus, on prend conscience que notre approvisionnement est fragile. </br> </br> A Groboz, notre raison d'être est la réalisation d'un rêve d'enfant, d'un rêve de "cheval idéal". Nous avons toujours su qu'il fallait le faire dans le cadre d'une agriculture de progrès. Bien nous a pris, car cette agriculture là, progresse tous les jours. </br> </br> A Groboz, nous avons toujours su que le "cheval idéal" ne pouvait pas être réduit à un cheval de loisir, mais qu'il devait répondre à des enjeux culturels, donc vitaux. </br> </br> Pour autant, nous avons toujours su que, comme lors de la révolution industrielle du début du siècle dernier, le cheval ne peut se suffire à lui-même. C'est pour cette raison que l'agriculture que nous pratiquons doit aussi se composer d'une activité en lien avec la production, que ce soit de la production de foin où la prise en pension de génisses. </br> </br> Enfin, il y a cette dernière fragilité qui nous fait dire qu'après une crise de cette ampleur, plus rien ne sera comme avant, alors qu'une fois la crise passée, nous aurons tendance à retourner vers nos vieux démons. Cette fois-ci, saurons-nous en tirer les conséquences ? Et réapprendrons-nous à prendre conscience de nos fragilités pour mieux s'en enrichir et les vivre autrement ?
Le sevrage est sans doute l’étape la plus importante de la vie d’un cheval car elle façonne irrémédiablement son comportement. Nos pratiques d’élevage peuvent, ou pas, rechercher la sérénité croissante de nos chevaux, avec pour conséquence de les sublimer ou de les abimer. </br> </br> A Groboz, nous cherchons à recréer l’écosystème des chevaux libres, celui de leur environnement, comme celui de leur structure sociale. Je ne crois pas qu’il existe une année, où nous n’ayons pas exploré une nouvelle expérience. </br> </br> Depuis deux ans, nous pratiquons un sevrage en deux temps. Cette année nous devons prélever trois poulains mâles du groupe familial. Ijja né le 31 mars 2018 qui ne tète plus sa mère depuis janvier, Ikken né le 30 aout 2018 et Jamal né le 29 mars 2019 restent à sevrer. </br> </br> Nous appliquons ce que l’on observe dans la nature, à savoir la séparation simultanée de tous les poulains du groupe familial. Dans un espace sans clôtures, les poulains et les pouliches vont errer ensembles à l'écart du groupe familial. Cette expérimentation instinctive par le cheval est la garantie de son équilibre futur. </br> </br> Nous avons choisi le créneau du mois de janvier qui respectera à la fois la limite de 21 mois maximum de la maturité sexuelle de Ijja, la lactation minimum de 9 mois de Jamal et notre retour d’Islande. </br></br> Dans la nature, il n’y a jamais deux situations qui changent simultanément. Aussi, nous avons décidé de procéder en trois étapes, le sevrage et les deux intégrations des poulains que nous impose l’exploitation des prairies. </br> </br> Le premier weekend de janvier, nous avons laissé les trois poulains males sur la prairie qu’ils ont toujours connu depuis la naissance. Nous déplaçons les juments et les deux pouliches sur une autre prairie distante de plusieurs centaines de mètres. Aucun comportement de nervosité n’est observé, au bout de quelques heures, les trois poulains recréent leurs activités quelque peu semblables à celles qu’ils avaient dans le groupe familial. </br> </br> Le deuxième weekend, nous introduisons le groupe de poulains males de plus de deux ans dans la prairie des trois poulains. La hiérarchie s’opère sur une demi-journée. Ikken et Jamal cèdent tout de suite, tandis que Ijja semble contesté à ses deux ainés le statut de leader. </br> </br> Le troisième weekend, nous introduisons deux hongres bien plus âgés dont l’un n’est pas de race Barbe. C’est peut-être l’étape que nous redoutons le plus… En effet, nous ne maîtrisons pas l’ensemble de leur parcours. Nous choisissons d’ailleurs de prolonger d’une semaine le délai entre la deuxième et la troisième étape. </br> </br> La cohésion et l’équilibre du groupe de cinq poulain ainsi conforté, aura raison des réminiscences éventuelles des deux nouveaux venus qui trouvent ici une structure sociale qui leur convient. Ijja se soumet à ses deux ainés, mais il fait naître chez eux, l’acceptation d’un statut particulier qui en dit long sur l’avenir de ce cheval… </br> </br> Nous pouvons fixer comme raison d’être à nos élevages, ou pas, de rechercher la sérénité croissante de nos chevaux, générations après générations. Notre bonheur peut, ou pas, être de créer durablement ce rêve de cheval.
Cette terre de contrastes dont la nature semble si forte et si fragile à la fois... Ou ses chevaux millénaires endurent les pires conditions météorologiques ou les pires activités sismiques. Cette terre nous interpelle et nous fait chavirer… Quelle leçon sur la beauté de l'instant présent et la futilité de notre existence... Je ne sais pas si ce que j'ai mis tant d'années à créer va survivre à ce voyage ! </br> </br> Moi qui aime tant nous projeter dans l'avenir... et pire, pas une seconde, je ne redoute ce tourbillon... Peut-être parce que nous avons observé qu’en Islande, le mode d’élevage poussait encore plus loin les limites du respect du cheval au naturel. Peut-être parce que ce mode de pensée servait autant notre cause, que ce que l’on pratique dans certain élevage français comme celui de Groboz ?! </br> </br> Le cheval Islandais est dans le cœur de chaque Islandais, il est le symbole de cette terre des extrêmes... Le cheval islandais a retrouvé pendant longtemps les instincts et caractères ataviques propres aux espèces sauvages car outre le fait de vivre et se reproduire librement à l’écart de l’homme, les petits chevaux islandais ont repris le mode de vie typique de leur espèce ; ils restent en harde et prêtent allégeance à un étalon dominant ou une jument leader qui les protège du danger. </br> </br> Ainsi au fil du temps, les chevaux qui ont échappés à l’homme et sont retournés à l’état sauvage ont d’abord fondé en se solidarisant à une harde et un territoire donné une sorte de famille plus ou moins élargie. Certaines caractéristiques sont devenues spécifiques et se sont fixées au point de rendre cette population homogène tant dans son comportement que dans son tempérament et sa morphologie. </br> </br> L’environnement est déterminant pour l’amener à ses propres caractéristiques, via le climat, le type de végétation disponible, c’est ce qui est arrivé au cheval ou poney Islandais après que les Norvégiens et leurs montures aient colonisé les glaces islandaises dès 871 après JC. La sélection naturelle a joué un rôle majeur dans le développement de la race, un grand nombre de chevaux mourant du manque de nourriture et de l'exposition aux éléments, les petits chevaux déjà rustiques restants se sont habitués aux conditions climatiques de l'île et à son terrain escarpé, et se sont nourris de lichen, d’algues marines. </br> </br> Entre 874 et 1300, les éleveurs islandais sélectionnèrent leurs chevaux sur des critères de couleurs de robe et de conformation. De 1300 à 1900, le climat se fit plus dur et de nombreux chevaux et hommes moururent. Entre 1783 et 1784, environ 70 % des chevaux de l'île furent tués par empoisonnement avec des cendres volcaniques et par la famine après l'éruption du Laki. (Volcan qui fut à l'origine du déclenchement de la révolution française). La population se reforma lentement durant le siècle suivant et l’élevage sélectif reprit au début du 20ème siècle. </br> </br> En 982, le parlement islandais Althingi a adopté une série de lois interdisant l’importation de toute autre race de cheval dans le pays, ouvrant ainsi une période de mille ans pendant laquelle l’espèce allait être complètement isolée sur l’île. Voilà pourquoi le cheval islandais est l’une des races les plus pures du monde. Car si certains chevaux pouvaient être exportés, ils ne revenaient quasiment jamais. </br> </br> Il y a 900 ans environ, cependant, des expériences de croisement avec un cheptel d’origine orientale furent tentées, mais elles se soldèrent par un échec, et l'on assista à une dégénérescence importante qui faillit même provoquer l’extinction de l’espèce. C'est pourquoi depuis, les hommes se sont attachés à préserver du mieux possible le cheval islandais, caractérisé désormais par une santé et une espérance de vie exceptionnelles. En moyenne, un cheval islandais peut vivre plus de 40 ans, le record de longévité connu à ce jour étant de 59 ans. </br> </br> L’un des traits les plus caractéristiques du cheval islandais est les cinq allures qu’il connaît. Tous les chevaux connaissent généralement trois allures traditionnelles : le pas, le trot et le galop. Mais le cheval islandais connaît deux allures supplémentaires : le « tölt » et le « skeid », ou « amble volant ». La capacité de chaque animal à réaliser correctement ces deux allures détermine sa valeur. </br> </br> Les origines de la fierté des islandais pour leur cheval sont à rechercher dans les temps les plus reculés. Cet animal a toujours été à l’honneur dans le folklore scandinave, et lorsque les colons sont arrivés sur l’île, ils n’ont pas seulement importé le cheval, mais également tous les mythes et légendes dont il faisait l’objet. La littérature, la poésie et le folklore regorgent d’exemples qui reflètent l’admiration que lui voue la nation. Et le cheval n’a pas seulement été glorifié tout au long de l’histoire en tant que meilleur serviteur de l’homme, mais également comme son meilleur ami. </br> </br> Selon les Grágás, le premier recueil de lois islandaises, voler le cheval de quelqu'un était passible de l’exil forcé. Les voleurs de chevaux étaient donc bannis, et tous les hors-la-loi pouvaient être pourchassés et mis à mort en toute légalité. On ne peut pas être plus clair : tu ne voleras point le cheval d’autrui ! </br> </br> Jadis, le cheval était absolument indispensable à la survie des habitants, il était leur meilleur et leur plus sûr moyen de transport, et il pouvait même parfois leur sauver la vie ! De nombreux récits font état de cavaliers égarés dans des tempêtes de neige au beau milieu de la nature la plus sauvage et la plus impitoyable d’Islande, et qui ne purent survivre qu’en restant au chaud blotti contre leur cheval en attendant les secours, ou même grâce au cheval lui-même qui retrouve seul le chemin du foyer où il ramène son cavalier épuisé sur le dos. </br> </br> De nos jours, avec la mécanisation des transports et l’amélioration des routes, le cheval a bien sûr perdu beaucoup de son utilité, mais il occupe toujours la même place dans la vie des Islandais. Les fermiers l’utilisent encore pour garder leurs troupeaux de moutons dans les Hautes Terres. De plus, les compétitions d’allures et autres courses sont toujours organisées avec un sens élevé de la mise en scène depuis la fin du 19ème siècle. </br> </br> L'agriculture se résume à l'élevage des moutons et des chevaux. Il n'y a pas de culture, les moutons laissent les vastes prairies aux chevaux en hivers. Le fourrage est seulement pré fané et est conservé sous la forme de balles enrubannées qui serviront à l'alimentation des moutons en hivers. Les chevaux d'une incroyable résistance, se nourrissent par eux même... cette particularité fait du cheval Islandais, un cheval d'une rusticité extrême... </br> </br> L'islandais ne fut exporté que tardivement, au XXe siècle. Depuis, son succès en a fait une race représentée par des associations dans 19 pays, particulièrement en Europe de l'Ouest, en Scandinavie et en Amérique du Nord. Près de la moitié des chevaux islandais exportés se trouvent en Allemagne. Il y a environ 80 000 chevaux Islandais en Islande et 100 000 en dehors dont la moitié vivent en Allemagne.</br>
Il y a quelques années, alors que je pensais faire découvrir la philosophie pratiquée à Groboz à Ahmed Rayane ! quelle ne fût pas ma surprise quand il me dit qu'il nous connaissait... Mais ce qui me fascina, c'est ce qu'il me dit d'entrée ! </br> </br> "La question est de savoir quel est le cheval que l'on veut ?", il précisa que ceci s'adressait à tout élevage et ce pour n'importe quelle race et pour toutes les équitations du monde... </br> </br> Et de prendre en exemple l'élevage de Groboz qui venait de récupérer pour la deuxième fois consécutive un étalon algérien : "Si vous faites cela, vous faites mieux que ce que nous préconisons : retremper la souche toutes les trois générations !". </br> </br> En tant qu'éleveur, nous avons des responsabilités ! Préserver le cheval dans ses origines en est une... Nous pouvons élever des chevaux loin de leur berceau d'origine, nous devons "retremper" la souche d'origine... </br> </br> La phrase "Il faut la vie d'un homme pour faire un cheval" prend d'un coup tout son sens : un homme peut consacrer sa vie à créer le cheval idéal...
Loisirs,temps libre, passe temps... que n'a t-on pas entendu pour décrire l'envie toute simple que l'on a de partir ! Il y-a quelques années, le département du Jura a lancé une étude sur les aspirations des touristes du futur. Trois mots en R en résument le sens : Retrouvailles, Ressourcement, Rupture... Aujourd'hui la question est: que doit-on mettre en oeuvre pour répondre à ces attentes ? </br> </br> A l'opposé d'un tourisme de masse qui ne s’intéresse qu'à un client et ne se préoccupe que de ses besoins, à Groboz, nous nous autorisons à nous attarder sur nos aspirations nouvelles qui nous poussent à rechercher des espaces d'échanges et de questionnement sur notre existence... <b> "Ces échanges ne sont qu'un prétexte à se voir soi-même dans les yeux de l'autre" </b> Guillaume Mouton (Mouts), voyageur, auteur et réalisateur (Nus & Culottés, France 5) </br> </br> Nous sommes à ce carrefour et il est temps de créer cet espace à Groboz où cette aspiration pourra trouver une réponse. Il y a cinq ans, nous avons lancé une première tranche de travaux avec la réhabilitation du bâtiment de four qui est devenu notre habitation. Le bâtiment du XVIIIème siècle où nous vivions auparavant, va connaître à son tour la deuxième tranche de travaux et deviendra une maison d'hôtes. </br> </br> Pour autant, cet investissement n'est rien en comparaison avec le travail pour permettre à chacun d'entre nous, d’accéder à des univers très éloignés de ce que nous propose actuellement la société de consommation... Ce travail doit s'accomplir avec tous les acteurs du tourisme au sein des Régions, Départements et Agglos (Ain tourisme, CAUE, Gîte de France), en utilisant au maximum les outils de la loi NOTRE (Schéma directeur, nouvelle répartition des compétences, PLUi). </b>
<b> L'ostéopathie est la médecine qui vise à permettre le mouvement au niveau des tissus, organes et articulations. L'ostéopathie intervient face à une douleur qui empêche le cheval de se déplacer comme il le souhaite. </b> </br> </br> Il vous est sans doute déjà arrivé de voir votre cheval raide, il manque de souplesse et ne s'engage pas autant que d'habitude. Vous devez alors prolonger la période d'observation sur plusieurs jours. </br> </br> Dans un premier temps, vous devez faire voir votre cheval à son maréchal ferrant qui diagnostiquera peut être un pied chaud avec un abcès qui se résorbera par lui même dans les deux semaines qui suivent. </br> </br> Dans un deuxième temps, vous devez le faire voir à son ostéopathe. La consultation va se dérouler en cinq étapes : </br> </br> Etape 1 - L'anamnèse : </br> </br> Il est important que le propriétaire soit présent lors de cette première étape où l’ostéopathe prend un maximum d'informations sur le cheval sur, sa condition physique, ses antécédents médicaux, son environnement, son quotidien, son caractère. L'observation se fait au repos. </br> </br> Etape 2 - L'examen pratique : </br> </br> L'ostéopathe parcours le corps de l'animal au calme. Il le regarde, le palpe, il repère d'éventuelles contractures ou cicatrices. L’intérêt est porté sur la position du cheval, ses membres et son état général. </br> </br> Etape 3 - L'examen dynamique : </br> </br> Le cheval est en mouvement de face, de profil, puis de dos. Il doit se déplacer au pas puis au trot, afin de repérer d'éventuels problèmes de locomotion ou/et d'aplomb. </br> </br> Etape 4 - Le testing : </br> </br> L'ostéopathe procède à une série de tests dans le but de détecter des blocages articulaires ou/et musculaires. </br> </br> Etape 5 - Les corrections et la rééducation : </br> </br> Le spécialiste met en place un protocole de rééducation pour éviter le retour des lésions et permettre à l'animal de retrouver son équilibre initial. Le cheval a besoin de 2 à 4 jours de repos entre la consultation et le début du protocole.
<b> Rencontre </b> </br> </br> Ancien journaliste et réalisateur de documentaire, le cinéaste Edouard Bergeon est fils d'agriculteur. Il était adolescent lorsque son père a mis fin à ses jours. Un drame fondateur, dont il a tiré une fiction. </br> </br> Edouard Bergeon nous reçoit dans son restaurant, qu'il a récemment ouvert à Paris avec un ami. Dans les assiettes, uniquement des produits de qualité. Ici, comme dans son dernier long-métrage, il dénonce les modes de production industriels. <b> "Au nom de la terre </b> est un film coup de point. Je veux que ce soit la fin d'un monde. Mon père s'est ôté la vie en avalant des phytos, et ce n'est pas anodin." </br> </br> En 2013, dans un documentaire intitulé Les fils de la terre, le réalisateur avait suivi Sébastien, un éleveur du Lot. Les difficultés de ce dernier, si proches de celles de son père, lui avaient permis de montrer qu'en une génération, la détresse n'avait pas disparu des campagnes. En 2019, avec sa première fiction, il expose cette fois-ci les rouages intimes d'un cercle implacable: l'endettement, l'isolement et la dépression. </br> </br> <b> Plus fort que le réel </b> </br> </br> Enfant, Edouard Begeon ne voulait pas devenir agriculteur. Il s'imaginait ingénieur agronome, ou cycliste. Il a finalement commencé sa carrière comme journaliste sportif, avant de devenir reporter pou France2. ET c'est à 27 ans qu'il se lance dans son premier documentaire. </br> </br> "Portée par des comédiens, la fiction est plus forte, mais pour faire fonctionner une histoire à l'écran, on doit s'affranchir de certaines choses. Notre ferme par exemple, a brûlé deux fois, et la descente de mon père a duré près de deux ans", confie-t-il. Dans <b> Au nom de la terre </b>, Guillaume Canet incarne cet exploitant à la dérive. "Par chance, l'acteur apprend vite. En vingt minutes, il savait déjà reculer avec un pulvé ou une benne pleine", s'amuse le cinéaste. Des compétences qui se sont avérées précieuses puisqu'il désirait reproduire la ferme de son adolescence jusque dans les moindres détails. "Je voulais être techniquement irréprochable. Si la scène se passe en 1996 ou en 1997, il ne faut pas utiliser du matériel de ces années-là, mais des engins construits cinq ou dix ans auparavant. On a retrouvé les machines d'époque chez des concessionnaires ou encore chez des voisins, qui nous ont beaucoup aidés", se félicite-t-il. </br> </br> <b> Le temps du changement </b> </br> </br> "Un certain modèle agricole, soutenu par la chimie, est terminé", appuie-t-il. Mais il comprend les difficultés rencontrées sur le terrain. Grâce, entre autres, à Paul François, l'agriculteur qui a attaqué Monsanto en justice, un homme qu'il connaît bien et qui lui a raconté sa lente transition. "Paul a mis dix ans pour se convertir au bio. </br> </br> Quand on est sur des trésoreries tendues, c'est compliqué. Bio ou agriculture de conservation, il existe des solutions, mais elles demandent du temps", rappelle-t-il. </br> </br> Le temps, c'est précisément ce dont son père a manqué. Pour lui et ses proches. "Même avec une famille, on peut se sentir seul. Souvent, la seule bouffée d'air, c'est la visite du commercial, mais ça ne suffit plus". </br> </br> <b> Le film d'Edouard Bergeon "Au nom de la terre" sort en salles le 25/09/2019 </b>
<b> Les touristes étrangers raffolent des richesses naturelles et culturelles de la France. La nouvelle tendance pour un tourisme vert et pourvoyeur d'expériences donne de belles perspectives à l'agrotourisme. </b> </br> </br> Près de 90 millions de touristes étrangers ont visité la France en 2018 (3% de plus qu'en 2017) d'après la Direction générale des entreprises, et ils pourraient être 100 millions en 2020, espère le ministère des Affaires étrangères. Huit sur dix Européens : Britanniques, Allemands et Belges, suivi des Suisses, des Italiens et des Espagnols. La clientèle extra-européenne est, certes, moins nombreuse (20%, soit 19 millions), mais en forte progression: +7% d'Asiatiques entre 2017 et 2018, +16% d'Indiens, +18% de Canadiens... Enfin, économiquement, le tourisme est un secteur stratégique, qui représente 7,2% du PIB, soit plus de deux fois la part du secteur agricole. </br> </br> Comment les agriculteurs peuvent-ils tirer parti de cette manne ? L'agrotourisme a de belles perspectives de croissance. D'autant qu'il correspondra aux attentes de demain, prédisent à leur tour les députés de la Mission d'information sur le tourisme (Rapport d'information sur le tourisme présenté par Marguerite Deprez-Audebert et Didier Martin, déposé le 24 juillet 2019). </br> </br> Selon eux, les touristes sont en quête de sens, et plébiscitent un tourisme durable et éthique. Les millenials (18-35 ans) aspirent à redécouvrir les terroirs oubliés, rencontrer des locaux, être "utiles", tout en essayant de limiter les déplacements polluants. Les mobilités douces, comme la randonnée, le vélotourisme et le tourisme fluvial, connaissent aujourd'hui un grand succès. Les touristes étrangers veulent eux plutôt découvrir la "vrai vie" des gens de la campagne. Ils veulent vivre une expérience originale, participer aux travaux agricoles, apprendre à cuisiner. Les agriculteurs ont une belle carte à jouer en proposant des séjours à la ferme sur ces thèmes. Mais attention à ne pas tomber dans la folklorisation. Il s'agit plutôt d'allier tradition et modernité, rester sobre sans être passéiste. Enfin, les vacanciers qui choisissent la campagne viennent se déconnecter, couper un rythme effréné, retrouver des valeurs, le contact de la terre... Et pour cela, rien de tel que de loger ou de visiter une ferme. </br> </br> Enfin, le tourisme de gastronomie et l'oenotourisme (Selon Atout France, l'oenotourisme représente 10 millions de touristes, dont 42% d'étrangers), déjà très appréciés, ont encore un potentiel de développement considérable, affirment les experts.
<b> Depuis 2018, le village ne compte plus qu’un agriculteur et les habitants ne savent pas encore quels seront les prochains terrains en friches. </b> </br> </br> Saint-Germain-de-Joux n’a plus d’agriculteurs depuis fort longtemps. Les broussailles, puis les forêts, sont venues lécher les abords du bourg. Le maire, Gilles Thomasset et son conseil municipal ont décidé d’y remédier sur quelques parcelles achetées par la commune. Elles ont été débroussaillées par des machines, puis par des chevaux polonais, avec l’aide technique du Parc naturel régional du Haut-Jura. </br> </br> Entre 1920 et 1930, la commune de Giron comptait près d’une trentaine de petits agriculteurs et les espaces étaient bien plus ouverts qu’aujourd’hui. Des plantations d’épicéas sauvages ont remplacé certaines prairies. Le nombre d’éleveurs a peu à peu diminué jusqu’à ce qu’il n’y ait plus assez de lait livré à la fromagerie. Celle-ci a définitivement fermé en 1992 et le nombre d’agriculteurs est tombé à deux au tournant du 21ème siècle. </br> </br> <b> Sur la superficie de 939 hectares du territoire de Giron, un peu plus de 300 hectares sont pâturés ou fauchés aujourd’hui. En 1920, plus de 500 hectares étaient cultivés, pâturés ou fauchés. </b> </br> </br> Dans ce village de moyenne montagne touristique, réputé pour ses espaces ouverts et son ensoleillement, la situation devient fragile suite à la cessation d’activité d’un des deux éleveurs en 2018. Un GAEC de Champfromier a repris la location d’une partie des terrains, le second éleveur entretient comme il peut une autre partie du reste. </br> </br > Il semble que pour l’instant, Eric Tarpin-Lyonnet, le maire de Giron, n’a aucun moyen de savoir quels terrains resteront en friche. Certains habitants conscients des enjeux, tant au niveau de la biodiversité que de celui sociétal, sont particulièrement inquiets au sujet des parcelles situées juste au-dessus du village. </br>
<b>Rencontre avec le "véto" devenu paysan </b> </br> </br> Après avoir fait carrière en parcourant le monde en tant que vétérinaire, Arnaud Bourgeois a réalisé son rêve d'enfant : devenir éleveur et contribuer à sauver des races anciennes menacées de disparition. </br> </br> "Tout petit, je voulais absolument être paysan. En Normandie, je passais mon temps chez mes grands-parents à regarder les vaches à la traite". Les souvenirs d'enfance marquent souvent des vies entières. C'est le cas d'Arnaud Bourgeois. Après une brillante carrière à parcourir les cinq continents comme vétérinaire au sein de Ceva santé animale, laboratoire pharmaceutique au rayonnement planétaire dont il fut l'un des principaux dirigeants, cet homme de cinquante-cinq ans a concrétisé son rêve. Avec son épouse, il a trouvé son havre de paix, au cœur de la campagne périgourdine. Depuis 2016, Arnaud s'occupe à temps plein de son exploitation agricole et de ses animaux: des porcs, des chevaux, des bovins, des chiens, uniquement des races menacées de disparition et issues majoritairement du sud-ouest de la France. </br> </br> <b> Redécouvrir des choses vraies </b> </br> </br> "Le domaine de la Valette est un projet dans l'agrotourisme" explique-t-il. Avec ma femme Fabienne, nous développons deux activités avec six gîtes et un élevage bio. Nous produisons différents types d'animaux commercialisés en vente directe". Cette propriété de 80 hectares, avec une belle demeure du XVIIème siècle entourée de bâtiments, est apparue comme une évidence pour mener à bien leur idéal: accueillir des touristes de passage en quête de sérénité et de repos et élever des animaux. "Ma volonté était de faire redécouvrir des choses vraies en se servant du patrimoine vivant des races qui existaient autrefois dans le Sud-Ouest et en Dordogne", poursuit Arnaud Bourgeois. </br> </br> Pour l'exploitant, habiter à la campagne est non seulement un art de vivre, mais aussi l'expression d'un engagement pour une ruralité vivante et moderne qui répond à des enjeux de société en panne d'identité. "Ici, c'est tout le contraire d'une arche de Noé", souligne t'il. Il s'agit de développer une ferme de production en misant sur la qualité, dans le respect du bien être animal, sans perdre le but d'une viabilité économique". Papa de jeunes enfants de huit et dix ans, Arnaud est conscient du rôle majeur dans l'avenir de la société.
A l'heure du développement durable, l'agro écologie est une des voies retenues pour améliorer la performance environnementale, économique et sociétale de l'agriculture en favorisant les processus naturels et écologiques de la diversité biologique. </br> </br> Les élevages et les entreprises utilisant le cheval peuvent s'inscrire dans cette démarche en adoptant différentes pratiques, à partager entre elles et à adapter à leurs objectifs spécifiques </br> </br> https://equipedia.ifce.fr/infrastructure-et-equipement/installation-et-environnement/developpement-durable/cheval-et-agroecologie.html
Le sevrage est sans doute l’étape la plus importante de la vie d’un cheval car elle façonne irrémédiablement son comportement. Nos pratiques d’élevage ont pour conséquence de transcender ou d’abimer nos chevaux. </br> </br> A Groboz, nous cherchons à recréer l’écosystème des chevaux libres, celui de leur environnement, comme celui de leur structure sociale. Je ne crois pas qu’il existe une année, où nous n’ayons pas exploré une nouvelle expérience. </br> </br> Depuis deux ans, nous pratiquons un sevrage en deux temps. Cette année nous devons prélever trois poulains mâles du groupe familial. Ijja né le 31 mars 2018 qui ne tète plus sa mère depuis janvier, Ikken né le 30 aout 2018 et Jamal né le 29 mars 2019 restent à sevrer. </br> </br> Nous appliquons ce que l’on observe dans la nature, à savoir la séparation de tous les poulains en même temps du groupe familial. Dans un espace sans clôtures, les poulains et les pouliches vont errer ensembles à l'écart du groupe familial. Cette expérimentation instinctive par le cheval est la garantie de son équilibre futur. </br> </br> Nous choisissons le créneau qui respectera à la fois la limite de 21 mois maximum de la maturité sexuelle de Ijja et à la fois la lactation minimum de 9 mois de Jamal. </br> </br> Début janvier, nous laisserons les trois poulains sur la prairie qu’ils ont toujours connu depuis la naissance. Nous déplacerons le reste du groupe familial sur autre prairie distante de plusieurs centaines de mètres. Nous introduirons ensuite, le groupe de poulains males de plus de deux ans dans la prairie des trois poulains. </br> </br> Nous ne manquerons pas de vous informer des résultats de cette nouvelle expérimentation. La raison d'être de notre activité est cette sérénité croissante chez nos chevaux de générations en générations. Notre bonheur est de réaliser ce rêve de cheval et de le transmettre. </br>
"La prairie fournit de nombreux services environnementaux et sociétaux", soulignait François Peyraud, chercheur à l'INRA, en introduction des conférences de l'Association française pour la production fourragère (AFPF) qui se déroulait les 12 et 13 mars à Paris. </br> </br> Les conférences ont montré que le pâturage était source de <b>bien-être pour les animaux</b>. Il implique moins de mammites, moins de boiteries, moins d'acidose... </br> </br> Pourtant la production des prairies serait fortement sous-exploitée. La part des troupeaux ne pâturant jamais est passée de 6 à 8 % au cours des dernières années. </br> </br> Les outils de gestion de la gestion de la prairie à la disposition des éleveurs ne parviennent pas à inverser la tendance. "C'est la demande de l'aval qui peut faire évoluer les systèmes et une politique agricole commune plus favorable à la prairie", estime Jean-Marc Mussot, agriculteur dans l'Ain. </br> </br> Il faut considérer et rémunérer les services écosystémiques apportés par la prairie", ajoute François Peyraud. Pour le chercheur, le <b>stockage du carbone</b> et la <b>préservation de la biodiversité</b> devraient être davantage pris en compte.
<b>Plus de huit Français sur dix ont une bonne opinion des agriculteurs, selon un sondage. Un constat qui se vérifie dans toutes les catégories d'âge et auprès de toutes les sensibilités politiques.</b> </br> </br>A l'occasion de l'ouverture du Salon international de l'Agriculture à Paris, un sondage Odoxa-Dentsu Consulting affirme que 85% des Français ont une "bonne ou très bonne opinion" des agriculteurs.</br> </br>Selon cette enquête publiée par Franceinfo et Le Figaro, jeudi 21 février, les personnes interrogées trouvent en grande majorité qu'ils sont <b>"utiles" (93%), "courageux" (92%), "passionnés" (88%) et "sympathiques" (79%).</b> </br> </br> <b>Un modèle "ultra-intensif" remis en question</b> </br> </br>La 56e édition du Salon international de l'agriculture (SIA), du 23 février au 3 mars, devrait accueillir selon les organisateurs entre 650 000 et 700 000 visiteurs. L'année dernière, 672 000 personnes avaient arpenté les allées de la porte de Versailles à Paris. Plus que jamais, le salon souhaite refléter une agriculture proche de la réalité que vivent une majorité d'agriculteurs : <b>ils ne se reconnaissent pas dans un modèle ultra-intensif néfaste pour les hommes comme pour les animaux,</b> ni dans une agriculture passéiste, mais pratiquent un <b>modèle</b> raisonné, <b>majoritairement familial</b>.</br> </br>Alors que la Politique Agricole Commune (PAC) post 2020 n'est toujours pas définie, il semble qu'un nouveau modèle agricole se dessine, résultat d'un véritable projet de société.</br> </br>Les enjeux sociétaux : l'alimentation, le bien-être animal, le changement climatique, ne doivent pas occulter l'autre risque majeur qu'est la précipitation du schiste entre les deux mondes agricoles que plus rien ne relient : l'un tourné vers l'agrobusiness et l'export, l'autre vers la vente directe, les produits à forte valeur ajoutée et le lien direct intergénérationnel au sein d'une famille.</br> </br>Pourtant, ce n'est pas parce que le schéma établi dans les années soixante est obsolète que la question du modèle a cessé d'être pertinente. Plutôt que d'affirmer sa disparition, mieux vaudrait en réinventer un, qui soit en phase avec les contraintes du monde moderne (libre concurrence, écologie) et les attentes sociétales. Tout le défi est ici d'allier unité et diversité. De proposer un socle de valeurs communes - ce qui fait l'essence même du modèle - et simultanément de reconnaître les spécificités des manières de produire; il faut penser un multiculturalisme agricole. Le modèle n'est pas l'uniformité, mais un cadre de référence, reflet d'un projet de société. C'est donc avant tout un choix démocratique national. Mieux : européen.</br>
Si nos méthodes d'élevage ne respectent pas les différentes étapes de la vie d'un cheval, au fil des générations, nous risquons d’abîmer les raisons pour lesquelles il nous fascine tant. Le sevrage est sans doute l'étape la plus importante de la vie d'un cheval car potentiellement la plus traumatisante. </br> </br> La structure sociale des chevaux libres n'est pas le fruit du hasard, elle est le résultat de plusieurs milliers d'années d'évolution et obéit à des règles pour éviter la consanguinité. La population se compose de groupes familiaux qui rassemblent un ou deux étalons et leurs juments suitées ou des groupes de jeunes poulains célibataires. </br> </br> Le sevrage que nous pratiquons à Groboz est cette transition naturelle pour un cheval vers sa vie d'adulte. Au delà de la nécessite pour une jument de se consacrer à la gestation du futur poulain en cessant sa lactation. Le sevrage naturel est décidé par le mâle, quelquefois par une jument dominante, jamais par le poulain. </br> </br> Dans un espace sans clôtures, les poulains et les pouliches vont errer ensembles à l'écart du groupe familial. Cette expérimentation instinctive par le cheval est la garantie de son équilibre futur. Libre à nous de détruire ce fragile héritage ou d'en conserver le patrimoine pour construire une collaboration différente et fructueuse avec nos chevaux. </br> </br> Pour la deuxième année consécutive à Groboz, nous assistons à un sevrage en deux temps. Une des trois juments a pouliné à la fin de l'été. Cela signifie pour nous, une nouvelle expérience avec le retrait de deux juments et le sevrage de deux poulains restés dans le groupe composé d'une jument suitée et d'une pouliche de deux ans réintroduite il y a quelques mois. </br> </br> Déjà l'an passé dans des conditions similaires avec en moins la pouliche de deux ans réintroduite, nous avions remarqué peu d'inquiétude chez les poulains. Cette année la présence de la pouliche de deux ans et d'une jument ayant acquis une année supplémentaire d'expérience avec nos méthodes, nous conduit à observer cette fois aucun mouvement d’inquiétude et aucun hennissement. </br> </br> La raison d'être de notre activité est cette sérénité croissante chez nos chevaux. Notre récompense est une source inépuisable d'émotions. L'autre jour, je rentre de nuit. C'est à la lampe frontale que je compte quatre chevaux. Je me surprends à ne pas m'inquiéter et me contente de remonter la râtelier, puis je marche dans la prairie... Là ! tranquille la pouliche de deux ans vient à ma rencontre... Vous rendez-vous compter, elle est restée seule, la nuit, sans aucune appréhension, à deux ans... </br>
Il y a quelques années, pour préserver les juments, nous avons évoqué la possibilité de les faire pouliner un an sur deux. Dans un élevage "classique", les choix sont généralement le résultat de considérations purement économiques. A Groboz, il y a deux choses qui nous animent : </br> </br> - La production de chevaux issus d'un écosystème reconstitué et inspiré de l'étude d'Emmanuel Théret sur les chevaux sauvages du Namib... </br> </br> - Quand il y a un doute sur une activité qui pourrait remettre en cause ce choix, nous ne la faisons pas... </br> </br> A l'état naturel, la moyenne pour une jument est un poulinage tous les quatre ans. Jusqu'à présent nous pensions n'avoir qu'un levier à notre disposition, la date du sevrage... </br> </br> L'attachement à notre premier étalon, nous a sans doute interdit d'explorer d'autres façons d'élever les chevaux... </br> </br> Quoiqu'il en soit, notre réflexion nous a amené à un choix agronomique plus radical, nous changerons d'étalon tous les cinq ans et surtout, nous ne le garderons que deux ans au milieu des juments, soit une période d'absence d'étalon et de poulinages durant trois ans...
Le gouvernement, désormais doté d'un grand ministère de la Cohésion des territoires, a renoué le dialogue, après des mois de relations tendues avec les grandes associations d'élus locaux et territoriaux.</br> </br>Le premier ministre a d'ailleurs reçu la semaine dernière les maires ruraux leur expliquant que le niveau communal ne sera pas remis en question. Les élus des petites communes sont un des maillons essentiels de la dynamique et de la vie des territoires ruraux auxquels le gouvernement doit accorder toute son attention.</br> </br>Or une étude récente de l'Ifop pour Familles rurales, indique qu'une majorité d'habitants des zones rurales considèrent qu'au cours des dernières années, leur situation s'est dégradée en matière d'accès aux services publiques, à la santé ou aux commerces de proximité.</br> </br>La sensation d'abandon qui s'exprime, est réelle et s'ajoute au ras le bol fiscal. Et les ruraux ont, bien plus que les autres, le sentiment de ne pas bénéficier de l'action des pouvoirs publics. Ces derniers doivent donc vraiment y prendre garde, car il y va de la cohésion nationale.</br> </br>D'autant qu'actuellement, les ménages ruraux sont largement pénalisés par l'augmentation des carburants, dont une partie des taxes, alors que bien souvent ils n'ont pas d'alternative en termes de transports collectifs.</br> </br>Pour autant, il fait bon vivre à la campagne. Une large majorité de Français le pensent au point de faire de la ruralité une référence en matière de qualité de vie et de préservation de la nature.</br> </br>Du reste, très peu de ruraux seraient prêts à partir. Reste que<b> pour maintenir ou attirer des habitants ou des entreprises, il faut avoir un territoire attractif.</b></br> </br>En plus de répondre aux enjeux environnementaux, l'agriculture façonnera ce territoire attractif, en favorisant ou pas, un model d'exploitation à taille familiale, seul capable de produire l'envie pour chaque citoyen de créer du beau...</br> </br><b>"L'homme à son insu, compose sa vie d'après les lois de la beauté jusque dans les instants du plus profond désespoir !" Kundera</b></br>
<b> En marge de l'édition 2018 de la "Quinzaine de la transmission" du 21 novembre au 4 décembre, Patrimoine a souhaité rencontrer à Groboz, Nadine et Jean-Marc Mussot qui ont créé à partir d'une vocation d'idéal de cheval un patrimoine à transmettre dans un contexte particulier, en effet : </b> </br> </br> Aujourd'hui, trois fermes sur dix sont absorbées et servent à l'agrandissement des voisins. </br> </br> Cinq poursuivent leur activité aux mains d'un membre de la famille. </br> </br> Deux, de celles d'un hors cadre familial, des repreneurs avec lesquels il faudra de plus en plus compter. </br> </br> <b> Patrimoine: A Groboz, sur la commune de Villemotier, Nadine et Jean-Marc Mussot ont il une analyse personnelle de la situation ? </b> </br> </br> L'avenir est encore plus préoccupant ! Les témoins interrogés dans ce dossier racontent la recherche de leur successeur pour des installations individuelles. Dans deux cas sur trois, les offres de reprise sont faites par un membre hors cadre familial. </br> </br> <b> Patrimoine: En effet, cette situation est préoccupante ! Et justement, qu'en est-il à Groboz ? </b> </br> </br> Derrière ces chiffres angoissants pour celle ou celui qui crée souvent l'œuvre d'une vie, il ressort qu'une transmission anticipée et pour laquelle les cédants ont créé une relation de confiance avec le repreneur, est au contraire source d'une grande satisfaction. </br> </br> <b> Patrimoine: Donc, à Groboz, la solution est l'anticipation ! Pour autant, un patrimoine issu d'un rêve de cheval n'est-il pas de nature à perturber les plus grandes vocations mais qui sont forcément différentes ? </b> </br> </br> Oh ! la bonne question... Nous aussi, nous avons du cheminer dans cet exercice pas simple. Au delà de l'idée de perpétuer l'œuvre de plusieurs vies, la certitude que le repreneur enrichira l'entreprise d'idées nouvelles en est la clé ! D'ailleurs la force d'un patrimoine familial est que cette famille soit capable d'en faire une entreprise qui survive à toutes les époques et non un capital dont on se contente d'hériter </br> </br> <b> Plus d'une exploitation sur trois sera à céder d'ici à 10 ans. </br> </br> Pour la moitié d'entre elles, aucun repreneur n'a été identifié. </br> </br> Une sur cinq pourrait disparaître. </b> </br>
Publié par marie de Pointe du Monde, le 6 Avril 2017 </br> </br>www.pointedumonde.com </br> </br> <b> Patrimoine: A Groboz, sur la commune de Villemotier, Nadine et Jean-Marc Mussot ont su explorer toute la finesse et la complexité de l’élevage au naturel. </b> </br> </br> Le haras de Groboz. Pour cet fin d’été, nous sommes partis à la rencontre d’éleveurs, amoureux d’un cheval en particulier. Pour quelles raisons ces passionnés en ont-ils fait leur vocation? Quels en sont les points forts, les points faibles ? Qu’apporte-t-il dans le monde du cheval? Comment exprime-t-il le patrimoine Bressan dans lequel il se nourrit ? Le cheval que tous les cavaliers de plus de soixante-dix ans ont monté, ne cesse de séduire davantage. Depuis le hameau de Groboz à Villemotier, Nadine et Jean-Marc Mussot en sont devenus d’ardents promoteurs dans la ferme qu’ils exploitent. </br> </br> <br> Nadine et Jean-Marc Mussot ont su prendre tous les risques. </b> </br> </br> Sur le chemin pierreux, Jean-Marc se plante les deux mains enfoncées dans les poches et observe un groupe de chevaux. Entre les haies bocagères qui témoignent d’une tradition d’élevage ancestrale, les chevaux ici ont remplacé les vaches charolaises et les vaches montbéliardes. Quelques passages jaunis témoignent d’un broyage récent des refus de pâture. Mais la prairie de Groboz, cette terre d’argile lourde et profonde, offre à l’herbe de la parcelle une vigueur éclatante. </br> </br> <b> La terre où est né le finaliste 2015 à El Jadida </b> </br> </br> Un écrin à l’abri du consumérisme : depuis vingt-cinq ans, c’est sur ce terroir que naissent et s’épanouissent les frères et sœurs de Baligh de Groboz, le médaillé de bronze des derniers championnats du monde du cheval barbe. Installés dans le hameau depuis 2003, Nadine et Jean-Marc ont repris l’élevage de Groboz, unique par son caractère rustique qui seul peut garantir la vigueur et l’autonomie des grands chevaux. Avec une passion et une foi intactes, le couple enregistre avec humilité les premières expressions d’une belle reconnaissance. Etonnamment, dans le même temps, l’esprit centre équestre local continue d’ignorer ce cheval. « Ça montre que même si un élevage est ancré depuis vingt-cinq ans, il peut se heurter à l’incompréhension de ses plus proches voisins!», relève simplement Jean-Marc Mussot à l’origine de la reprise et du développement de cet élevage unique. «On s’est donné la liberté. Ça ne nous a pas rapproché du milieu du cheval local, mais on a pu faire les choix agronomiques qu’on voulait, sur les conseils de gens avisés. Par contre en Bresse, on n’a pas la chape de plomb de la tradition, on peut prendre tous les risques », ajoute-t-il. </br> </br> <b> Les chevaux barbes de la prairie de Groboz. </b> </br> </br> L’élevage rustique, conçu à l’origine par Edmond Rovidati, se développe sur une exploitation conduite en agriculture biologique. « On a débarqué dans cette vie d’éleveur avec au moins une idée: pourquoi faire telle ou telle chose comme cela? Si on n’avait pas une explication, on ne le faisait pas.» </br> </br> <b> « Un jeu entre austérité et plénitude » Nadine Mussot </b> </br> </br> Ces audaces, cette liberté, Groboz les revendique aussi dans la gestion des prairies. « Pour nous, ça continue à être une fête. Viennent les amis, les amis des amis. Tous les dimanches à 12h00, on parle de la semaine de chacun. C’est un privilège que nous nous sommes donné.» Et le goût du beau travail participe à ce plaisir renouvelé. « C’est un cheval romantique dont la conduite nécessite un quotidien qui évoque la couleur et les odeurs d’une époque révolue. En étant de l’extérieur, j’appréciais l’existence des chevaux méditerranéens qui lui ressemblent tant ». Poursuit Nadine, qui évoque un choix « instinctif » au départ. Aujourd’hui l’éleveuse est séduite par « l’équilibre» des chevaux obtenus. «Il y a un jeu entre austérité et plénitude.» « La base de rusticité était sur les anciennes juments. Mais dix ans après, la relève de leurs filles est plus riche, sur leur désir de contact avec l’homme. Il faut plusieurs générations pour que la souche d’un élevage soit à l’apogée de ce qu’elle peut donner », confie l’éleveuse. De leurs nouvelles vies, Nadine et Jean-Marc Mussot ont au moins acquis une certitude: « Maintenant, nous savons que nous apprenons tous les jours au contact des chevaux. Mais c’est passionnant! » </br> </br> Toutes les informations sont sur: www.groboz.fr
Vous ne vous en êtes sans doute pas rendu compte ? Mais ça fait dix ans que vous consultez le site internet de Groboz ! Pour célébrer cette anniversaire, nous avons décidé de relooker ses rubriques, bonne lecture de son nouveau format…
A la reprise de l’élevage de chevaux barbes en 2007, nous avons mesuré que l’utilité sociétale de ce cheval au travers de sa dimension culturelle, était une garantie pour son développement. Aussi dès septembre 2008, une première édition du festival des équitations du monde était réalisée. Trois autres lui succèderont à Groboz pour atteindre l’affluence record d’un millier de visiteurs.</br> </br> Ce développement exponentiel nous a conduit à rencontrer Guillaume Lacroix adjoint à la culture de Bourg en Bresse, pour délocaliser cet évènement au monastère de Brou. Le projet permettait à ce cheval de répondre aux enjeux de société sur l’intégration d’une jeunesse en quête d’identité. Malheureusement, et même si l’actualité donnera raison à notre vision, nous n’y sommes pas parvenu…</br> </br> A l’époque, Christophe avait proposé d’associer le festival des équitations du monde au grand prix de saut d’obstacle de Bourg en Bresse. Une belle idée ne meure jamais ! Figurez-vous qu’une rencontre permet de rouvrir le dossier. Taha va proposer au Longines Master de Paris, de réaliser une Fantasia sur le champ de mars en marge du Grand prix de saut d’obstacle de Paris… A suivre,
Comment appréhender le mouvement ? Certains le redoute, peut-être parce qu’il nous éloigne des moments de bonheur passés ? voir aïe ! peut-être parce qu’il nous rapproche de la mort ? Pourquoi aborder ce sujet philosophique dans le journal de Groboz me direz-vous ? pour deux raisons : sur une exploitation agricole nous vivons pas mal de mouvements et vous l’avez peut-être remarqué, mais nous ne manquons jamais de témoigner sur le comportement des chevaux dont on peut s’inspirer pour répondre à certaines de nos questions…</br> </br> Une exploitation agricole nous commande d’anticiper et quelquefois redouter les mouvements : des juments vieillissantes et qui ne sont pas éternelles, tous les chevaux qui sont destinés à quitter par nature l’élevage : les poulains qui ont la vocation de poursuivre leur carrière ailleurs ou Ghafel, le cheval qui incarne par son histoire, le rêve de cheval idéal que l’on recherche parfois durant une vie et qui dans le fonctionnement d’un élevage doit laisser sa place à un autre étalon… C’est marrant, mais l’actualité nous rattrape et ce mois-ci à Groboz, l’élevage nous impose un lot particulièrement fournit de mouvements :</br> </br> Nous avons vécu le départ de Saian, notre deuxième étalon depuis Ghafel. Nous avons vécu aussi des mouvements avec l’intégration des trois poulains nés en 2017 dans le groupe des chevaux en pension. Que dire de Saian ? c’est le type de cheval dont on mesure le vide qu’il laisse, le jour où il s’en va et de l’emprunte qu’il laissera à l’élevage ! à tort tout simplement parce qu’on a fait l’erreur de le comparer à Ghafel. D’ailleurs, les juments ne s’y sont pas trompées ! elles sont restées deux jours à la porte après son départ…</br> </br> Hicham qui n’a jamais connu que les chevaux de son groupe de naissance et qui vivait seul avec son frère Hamy et sa sœur Hasna, doit connaître un mouvement en intégrant un groupe de chevaux hiérarchisé. Et bien que se passe-il ? les trois poulains vont-ils fuir devant l’inconnue, histoire de garantir leur sécurité ? Eh bien que pensez-vous qu’il se produit ? Le risque est considéré certes et la fuite est testée une fois pour vérifier que l’isolement est une alternative possible, mais dans un deuxième temps, l’opportunité est évaluée par la curiosité : et si ses intrus pouvais assurer notre protection durablement ?</br> </br> Voilà ! Nous sommes parti de la question de l’appréhension face au mouvement et grâce au cheval, nous découvrons les deux alternatives possibles de la considérer : ça peut être un risque , mais ça peut être aussi une opportunité qui peut se transformer en jackpot pour celle ou celui qui choisira cette voie ? mais là est une autre question…
<img src="http://image.noelshack.com/minis/2018/33/4/1534427515-dscf8994-min.png" border="0" alt="Saiyan.jpg" title="Saiyan.jpg"/> </br> Groboz ou la nouvelle alliance entre l’agriculture, la nature et les citoyens. PhotoGroboz</br> </br> En 2012,choisir l’agroécologie était un objet de controverse. En 2018 : révolution culturelle, après les états généraux de l’alimentation, le débat porte sur les scénarios pour y parvenir. Le député socialiste Dominique Potier fait part de sa vision.</br> </br> <b>Un changement d’échelle</b></br> </br> Initiée par des pionniers avant d’être promu par les pouvoirs publics, l’agroécologie signe une nouvelle alliance entre l’agriculture, la nature et les citoyens. Sa réussite dépend de multiples facteurs : relève générationnelle, recherche accrue, nouvelle PAC… Un des leviers les plus puissants est l’émergence de la norme haute valeur environnementale (HVE). Créée il y a dix ans, lors du grenelle de l’environnement, cette norme publique n’a été expérimentée que dans quelques secteurs sensibles. Un changement d’échelle serait une révolution positive.</br> </br> <b>Un besoin de clarté</b></br> </br> La définition de l’agroécologie dans la Loi d’avenir de 2014 est volontairement de pratiques diverses, allant « dans le même sens ». Cette étape utile doit aujourd’hui être dépassée sous peine de confusion. Le dernier Salon de l’agriculture a été le théâtre d’une multitude d’initiatives de transformateurs et de distributeurs créant chacun des signes de qualité plus natures les uns que les autres. Cette réponse dispersée ne donne pas une assurance solide, ni pour les producteurs, ni pour les consommateurs. Dans une démocratie moderne, il est capital que la norme ne dépende pas du marché ou de l’opinion, elle doit être publique afin de réconcilier éthique et libre entreprise.</br> </br> <b>Une norme innovante</b></br> </br> La norme HVE a toutes les qualités pour libérer l’initiative territoriale et collective : son cahier des charges privilégie l’obligation de résultat aux prescriptions normatives, l’agronomie « intégrée » aux solutions de réparation fragmentées. Son plaidoyer à l’échelle européenne serait un beau combat à l’heure de réformer la PAC : imaginons à terme la force d’une HVE étendue à l’Union et se substituant à la complexité des mesures agroenvironnementales !</br> </br> <b>Un nouveau paysage</b></br> </br> La reconquête du marché intérieur comme le choix de penser l’économie de la prévention en matière de santé et d’environnement dessine une nouvelle France agricole à l’horizon 2030 : 1/3 des surfaces en AB et 1/3 HVE offriraient à côté du conventionnel des réponses à la hauteur des marchés émergents et résoudraient en amont l’essentiel des questions écologiques.</br> </br> <b>Une marque territoriale</b></br> </br> Au côté des signes de qualités « produits », la démarche HVE doit être à notre sens une marque « territoriale » venant reconnaître et encourager les bonnes pratiques d’élevage, des grandes cultures aux rotations longues (incluant la production de protéines végétales et permettant la maîtrise phytosanitaire) ou encore du verger du futur.</br> </br> Le déploiement de cette norme, soutenue par la puissance publique peut devenir la base d’une stratégie de protection de l’eau et des sols, une clé d’accès à la RHD ou l’objet d’un contrat au sein d’une collectivité locale ou d’une filière. A ces conditions, la HVE actualisée dans la loi peut contribuer à faire de notre pays le leader de l’agroécologie en Europe, et devenir un instrument de la reconquête de toutes les valeurs ajoutées.
La plupart des chevaux sont manipulés pendant seulement quelques heures chaque jour. Le reste du temps ils sont livrés à eux-mêmes. Evidemment, si nous nous attendons à ce que nos chevaux répondent aux objectifs que nous fixons que ce soit en compétition, en voyage, au travail, ou quand nous les manipulons, nous devons considérer la qualité de ces vingt-trois autres heures. Les chevaux se sont développés pour vivre dans des groupes sociaux sur des plaines ouvertes en surveillant leurs prédateurs. La grande partie de leur temps est réservée aux déplacements et à la recherche de nourriture. Leur anatomie, physiologie et psychologie est le résultat des milliers d’années d’évolution et la domestication a à peine changé ces caractéristiques.</br> </br> Les conditions de vie pour de plus en plus chevaux diffèrent de plus en plus de leurs conditions de vie originelles. Ils sont emprisonnés individuellement, reçoivent deux à trois repas par jour et font de l’exercice qu’une heure par jour. Paradoxalement, beaucoup de propriétaires isolent leurs chevaux par crainte de blessures de leurs congénères. L’observation des chevaux vivant à l’état naturel ne laisse pas de place à l’agression ! une raison à cela est qu’ils sont sociabilisés naturellement dans un milieu où tout se passe en douceur, dans des groupes ou se côtoient des âges différents et des sexes différents.</br> </br> C’est toujours avec le même anthropomorphisme que l’on habille de couvertures des chevaux dont le système capillaire est pourtant conçu pour endurer des variations de température, alors qu’il n’est pas conçu pour être couvert. Alors, quels sont les effets d'une couverture sur sa fourrure ? Le cheval en santé s'acclimate rapidement aux changements de température et aux différentes saisons. En fait, depuis des millions d'années les chevaux réagissent biologiquement aux changements climatiques. Ils se sont adaptés à ces conditions et ont mis au point un système de régularisation thermique hors-pair. L'homme ne pourra jamais reproduire pareille merveille. Expliquons un peu ce système :</br> </br> A l’automne, le cheval accumule du gras et la quantité de lumière naturelle agit sur le système biologique du cheval et provoque des transformations physiques. Sa fourrure s’épaissit, elle est constituée de deux genres de poils: Les poils courts sont doux et épais qui ressemblent un peu à ceux de la fourrure d'un phoque, ces poils restent secs et servent d'isolant. Les poils longs de surface sont longs et ont la fonction de se débarrasser du surplus d'humidité et d'empêcher l'eau de couler directement sur la peau. Le cheval est muni de muscles de surface qui agissent pour faire soulever ces poils et laisser plus ou moins passer l'air, dépendamment du climat. Lorsqu'il fait froid, le système de régularisation thermique du cheval fait en sorte que les poils se soulèvent créant ainsi une couche isolante. Lorsque le cheval à chaud, les poils se séparent pour ainsi laisser passer l'air et permettre ainsi à ce dernier de se refroidir.</br> </br> Il n'y a pas que les poils qui réagissent aux changements. Le système de régularisation de température du cheval a aussi un impact sur le flux sanguin. Lorsqu'il fait froid, il y a une diminution du flux sanguin à la surface de la peau du cheval, (gardant la chaleur nécessaire pour les fonctions des organes vitaux internes) Ainsi, le cheval perd moins de sa chaleur corporelle. Lorsqu'il fait plus chaud, il y a plus de circulation sanguine à la surface, permettant ainsi au cheval de se refroidir plus rapidement. De surcroît, le cheval détient des glandes sudoripares lui permettant de se refroidir aussi par évaporation. Ces changements corporels sont nécessaires. Tout comme nous, le cheval doit maintenir une température moyenne pour survivre et être en bonne santé. Pour bien fonctionner, le système thermique du cheval a besoin de stimuli naturel. </br> </br> Une bonne fonction du système dépendra de la forme physique et de l'environnement dans lequel est gardé l'animal. Les couvertures ou encore le manque de mouvement (comme les chevaux gardés dans des stalles) diminue ou augmente la température interne, ce qui veut dire que le mécanisme de défense (système immunitaire) du cheval fonctionne à un rythme anormal augmentant par le fait même les probabilités d'attraper des maladies, des infections. Le cheval qui est recouvert d'une couverture a beaucoup plus de difficulté à régulariser sa température corporelle. En ayant une couverture, les muscles rattachés aux poils ne sont pas en mesure de s'ajuster (comme expliqué ci-haut) et ils s'atrophient peu à peu devenant de moins en moins efficace.</br> </br> Les chevaux qui travaillent ont-ils besoin d'une couverture ? Comme déjà mentionné, il est difficile pour le cheval de régulariser sa température interne s'il est recouvert. Les muscles atrophiés ne travaillent pas convenablement. Sa température corporelle peut donc devenir dangereusement élevée s'il ne peut pas se refroidir rapidement. Un cheval recouvert n'a pas la chance de développer une fourrure hivernale en santé. Ce qui veut dire que le cheval peut avoir froid lorsqu'on lui enlève la couverture pour le monter. Il sera plus susceptible d’attraper des maladies, des infections. Bien évidemment les couvertures ont leurs utilités. Elles gardent le cheval propre, nous facilitant la tâche (moins de brossage, moins de lavage.). Elles empêchent le cheval de produire une fourrure hivernale, il est donc plus beau pour les compétitions.</br> </br> Si nous voulons améliorer la qualité des vingt-trois autres heures, nous devons imiter les conditions naturelles autant que possible. Pour faire cela, nous devons étudier le processus de socialisation des chevaux, comment la composition du groupe devrait être optimisée et agrandie et comment l’environnement du cheval devrait être enrichit ? et là ça peut devenir passionnant, car ce travail vous conduira à reconsidérer l’ensemble de votre activité et d’y introduire l’exploitation raisonnée des prairies par exemple faisant de vous un véritable agriculteur. Plus nous tendons vers l’écosystème du cheval et plus nous obtiendrons de performances d’eux…
Si nos méthodes d’élevage ne respectent pas les différentes étapes de la vie d’un cheval, nous risquons de nous éloigner peu à peu des raisons pour lesquelles il nous fascine. Le sevrage est sans doute l’étape la plus importante de la vie d’un cheval car potentiellement la plus traumatisante.</br> </br> La structure sociale des chevaux libres n’est pas le fruit du hasard, elle s’est réalisée sur plusieurs millénaires et obéit à des règles pour éviter la consanguinité. La population se compose de groupes familiaux qui rassemblent un ou deux étalons et leurs juments suitées ou des groupes de jeunes poulains célibataires.</br> </br> Le sevrage que nous pratiquons à Groboz est la transition naturelle pour un cheval vers sa vie d’adulte. Au-delà de la nécessité pour une jument de se consacrer à la gestation du futur poulain en cessant sa lactation. Le sevrage naturel est décidé par le mâle, quelquefois par une jument dominante, jamais par le poulain.</br> </br> Dans un espace sans clôtures, les poulains et les pouliches vont errer ensembles à l’écart du groupe familial. Cette expérimentation instinctive par le cheval est la garantie de son équilibre futur. Libre à nous de détruire cet héritage ou de s’en servir pour construire une collaboration fructueuse avec nos chevaux.</br> </br> Cette année à Groboz, nous vivons une nouvelle particularité qui va nous permettre d’expérimenter davantage les conditions exactes de ce qui se passe à l’état naturel : une des trois juments a pouliné à l’automne, cela signifie que nous n’allons sevrer que deux poulains.</br> </br> Cette particularité aura l’avantage également de repousser d’un mois, la durée de lactation des deux juments. A votre avis, que se passe-t-il ? Nous notons un début de tarissement naturel avant le sevrage et des mamelles qui n’ont jamais été dures les jours après le sevrage !
En 2016, toutes races confondues, les 339 éleveurs du département ont une moyenne de 1,94 juments saillies et seulement 1,5 naissances. Ces chevaux produits sont destinés soit à la consommation, soit à l’élevage, soit au loisir et/ou compétition. Suivant le débouché, les attentes en terme de développement comportemental du poulain sont bien souvent identiques pour l’éleveur, mais a une relative importance quand il est destiné à être monté car on souhaite produire des chevaux pratiques, bien dans leur tête… </br> </br> <b>Oui mais les pratiques d’élevage ont elles un impact ?</b></br> </br> En l’absence de risques majeurs, les interventions sont peu recommandées puisque cette espèce dite nidifuge recherche un isolement social et évite toutes interférences extérieures pour lui permettre la mise en place du lien mère-jeune. Pas d’affolement ! L’agenda de développement est identique pour chaque poulain mais il existe des écarts importants dans le temps mis par exemple pour acquérir la station debout (quelques minutes à 3 heures) ou la 1ère tétée (de 30 minutes à 7 heures).</br> </br> Une étude révèle qu’une interférence même ponctuelle, peut avoir des conséquences insoupçonnées. Ainsi, la pratique développée dans certains élevages qui consiste à amener le poulain à la mamelle a des répercussions sur le développement comportemental, et notamment social du poulain. D’autres pratiques plus intensives, comme l’imprégnation de Miller ont des effets tout aussi négatifs et visibles encore un an après ! (NDLR Séverine Henry enseignant chercheur Université Rennes 1).</br> </br> Les poulains ainsi manipulés ont plus de risques d’avoir de plus faibles compétences sociales, une agressivité accrue, une forte émotivité ou de développer des pathologies comportementales (stéréotypies).</br> </br> Aucune étude aujourd’hui ne met en évidence l’âge idéal du sevrage.</br> </br> Source de stress majeur pour le poulain souvent encore immature, mais qui peut être rendu moins traumatisant avec des solutions simples via un enrichissement de l’environnement physique et sociale.</br> </br> Une enquête révèle que 11 % des poulains développent une stéréotypie orale dans le mois suivant le sevrage et 30 % des problèmes de lignophagie dans les trois mois suivants. Aussi, la vie sociale enrichie après le sevrage est à privilégier pour limiter entre autres les comportements dangereux pour l’homme au cours de son utilisation.</br> </br> En effet, les jeunes chevaux maintenus en groupe de même âge, même sexe présentent un répertoire comportemental plus limité et une vie sociale moins positive (plus d’agression, moins de grattage mutuel) que des jeunes vivants en conditions naturelles (groupes sociaux hétérogènes). La présence d’adultes permet l’émergence de comportement adulte, une plus grande cohésion sociale et une diminution du taux d’agressivité limitant ainsi les risques de blessures.</br> </br> <b>Le recyclage des retraités en nounous pour poulains ?</b></br> </br> Une pratique simple à mettre en place ! Les connaissances scientifiques se multiplient concernant les chevaux, l’adaptation des pratiques pour améliorer leur bien-être et notre sécurité sont souvent une évidence pour un éleveur dans l’âme.</br> </br> Maryline Jacon</br> 04 74 45 80 07
Guillaume Lorisson, notaire à Dijon, et Jean-Marc Mussot, agriculteur dans la Bresse, ont présenté leur réflexion sur la régulation de l’activité agricole lors du colloque de l’Association française de droit rural qui s’est tenu à Mâcon le 1er décembre 2017. Le premier préside la première commission du 114ème Congrès des notaires et le second est rapporteur de cette commission.</br> </br> Le 114ème Congrès des notaires se tiendra à Cannes avec pour thème l’agriculture de demain. A.DELEST</br> </br> Guillaume Lorisson préside la première commission du 114ème Congrès des notaires ayant pour thème « l’agriculture de demain ». Son appréhension , au départ du sujet de la régulation du foncier et des activités agricoles, est intéressante : « Il nous a été demandé de travailler sur ces questions sans parti pris, l’esprit ouvert, et en ne s’interdisant rien. »</br> </br> A la recherche du modèle idéal</br> </br> « J’imaginais alors que notre travail permettrait de trouver un modèle idéal d’exploitation agricole, sereine, performante, sur l’ensemble des territoires. Et je croyais notamment qu’une large libéralisation serait la condition préalable à une agriculture réussie pour demain. »</br> </br> « Au cours d’un an et demi de travail et au gré de nombreuses rencontres, poursuit-il, il est apparu évident que ma vision enthousiaste et par trop simpliste que je pouvais avoir n’était pas la bonne. Il semble nécessaire de rapprocher le portage foncier de sa finalité, l’exploitation. Et là, les enjeux de l’agriculture de demain sont nombreux et stratégiques. Nous proposons de fixer cinq nouveaux objectifs à l’état via les différents préfets. »</br> </br> <b>1.Elargir la notion d’installation</b> </br> « A première vue, l’installation des agriculteurs apparaît comme un objectif louable pour garantir un large aménagement du territoire. Mais en y regardant de plus près, cet objectif est recherché sans succès depuis le début des années 1980. Ainsi plutôt que de viser la seule installation d’agriculteurs, l’objectif principal du contrôle des structures devrait s’élargir à viser à une exploitation optimale du territoire. Plus que le nombre, la qualité des installations est à rechercher. »</br> </br> <b>2.Renforcer la viabilité économique des exploitation</b></br> « Dans de nombreux cas, cet objectif n’est atteint qu’à la condition d’une taille d’exploitation adaptée à un projet d’entreprise. Il peut s’agir d’une surface allant de quelques ares pour certains projets de permaculture, à plusieurs centaines d’hectares en plaine céréalière. Les objectifs actuels continuent néanmoins de faire référence à la taille de l’exploitation. Il est indispensable de sortir de cette question et d’appréhender concrètement le projet de l’entreprise agricole. »</br> </br> <b>3.Accroître et contrôler la transition agroécologique</b></br> « Ne faire référence qu’à la seule agriculture biologique est probablement trop limité. Les objectifs en la matière devraient plutôt s’orienter vers l’assujettissement des exploitations à un système de production écologiquement contrôlé, pas que pour les produits, mais surtout pour l’exploitation des sols. L’objectif environnemental du contrôle des structures devrait plutôt rechercher à voir entrer chacune des exploitations agricoles dans un régime de contrôle de certification environnementale. »</br> </br> <b>4.Augmenter le niveau de compétence</b> </br> « La protection des sols, la gestion de l’eau, en qualité et en quantité, l’utilisation des nouvelles technologies, la maîtrise de l’agronomie, le respect des certifications forment la base de l’agroécologie. Il est indispensable que les agriculteurs disposent d’un savoir-faire technique et diversifier pour relever ces défis. Ainsi, la recherche d’une élévation de la compétence des agriculteurs en matière environnementale et de nouvelles technologies doit devenir un objectif du contrôle des structures plus qu’il ne l’est aujourd’hui. »</br> </br> <b>5.Inclure la multifonctionnalité du territoire</b> </br> « La désertification rurale fait peser sur un petit nombre de personnes le poids de l’animation des territoires ruraux. Il s’agit à la fois d’une mission de service public, tel que l’entretien des sites, des paysages, des voiries, mais également d’activité privée. La multifonctionnalité du territoire rural et les activités indirectement liées à des exploitations agricoles sont des sources de revenu additionnel qui méritent d’être encouragées comme un objectif additionnel porté par le contrôle des structures. » Arielle Delest
Certes l’action de vermifuger garantit l’état physiologique de nos chevaux. Mais quelles sont les conséquences sur leurs capacités à lutter par eux-mêmes contre les infestations ? Notre désir louable de protéger nos chevaux nous dédouane-t-il de nos responsabilités à laisser à nos enfants des souches de chevaux résistants ? Ainsi, nous avons décidé de réaliser un protocole de deux ans de vermifugation bio (Symbiopole) dès le printemps 2016.</br> </br> Conformément au protocole, nous venons de pratiquer plusieurs coproscopies avec la méthode quantitative à l’iodomercurate (numération au gramme). Les résultats sont mitigés et laissent apparaître dans un des groupe, un cheval « excréteur » avec un résultat positif (391 OPG) supérieur aux 200 OPG correspondant au seuil d’infestation déterminant la nécessité de traiter (Œufs de strongles digestifs).</br> </br> L’œil de l’éleveur nous indique un état général du cheval « excréteur » identique à celui des chevaux « sains ». Le cheval « excréteur » est un cheval ayant une faible immunité naturelle contre les parasites internes. Il est intéressant de noter que cette jument destinée à la reproduction, a quitté Groboz pour une valorisation sur la discipline endurance (qualifiée sur 90 kms) entre janvier 2013 et janvier2016.</br> </br> Suite aux avis experts du laboratoire et de Symbiopole, il est décidé de vermifuger à nouveau l’ensemble des chevaux de tous les groupes et non le seul cheval « excréteur » positif. Nous mettons sur le compte d’un traitement différent de celui pratiqué à Groboz du cheval « excréteur » durant trois ans et du bon résultat du vermifuge BIO (Symbiopole) sur l’ensemble des autres chevaux, et nous décidons donc de ne pas changer de protocole en 2018 !</br> </br> Nous ne manquerons pas de vous tenir informé de la suite du travail effectué à Groboz… Notre rapport de confiance avec les chevaux ne dépend que du respect à ne jamais trahir leur évolution millénaire. Cette sagesse nous permettra de transmettre à nos enfants cet idéal de cheval immergé dans son écosystème…
A Groboz, nous reproduisons un écosystème autour du cheval. Ce laboratoire naturel nous permet de répondre à certains enjeux de société et de valoriser les qualités retrouvées du cheval sur les disciplines équestres. Pour autant, dans l’activité pensions, il nous est parfois demandé d’intégrer un cheval extérieur à l’élevage. Quel éleveur ne s’est pas posé la question : Comment vais-je procéder avec un cheval dont les conditions de vie ont été très éloignées de celles qu’il va vivre à présent ?</br> </br> La nouvelle ponette a vécu en centre équestre, seule avec un poney Shetland. Elle doit intégrer un groupe structuré de quatre chevaux : une jument et un hongre en retraite et deux chevaux hongres dont les activités équestres les éloignent le temps d’un weekend du groupe et leurs confèrent un leadership alternatif durant l’absence de l’autre. Pour l’intégration de la ponette, Nadine reproduit le cas du groupe où le leader 2 est sorti pour une activité extérieure…</br> </br> La ponette qui n’a jamais vécu dans un groupe de plusieurs chevaux fuit le groupe et provoque l’agacement du leader 1 qui perçoit cette fuite comme l’absence de codes hiérarchiques. Le leader 1 ne se contente pas d’ignorer l’intruse, mais la pourchasse à travers la prairie. Nadine expérimente alors un programme d’insertion sur quinze jours : La ponette et le leader 1 seront isolés durant une semaine, puis ce sera au leader 2 de séjourné avec la ponette, avant que les cinq chevaux soient réunis…</br> </br> Après une demi-journée, le leader et la ponette deviennent inséparables dans une complicité de destin, vitale pour l’un et pour l’autre. Nadine tente de constituer le groupe final... Trop tôt ! le leader 1 regroupe nos deux retraités et laisse le leader 2 pourchasser notre ponette. Retour à la case départ, leader 1 plus ponette seront isolés durant une semaine dans la même prairie. Au bout d’une semaine, c’est au tour du leader 2 de séjourner avec la ponette et au leader 1 de retourner avec nos deux retraités.</br> </br> Voilà ! au bout de deux semaine nous mélangeons les deux groupes… La ponette s’éloigne quelques heures puis se rapproche imperceptiblement dans l’indifférence générale. Le lendemain, les chevaux vivent dans une harmonie qui ne semble jamais les avoir quitté. Nous pouvons et devons laisser libre cours à la créativité du cheval et surtout lui permettre de se développer là où des directives sans libre choix et des pratiques d’élevage trop précautionneuses, l’auraient affaibli.</br> </br> La question est de savoir si notre responsabilité d’acteur du monde du cheval, nous autorise à transmettre à nos enfants des chevaux fragilisés par des conditions de vie que nous leurs imposons ? Les rapports de confiance entre nous et les chevaux ne dépendent que du respect à ne jamais trahir leur évolution millénaire. Cette éducation que nous aurons eu la sagesse de nous imposer, n’aura d’égal que les succès communs qu’elle nous permettra d’obtenir…
A Groboz, nous avons reconstitué un écosystème autour du cheval, un écosystème dont il fait pleinement partie. Nous lui permettons de vivre comme ses ancêtres ont toujours vécu. Accessoirement, nous nous procurons le bonheur de l’observer dans son milieu naturel et l’opportunité pour nous d’évoluer à son contact. Cette après-midi, Nadine poursuit le programme destiné à amener les poulains vers une carrière équestre ou d’élevage.</br> </br> Ce programme est la prolongation de leur curiosité naturelle dans leur activité quotidienne et les jeux qu’ils pratiquent au sein du harem. Nadine suggère plus qu’elle n’impose. Cette après-midi, les chevaux se sont positionnés spontanément dans la stabulation qui est aussi leur lieu habituel de travail. Nous pouvons et devons laisser libre cours à la créativité du cheval et surtout lui permettre de se développer là où des directives sans libre choix et des pratiques d’élevage trop précautionneuses, l’auraient affaibli. </br> </br> La question est de savoir si notre responsabilité d’acteur du monde du cheval, nous autorise à transmettre à nos enfants des chevaux fragilisés par des conditions de vie que nous leurs imposons ? Les rapports de confiance entre nous et les chevaux ne dépendent que du respect à ne jamais trahir leur évolution millénaire. Cette éducation que nous aurons eu la sagesse de nous imposer, n’aura d’égal que les succès communs qu’elle nous permettra d’obtenir…
L’autre jour, l’embarquement des chevaux c’est mal passé ! Cà fait rager tout le monde… Car en plus du moment épidermique où rangé derrière ses certitudes, on voit toutes les erreurs de son voisin d’infortune, on se sent frustré de ne pas avoir tous les éléments de compréhension de la situation. Quel éleveur n’a pas rencontré cette situation et ne s’est pas posé la question : Pourquoi un cheval refuse-t-il de monter dans un van ? Ce n’est pas durant l’exploitation des chevaux avec ses contraintes de timing que l’on peut apporter des solutions. Par contre, c’est avec le recul qu’une équipe mise en difficulté, peut tenter d’analyser froidement la situation et d’y apporter des solutions durables.</br> </br> Marie rappelle les trois cas qui peuvent générer chez le cheval un refus : l’incompréhension à cause de l’absence de leadership du demandeur, la peur vis-à-vis de l’absence de possibilité de fuite d’un environnement clos et inconnu, l’assimilation d’une action à une souffrance. Nadine note que Chakir qui était réticent à monter à l’aller ne l’était plus au retour et Ussam qui est monté à l’aller ne voulait plus monter au retour. Nous excluons d’emblée l’incompréhension vis-à-vis de la demande.</br> </br> Pour Chakir, nous constatons que l’apprentissage d’un chargement à plusieurs chevaux n’a pas été anticiper. La règle d’or est de se servir de l’instinct de curiosité du cheval au cours des moments privilégiés de son apprentissage pour lui faire découvrir un maximum d’environnements différents. Pour Ussam, nous nous souvenons que les blocages à monter se produisent tout de suite après un épisode de souffrance, en l’occurrence ici avec l’utilisation d’un mors inadapté sur la première partie de l’Equirando. Marie nous fait remarquer que le barbe pardonne trop ! à nous de le mériter et de nous imposer en contrepartie une plus grande exigence vis-à-vis de nous-même pour penser comme un cheval…
Au tout début de l’automne 2010, nous étions réunis à Groboz pour donner forme au festival des équitations du monde. Une idée m’était venue, j’avais demandé : pourquoi un festival des équitations du monde ? Je me souviens d’une des réponses, une réponse qui claqua comme une évidence : « Apporter une alternative aux enjeux de société par le brassage culturel ». Faut dire que nous venions de vivre un moment inoubliable dans les rues de Bourg, Ghafel harnaché en Fantasia avait évoqué cette culture au point d’attirer jusque sur le champ de foire des jeunes gens en quête d’identité…</br> </br> Un projet professionnel m’a mis récemment en contact avec la fondation « VINCI pour la cité ». Je n’ai pu m’empêcher de faire le lien avec le rôle que nous devons donner au cheval : « Apporter une alternative aux enjeux de société par le brassage culturel ». Je ne sais pas si l’histoire se réécrit, le lendemain où je propose à l’AFCB le projet de mettre nos chevaux dans un quartier sensible d’Avignon, pour éveiller et drainer les consciences oubliées vers le salon « Cheval passion ». Une fusillade blesse huit personnes devant la mosquée Arrahma dans le quartier de la Grange d’Orel.
Certes l’action de vermifuger garantit l’état physiologique de nos chevaux ! mais ne dégradons-nous pas leur capacité de lutter contre les infestations par eux-mêmes ? Notre désir louable de protéger nos chevaux, nous dédouane-t-il pour autant de notre responsabilité sur l’évolution des futures générations de chevaux ?</br> </br> Au printemps 2016, nous avons décidé de partir sur un protocole de deux ans de vermifugation bio (Symbiopole) avec des tests de coproculture qui seront réalisés après dix-huit mois de traitement, soit pour nous à l’automne 2017.</br> </br> Aujourd’hui après quinze mois de traitement, l’œil de l’éleveur observe un état général de tous les chevaux identique à celui que nous avions auparavant en traitement vermifuge classique issu de l’industrie chimique ! Nous ne manquerons pas de vous tenir informé des résultats de la coproculture…</br> </br> Notre rapport de confiance avec les chevaux ne dépend que du respect à ne jamais trahir leur évolution millénaire. Cette sagesse nous permettra de transmettre à nos enfants ce bonheur issu de cette conception du cheval idéal…
« Ce que l’on fait n’a du sens que si on le transmet », estime Edmond Rovidati.</br> </br> Jeudi prochain, le 25 mai 2017 marque les vingt-cinq ans de la naissance de El Feres, le premier poulain de l’élevage bressan de chevaux barbes. Edmond Rovidati à l’origine de l’élevage de Groboz, revient sur son histoire.</br> </br> Pourquoi avoir créé cet élevage, il y maintenant un quart de siècle ?</br> </br> « Petit, j’étais fasciné par les chevaux Comtois qui travaillaient la terre avec les hommes. Plus tard, je les ai moi-même utilisé. Puis je me suis intéressé aux chevaux barbes parce que je savais qu’ils auraient un rôle à jouer dans l’expansion du cheval de loisir. Et puis comme le cheval Comtois, le cheval barbe est un cheval rustique correspondant à ma conception de l’élevage »</br> </br> Aujourd’hui quel est votre regard sur l’évolution du cheval ?</br> </br> « En 1988, avec Jean Devaux et une poignée de passionnés, nous avons créé le premier Stud Book du cheval barbe avec l’Organisation Mondiale du Cheval Barbe et les Haras Nationaux. Il fallait institutionnaliser dès le début cette aventure pour mettre en lumière ce fantastique cheval. Nous avons recherché et formalisé les meilleurs juments à titre initiale, puis fait venir en France une sélection d’étalons Algériens. Etincelle la mère de El Feres fût la première championne de France à Paris devant une jument du chanteur Hugo Fray… »</br> </br> Comment voyez-vous l’avenir du cheval barbe et de l’élevage de Groboz ?</br> </br> « Le cheval barbe répondra aux enjeux de société dans la solidarité de destin avec l’homme, comme le cheval l’a toujours fait. Aujourd’hui l’élevage de Groboz continue de progressé dans la qualité de ses chevaux grâce au soucis permanant de conserver sa rusticité. D’ailleurs, Baligh de Groboz a remporté la troisième place aux championnats du monde en 2015 sur ce type de qualités. Et puis ce que l’on fait n’a du sens que si on le transmet… »
La période s’annonce aventureuse à Groboz. Le groupe d’élevage est constitué de trois jeunes juments qui n’ont jamais pouliné. Dans un élevage en pleine nature, c’est l’occasion rêvée de découvrir le comportement du cheval à ce stade de sa vie.</br> </br> Le matin, Camilla a fait un splendide poulain. L’attention qu’elle lui porte est palpable, mais va atteindre un paroxysme que nous n’aurions jamais imaginé… Il est l’heure de se mettre à table pour dîner, Nadine et Martin regardent les prairies depuis la maison, quand soudain…</br> </br> Les trois juments dont Camilla remontent au galop, sans le poulain… Nous filons tous à leur rencontre… Camilla nous aperçoit, fait demi-tour et repart dans l’autre sens au galop… L’angoisse peu à peu nous gagne, nous accélérons le pas à sa poursuite…</br> </br> Nous passons dans l’autre prairie et trouvons Camilla qui attend impuissante, le nez dans la haie qui surplombe un fossé… Nous nous approchons pour trouver le poulain en contre bas et enchevêtré dans les ronces… Nadine file chercher le matériel pour le dégager…</br> </br> Je saute dans le fossé et parviens à atteindre les deux antérieurs que je pose sur le bord supérieur du fossé, en un bond le poulain s’extirpe de sa fâcheuse position… L’instinct maternel d’une jument la pousse-t-elle à développer des comportements autrement plus évolués que de veiller à ce que son poulain ne s’éloigne pas ?
La nature généreuse de nos juments semble nous accorder la faveur de donner naissance à un poulain par an. Le printemps qui est aussi la saison du poulinage, est l’occasion pour l’éleveur de chevaux, de se poser la question : est-ce bien raisonnable de faire pouliner nos juments tous les ans ?</br> </br> Il y a quelques années, pour préserver les juments, nous avons évoqué la possibilité de les faire pouliner un an sur deux. Dans un élevage « classique », les choix sont le résultat de considérations purement économiques. A Groboz, on s’est accordé la liberté de donner du sens à notre activité.</br> </br> Nous permettons au cheval de développer les qualités propres aux chevaux sauvages, en respectant leur milieu naturel et en établissant des choix agronomiques innovants. Dans un élevage conduit en semi-liberté, nous reproduisons cette organisation fondamentale pour le développement du cheval, en nous inspirant de l’étude d’Emmanuel Théret sur les chevaux sauvages du Namib…</br> </br> A l’état naturel, la moyenne se situe pour la jument à un poulinage tous les trois à cinq ans. Sachant que les juments portent en général le poulain de l’année suivante, le seul levier que nous activons jusqu’à présent, est le sevrage en décembre pour l’ensemble des poulains. Nous vous donnons rendez-vous en décembre pour connaître la nouvelle période ou non pour provoquer un sevrage artificiel ?
La RSE est un bon moyen d’améliorer l’image de sa ferme et d’en tirer des bénéfices financiers.</br> </br> Une dizaine d’agriculteurs aspire à améliorer la performance globale de leurs exploitations. Ils se lancent dans la RSE. A.DELEST</br> </br> Quel est l’impact de mon exploitation et de mes produits sur l’environnement et sur mon territoire ? De ma gestion sur les salariés ? De mon image sur mes clients et mes fournisseurs ? Une poignée d’agriculteurs ont été réunis fin décembre par le cabinet comptable Exco Fiduciaire, membre du réseau AgirAgri, pour s’interroger sur leurs pratiques. Ces dirigeants cherchent à atteindre la « performance globale » de leur exploitation dont la responsabilité sociétale.</br> </br> Et la RSE est un bon moyen d’y parvenir. Ce n’est pas une nouvelle certification avec un cahier des charges à respecter, mais une évaluation certifiée par une norme internationale : l’ISO 26 000. Elle évalue la démarche des entreprises autour de sept enjeux : la gouvernance, les droits de l’homme, les relations et les conditions de travail, l’environnement, la loyauté des pratiques, les consommateurs et le développement local.</br> </br> « Chacun y vient pour des motivations différentes, relate Yann Chabin, docteur en gestion et expert RSE. Améliorer l’image de ses produits, fidéliser ses salariés, transmettre son entreprise, convaincre le banquier de financer un projet innovant, ou encore se faire connaître auprès des collectivités pour promouvoir un nouveau plan d’urbanisme.</br> </br> Un avantage compétitif</br> </br> « Une entreprise qui sait communiquer sur sa RSE attire de nouveaux partenaires commerciaux, des clients, des salariés, mais aussi réduit ses charges », constate Yann Chablin, qui vient de s’associer avec Exco FSO pour créer M’RSE, une société dédiée à l’accompagnement en RSE. Ainsi la démarche a déjà convaincu des agro fournisseurs ou encore des viticulteurs. Les agriculteurs, quant à eux, ne se sont pas encore lancés, mais le mouvement est en marche.</br> </br> Coopératives et chambres d’agriculture s’y intéressent. Mais, ce jour-là, ce sont des agriculteurs indépendants qui s’engagent personnellement. Pionniers, ils comptent bien ouvrir le chemin à leurs collègues. Jean-Marc Mussot résume leur philosophie : « Aller dans cette démarche, c’est démontrer des valeurs et pouvoir prétendre à être récompensé à la hauteur de l’intérêt qu’elles ont pour la société.» Arielle Delest
« Notre but était surtout de faire travailler des artisans locaux », expliquent Nadine et Jean-Marc Mussot, les propriétaires.</br> </br> Nadine et Jean-Marc ont réussi leur pari : avoir une maison lumineuse et économique.</br> </br> Tout démarre il y a deux ans. Nadine et Jean-Marc Mussot, propriétaires de Haras de Groboz, décident de rénover le bâtiment de four pour le transformer en habitation principale car il se prête plus facilement à la rénovation que le corps de ferme principal. Aujourd’hui la maison est sortie de terre et a reçu le label Efinergie rénovation.</br> </br> Pourquoi avoir opté pour une maison basse consommation d’énergie ?</br> </br> « Au départ, nous sommes déjà une ferme écologique avec des chevaux qui ont des conditions de vie très proches de leur vie originelle, des races rustiques qui vivent en groupe en pleine nature. Le pas n’a donc pas été difficile à franchir. Mais au départ notre but était surtout de faire travailler des artisans locaux avec des matériaux traditionnels de qualité. »</br> </br> Des difficultés dans les travaux ?</br> « On s’est tourné vers Hélianthe pour savoir ce qui pouvait se faire en basse consommation, puis on a choisi des artisans locaux pour tous les corps de métiers : Marboz, Saint-Etienne-du-Bois, Viriat et Saint-Didier-d’Aussiat. Ces artisans ont une belle qualité de travail mais sont trop petits pour être reconnus et avoir une norme Iso comme les grosses structures. On n’était donc pas dans les normes. Lors d’une réunion de travaux avec eux on a eu l’idée de prendre un bureau d’études. Dès lors, les contraintes ont été importantes pour les artisans car le bureau a chassé tout ce qui pouvait être susceptible d’optimiser les récupérations d’énergie. Il a suivi de près le choix des matériaux et a retouché les options. C’est devenu une aventure qu’on a partagé tous ensemble. »</br> </br> Quel est le résultat ?</br> C’est un investissement lourd financièrement car nous avons opté pour le bouquet de travaux le plus complet. On a maximisé l’effort pour la planète, on a décroché le label Efinergie rénovation. Le conseil régional nous a versé la subvention maximale de 8 000 €. On a atteint notre objectif car on récupérera notre investissement sur le très long terme avec de belles économies d’énergie et on laissera à nos enfants et petits-enfants un vrai patrimoine. »</br> </br> NOTE Vous pouvez visiter la maison samedi 6 novembre de 10 à 12 h. Tél.04.74.45.16.49.
Nous voulons rebondir sur l’une de vos actualités parues dans votre numéro d’octobre concernant le salon du cheval d’El Jadida. Vous mentionnez que l’on peut y voir les plus beaux chevaux arabes, barbes et arabes-barbes du royaume. Or, lors de l’édition 2015 de ce salon marocain, l’étalon Baligh de Groboz (photo), 4 ans, né et élevé chez Nadine et Jean-Marc Mussot à Villemotier, dans l’Ain, a été 3ème du championnat du monde du cheval barbe. Ce cheval qui vit chez sa propriétaire, Marie Rabatel, à Virieu-le-Grand (01), concourrait parmi les vingt meilleurs chevaux barbes du monde. Il est important de souligner la qualité du travail de nos éleveurs. www.groboz.fr</br> </br> @ Valérie Chaboz
Patrimoine : A Groboz, sur la commune de Villemotier, Nadine et Jean-Marc Mussot ont su explorer toute la finesse et la complexité de l’élevage au naturel.</br> </br> Ici ! Ici ! C’est… Le haras de Groboz. Pour cet fin d’été, nous sommes partis à la rencontre d’éleveurs, amoureux d’un cheval en particulier. Pour quelles raisons ces passionnés en ont-ils fait leur vocation ? Quels en sont les points forts, les points faibles ? Qu’apporte-t-il dans le monde du cheval ? Comment exprime-t-il le patrimoine Bressan dans lequel il se nourrit ? Le cheval que tous les cavaliers de plus de soixante-dix ans ont monté, ne cesse de séduire davantage. Depuis le hameau de Groboz à Villemotier, Nadine et Jean-Marc Mussot en sont devenus d’ardents promoteurs dans la ferme qu’ils exploitent.</br> </br> Sur le chemin pierreux, Jean-Marc se plante les deux mains enfoncées dans les poches et observe une groupe de chevaux. Entre les haies bocagères qui témoignent d’une tradition d’élevage ancestrale, les chevaux ici ont remplacé les vaches charolaises et les vaches montbéliardes. Quelques passages jaunis témoignent d’un broyage récent des refus de pâture. Mais la prairie de Groboz, cette terre d’argile lourde et profonde, offre à l’herbe de la parcelle une vigueur éclatante.</br> </br> La terre où est né le finaliste 2015 à El Jadida</br> </br> Un écrin à l’abri du consumérisme : depuis vingt-cinq ans, c’est sur ce terroir que naissent et s’épanouissent les frères et sœurs de Baligh de Groboz, le médaillé de bronze des derniers championnats du monde du cheval barbe. Installés dans le hameau depuis 2003, Nadine et Jean-Marc ont repris l’élevage de Groboz, unique par son caractère rustique qui seul peut garantir la vigueur et l’autonomie des grands chevaux.</br> </br> Avec une passion et une foi intactes, le couple enregistre avec humilité les premières expressions d’une belle reconnaissance. Etonnamment, dans le même temps, l’esprit centre équestre local continue d’ignorer ce cheval. « Cà montre que même si un élevage est ancré depuis vingt-cinq ans, il peut se heurter à l’incompréhension de ses plus proches voisins ! », relève simplement Jean-Marc Mussot à l’origine de la reprise et du développement de cet élevage unique.</br> </br> « On s’est donné la liberté. Ça ne nous a pas rapproché du milieu du cheval local, mais on a pu faire les choix agronomiques qu’on voulait, sur les conseils de gens avisés. Par contre en Bresse, on n’a pas la chape de plomb de la tradition, on peut prendre tous les risques », ajoute-t-il.</br> </br> L’élevage rustique, conçu à l’origine par Edmond Rovidati, se développe sur une exploitation conduite en agriculture biologique. « On a débarqué dans cette vie d’éleveur avec au moins une idée : pourquoi faire telle ou telle chose comme cela ? Si on n’avait pas une explication, on ne le faisait pas.»</br> </br> « Un jeu entre austérité et plénitude » Nadine Mussot</br> </br> Ces audaces, cette liberté, Groboz les revendique aussi dans la gestion des prairies. «Pour nous, ça continue à être une fête. Viennent les amis, les amis des amis. Tous les dimanche à 12h00, on parle de la semaine de chacun. C’est un privilège que nous nous sommes donné.» Et le goût du beau travail participe à ce plaisir renouvelé.</br> </br> « C’est un cheval romantique dont la conduite nécessite un quotidien qui évoque la couleur et les odeurs d’une époque révolue. En étant de l’extérieur, j’appréciais l’existence des chevaux méditerranéens qui lui ressemblent tant ». poursuit Nadine, qui évoque un choix « instinctif » au départ. Aujourd’hui l’éleveuse est séduite par «l’équilibre» des chevaux obtenus. «Il y a un jeu entre austérité et plénitude.»</br> </br> «La base de rusticité était sur les anciennes juments. Mais dix ans après, la relève de leurs filles est plus riche, sur leur désir de contact avec l’homme. Il faut plusieurs générations pour que la souche d’un élevage soit à l’apogée de ce qu’elle peut donner», confie l’éleveuse. De leurs nouvelles vies, Nadine et Jean-Marc Mussot ont au moins acquis une certitude : «Maintenant, nous savons que nous apprenons tous les jours au contact des chevaux. Mais c’est passionnant !»
Le dimanche midi, nous avons pour habitude de nous retrouver autour d’un verre. Chacun partage l’activité de sa semaine, nous confrontons nos visions du cheval et prenons des décisions en commun. Les deux points abordés sont ceux qui concernent l’élevage et les évènements auxquels nous participons.</br> </br> Dernièrement, nous avons souhaité avec Nadine, traiter de la place du cheval dans l’agriculture biologique… Même si nous partageons tous la même vision du cheval idéal, un cheval rustique, inutile de vous dire l’étonnement qu’a suscité l’intrusion de cette préoccupation sociétale dans notre microcosme de passionnés d’équitation.</br> </br> Sur la partie végétale, notre exploitation possède le label « Agriculture Biologique ». Même si la philosophie de l’élevage est de reproduire les conditions de vie originelles du cheval, les animaux n’ont pas ce label. Jusqu’à présent nous vermifugions avec des produits de l’industrie chimique, avec juste comme préoccupation de respecter les dates et les saisons.</br> </br> Pour autant, l’action de vermifuger, garantit certes l’état physiologique de nos chevaux, mais non sans dégrader durablement, leur capacité par eux même à lutter contre les infestations. Notre comportement motivé par le désir louable de protéger nos chevaux, n’en demeure pas moins avec de lourdes conséquences sur les générations futures.</br> </br> La remarque de bon sens de Fred, est celle que nous avons tous spontanément : « Je veux que ça ne me coute pas plus cher et que ce soit aussi efficace ». Nadine décide de prospecter les diverses solutions en mesurant les conséquences, en temps et en coût, des vermifugations classiques et bio.</br> </br> Après avoir exposé les divers protocoles, nous décidons de partir sur le protocole de deux ans de vermifugation bio (Symbiopole) avec des tests de coproscopie. Nous ne manquerons pas de vous informer dans cette colonne, des résultats obtenus.</br> </br> Les rapports de confiance entre nous et les chevaux ne dépendent que du respect à ne jamais trahir leur évolution millénaire. Cette éducation que nous aurons eu la sagesse de nous imposer, n’aura d’égal que le bonheur en commun de laisser un monde meilleur à nos enfants…</br> </br> Coût et temps passé par an et par cheval :</br> <table class="table"> <thead> <tr> <th scope="col">Vermifuge classique (PANACURE/FUREXEL/STRONGID) </th> <th scope="col">Vermifuge BIO (EQUINATURA)</th> <th scope="col">Vermifuge BIO (SYMBIOPOLE)</th> </tr> </thead> <tbody> <tr> <td>30,00 €</td> <td>99,00 €</td> <td>26,00 €</td> </tr> <tr> <td>10 minutes</td> <td>40 minutes</td> <td>40 minutes</td> </tr> </tbody> </table>
Baligh de Groboz a brillamment représenté la France en terminant 3ème du championnat du monde 2016 du cheval barbe qui s’est déroulé à El Jadida au Maroc.</br> </br> Cette performance du cheval de l’Ain, est-elle le fruit du hasard ? Avec Nadine Mussot, nous allons tenter de percer le secret d’un élevage pas tout à fait comme les autres.</br> </br> En quoi les chevaux nés à Groboz sont-ils si différents des autres ?</br> </br> Nadine : La performance dans un championnat de type modèles et allures tient, certes aux standards de la race, mais aussi à la manière dont le cheval se comporte. Au Maroc, le jury est enthousiaste devant ce supplément d’âme qui émane de certains chevaux qui incarnent l’identité d’une région.</br> </br> Le samedi matin, en pleine tempête de sable, Baligh était le plus jeune parmi les vingt chevaux qualifiés, il est resté imperturbable. En France, cet équilibre mental serait certainement passé inaperçu. Peut-être parce qu’ici, on estime l’amour que l’on porte au cheval plus à ce qu’on lui donne qu’à ce qu’il est…</br> </br> Comment un élevage peut-il produire ce type de cheval reconnu mondialement ?</br> </br> Nadine : Nous ne sommes pas responsables de tout, mais nous avons cherché l’étalon reproducteur avec une idée précise. Après avoir recouper les avis des plus grands éleveurs, nous avons choisi la branche Algérienne du barbe. Ensuite, nous avons attaché un soin tout particulier à replonger nos chevaux au plus près de leurs conditions de vie originelles.</br> </br> Ça n’a pas été facile tous les jours d’imposer la présence d’un cheval entier au milieu de ses juments par exemple. Le résultat est édifiant, non seulement il n’y a aucun traumatisme et un équilibre parfait, mais nous retrouvons toutes les qualités du cheval qui nous fascinent depuis des millénaires, mais que nous avons oublié ces dernières années.</br> </br> Comment un éleveur va rendre aux chevaux leurs conditions de vie originelles ?</br> </br> Nadine : Il n’y a aucun mérite pour l’éleveur, la difficulté provient de rompre avec notre culture de surprotéger. Le plus difficile est de s’interdire d’intervenir sur un poulinage par exemple. Le courage s’est plutôt de partir seul dans une aventure en dehors des standards de l’équitation.</br> </br> Avec le recul, je crois que ce sont des rencontres qui vous amènent à cette philosophie d’élevage. Tel un bout de fil que vous vous mettez à tirer par curiosité au début, puis que vous déroulez par la fascination de ce que vous renvoient les chevaux. Pour un jour, vous retrouvez en face du cheval extraordinaire…</br> </br> Qu’apporte à l’élevage de Groboz une troisième place aux championnats du monde ?</br> </br> Nadine : Avant toute chose, c’est Marie qui a gagné. C’est elle qui a réalisé cette aventure. Je crois savoir d’où vient son enthousiasme : un cheval extraordinaire… Taous. Vous savez, seuls, nous ne pourrons pas continuer de développer ce cheval magique ! Et Marie fait maintenant partie de ceux qui écrivent son histoire.</br> </br> L’élevage de Groboz fêtera son quart de siècle d’existence l’an prochain, nous avons le devoir de le pérenniser et de transmettre ce patrimoine vivant. Le résultat de Baligh est une référence pour la souche des futures poulains de sa sœur Camilla, il est surtout une référence pour cette philosophie que l’on pratique à Groboz.
Nadine analyse et répertorie depuis une douzaine d’années, les attitudes du cheval dans son milieu naturel. Elle apprend à reproduire des comportements similaires tout en suggérant au cheval de développer sa curiosité naturelle, source pour lui d’un intérêt nouveau.</br> </br> Elle permets d’inciter et suggérer plus que d’imposer, elle permet aux chevaux de laisser libre cours à leur créativité, de se sentir valorisés et d’aller plus loin que là où les directives sans libre choix les auraient amenés. Notre rôle se cantonne à anticiper ce que nous imposons à nos chevaux.</br> </br> Saian doit intégrer son « harem » constitué par les filles de Ghafel auquel il succède à Groboz. Nous devons considérer avant tout, l’instinct d’un cheval avec son histoire propre et un cheval qui se retrouve seul « dans la simplicité des coïncidences ».</br> </br> La première inconnue pour nous, est l’intégration d’un cheval entier dans un groupe de pouliches dont aucune n’a jamais croisé de cheval mâle susceptible de la saillir ! Première question : comment se réalise ce type de rencontre à l’état naturel ?</br> </br> Dans leurs conditions de vie à l’état naturel, ce sont les pouliches qui après le sevrage et après avoir erré avec leurs demi-sœurs sont intégrées à un harem existant. Matériellement, nous n’avons pas la possibilité de reproduire ce scénario…</br> </br> Les leviers dont nous disposons sont peu nombreux, en fait il n’y en a que deux : Utiliser le carré de prairie le plus sécurisé et surtout, avoir mis comme critère supplémentaire de choix pour l’entier : son expérience de monte en liberté…</br> </br> Nous déplorerons une blessure à l’antérieur droit pour Camila, nécessitant une désinfection quotidienne pendant dix jours. D’un autre côté, nos chevaux se sont enrichis d’une expérience supplémentaire dans leur évolution vers le cheval idéal.</br> </br> Les rapports de confiance entre nous et les chevaux ne dépendent que du respect à ne jamais trahir leur évolution millénaire. Cette éducation que nous aurons eu la sagesse de nous imposer, n’aura d’égal que les succès communs qu’elle nous permettra d’obtenir…
Il est vice-champion du monde et le Maroc l’a sacré parmi les trois plus beaux chevaux de race barbe du monde.</br> </br> Depuis une semaine la foire de Bourg bat son plein. Cette année, le cheval est roi grâce à l’association Equid’Ain qui chapeaute les animations. Ce samedi, le thème de la journée sera les chevaux d’ici ou d’ailleurs. Le public pourra découvrir des chevaux du monde : arabes, ibériques, camarguais et les différentes façons de les monter.</br> </br> A quatre ans, il a déjà récolté deux titres mondiaux</br> </br> Les amoureux du cheval ne seront pas déçus car ils pourront admirer Baligh de Groboz, cheval barbe d’exception. Il sera présenté au public toute la journée. Cet étalon est né et a grandi à Villemotier, au haras de Groboz, chez Nadine et Jean-Marc Mussot. Il a été acheté par Marie Rabatel, jeune propriétaire d’une structure de tourisme équestre à Virieu-le-Grand. Sa propriétaire l’a inscrit pour la première fois, en avril 2015, au prestigieux concours international de Cluny (Saône-et-Loire), concours de race qu’il remporte haut la main lui permettant d’être approuvé étalon reproducteur de la race. Il se qualifie alors pour les championnats du monde de sa race en octobre.</br> </br> A la surprise générale, ce jeune étalon de 4 ans est monté sur le podium du championnat du monde du cheval barbe en octobre dernier à El Jadida, au Maroc. Il termine vice-champion du monde dans sa catégorie (les plus jeunes) et troisième toutes catégories. Le Maroc le consacre parmi les trois plus beaux chevaux de sa race du monde, un exploit au pays du cheval barbe. Une petite victoire pour la Bresse et le Bugey aussi, ils ont contribué à la reconnaissance et surtout à la renaissance du cheval barbe en France.
Un élevage construit sur le respect des conditions de vie originelles du cheval, connait d’inévitables cycles. Il y a un moment où les pouliches filles de l’entier doivent prendre le relais des juments vieillissantes. L’élevage de Groboz vit actuellement cette mutation. Ghafel est parti vivre sa seconde carrière de reproducteur dans les Pyrénées.</br> </br> http://www.webpedigrees.com/pedigree.php?nid=461877</br> </br> Pour le remplacer, nous pouvions prendre Rusty (deuxième aux championnats du monde 2015). Une des particularités de l’élevage de Groboz est de produire des poulains issus de la souche Algérienne. Au cours de notre recherche, deux origines ont attiré notre attention : Rohil (le père de Ghafel) et Riadh (l’autre origine encore jamais exploitée à Groboz).</br> </br> http://www.webpedigrees.com/pedigree.php?nid=532318</br> </br> Deux chevaux issus de Riadh ont émergés : Nesrif et Saian. Nous nous sommes donnés une semaine de réflexion supplémentaire pour confronter ces deux chevaux sur d’autres critères (taille, couleur, aptitudes aux disciplines équestres). Samedi le successeur de Ghafel arrive à Groboz : Saian Du Beyrac…
Baligh de Groboz est un cheval de race Barbe. Il est né à Villemotier, au haras de Groboz chez Nadine et Jean-Marc Mussot. Il est le fils de leur étalon Ghafel et ils l’ont élevé pendant 2 ans. Marie Rabatel, jeune éleveuse à Virieu-le-Grand, l’a acheté en 2013. Le 28 mars dernier, Baligh a remporté le concours international de l’association française du cheval Barbe à Cluny (71).</br> </br> Il s’est qualifié pour concourir samedi 17 octobre au championnat du monde de Cheval Barbe à El Jadida au Maroc. Le plus jeune cheval des 20 qualifiés a brillamment représenté la France et termine 3ème sur le podium. Retour sur cette fantastique aventure avec Marie Rabatel et Nadine Mussot.</br> </br> Le cheval Barbe a plus de 4000 ans. C’est un cheval rustique qui a influencé de nombreuses races, le cheval espagnol, le criollo argentin, le mustang…</br> </br> A 31 ans, comment avez-vous pu participer à ce concours et comment s’est-il déroulé ?</br> </br> Marie : Cette qualification était inattendue car même s’il est très beau, Baligh est jeune, la croissance chez ce type de cheval n’est pas finie. Il ne partait donc pas favori, mais je voulais y être. Heureusement, les amis ont été là et ont grandement participé chacun à sa manière, à ce podium. Le Maroc a participé aussi financièrement à la venue des sélectionnés. Par exemple, il a offert la moitié de la traversée.</br> </br> Samedi matin, en pleine tempête de sable, Baligh a concouru chez les seniors mâles de 4 à 8 ans et c’était le plus jeune parmi les vingt chevaux en présence, mais mon cheval n’a pas du tout été impressionné. Et finalement il a fini 2ème, c’était incroyable. Il s’est qualifié pour le championnat général l’après-midi qui regroupait les deux premiers de chaque catégorie. Nous sommes assurés déjà de revenir l’an prochain ! L’après-midi, Baligh a fait le show, superbe. Il s’est fait remarquer pour sa présentation. Les jurys ont apprécié Baligh très représentatif de la race « Barbe » et distingué, pour sa locomotion exceptionnelle chez un cheval de ce gabarit. Peu avant 15 heures, il est dans le carré des finalistes et s’octroie la 3èmè place.</br> </br> Que signifie ce prix pour vous ?</br> </br> Marie : Un grand bonheur et grand respect pour mon petit cheval. Déjà sur place il était une star, tous les Marocains voulaient être pris en photo avec lui, et les facéties de Baligh ont gagné peu à peu le cœur de la foule. Tout au long du salon, les éleveurs, que des hommes, ont défilé devant son box en lui faisant mille compliments, et en me remerciant chaleureusement de m’intéresser au cheval Barbe, en tant que Française.</br> </br> L’avenir ce sera les portes qui vont s’ouvrir en grand avec Baligh et la reconnaissance de sa souche et de ma structure équestre dans le Valromey. Des éleveurs étrangers m’ont déjà contactée. Cette race Barbe mérite vraiment de revenir sur le devant de la scène, qu’elle n’aurait jamais dû quitter. Enfin, je voudrais souligner l’importance du style propre à Groboz dans la recherche d’un cheval respecté dans ses conditions de vie proche de la nature, ceci est sans doute la clé du comportement apprécié de Baligh à El Jadida…</br> </br> Comment un élevage peut-il produire un cheval reconnu mondialement comme standard de sa race ?</br> </br> Nadine : Nous ne sommes pas responsables de tout, mais nous avons cherché l’étalon reproducteur avec une idée précise. Après avoir recouper les avis des plus grands éleveurs, nous avons jeté notre dévolu sur la souche Algérienne, nous avons trouvé Ghafel, un Barbe de Tiaret. Ensuite, nous avons attaché un soin tout particulier à la manière d’élever nos chevaux au plus près de leur vie originelle dans la nature. Ça n’a pas été facile tous les jours d’imposer la présence d’un cheval entier au milieu de ses juments par exemple. Le résultat ce sont des chevaux très équilibrés, sans traumatismes. On essaye de s’approcher d’un cheval idéal qui rassemble les caractéristiques physiques et mentales de la race. Nous ne castrons pas les poulains, cela permet de leur donner une autre perspective d’avenir, la preuve Baligh a eu cette chance. Baligh s’est distingué très vite des autres mais les conditions à Groboz ont favorisé son développement si particulier qui lui a permis de se distinguer. J’ajouterai, le concernant, qu’il m’a été très difficile de m’en séparer.</br> </br> Avez-vous gardé des relations avec Marie, la nouvelle propriétaire ?</br> </br> Nadine : Oui ! Marie nous a acheté quatre chevaux. Elle aussi est tombée amoureuse des « Barbes ». Nous partageons le même sens particulier de l’amour du cheval. Elle est très attentive et ne compte pas son énergie pour faire réussir le cheval Barbe. Et ce titre récompense son élevage qui entre dans la cour des grands élevages professionnels. Le Barbe est un cheval attachant, qu’on aime passionnément, il a cependant besoin de rencontrer des personnes qui ont le courage de s’embarquer avec lui pour de grandes aventures. C’est rassurant d’avoir rencontré Marie qui est l’ambassadrice rêvée pour la race…
Les championnats du monde du cheval barbe à El Jadida (Maroc) ont vu un équidé de Villemotier s’adjuger la troisième place.</br> </br> Baligh de Groboz est un cheval né à Villemotier, au haras de Groboz. A la surprise générale, il est monté sur le podium du championnat du monde du cheval barbe qui s’est déroulé ce week-end à El Jadida, au Maroc.</br> </br> Retour sur le parcours de ce cheval d’exception avec Jean-Marc Mussot, l’éleveur qui lui a permis de prendre son envol.</br> </br> Comment réalise-t-on les conditions qui vont permettre à un cheval de conquérir le monde ?</br> </br> Oh ce n’est pas si simple que ça ! C’est plutôt le résultat d’un concours de circonstances… Quand nous sommes arrivés à Groboz, nous avions certes un idéal de cheval, mais nous avons aussi rencontré un homme et son élevage… Une vision que nous avons partagé instantanément avec, pour charnière centrale, un cheval idéal qui vivrait proche de ses conditions de vie originelles (cheval rustique). Nous avons donc permis à l’élevage de Groboz, créé au début du stud-book (1) de la race, dans les années 80, de se transmettre… Les chevaux qui naissent et qui sont élevés dans des conditions naturelles sont forcément différents de ceux qui naissent dans la plupart des élevages conventionnels. Nous pensons que c’est ce qui a fait la différence dans le cas de Baligh.</br> </br> Y a-t-il un moment particulier qui vous revient à l’esprit quand il était à Groboz ?</br> </br> Le plus difficile, le jour où Marie est venue le chercher… Nadine m’a avoué alors qu’elle était en pleurs : « Pour la première fois j’ai souhaité qu’un cheval ne m’obéisse pas, quand je lui ai demandé de monter dans le camion ! Mais je savais que mon vœu ne se réaliserait pas, parce que je savais que ce cheval était un cheval d’exception qui m’aurait suivie n’importe où… ».</br> </br> Et maintenant, quelles sont les perspectives, pour le haras de Groboz, que vous ouvre ce podium aux championnats du monde ?</br> </br> Avant toutes choses, je pense à Marie, à son courage pour vivre pleinement de sa passion, je pense à son premier cheval barbe, Taous, le frère de Baligh, qui a galvanisé cette passion. Je pense à tous les acteurs qui ont voulu permettre à ce cheval magnifique qu’est le cheval barbe, d’avoir un avenir aussi riche que son histoire l’impose.</br> </br> Je regarde aujourd’hui les résultats bruts du championnat du monde et je vois deux chevaux français sur la 2eme (Rusty des Balmes) et à la 3eme (Baligh de Groboz).</br> </br> Je crois que c’est une première pour l’élevage de chevaux barbes français et c’est prometteur pour la race. Je me réjouis d’un côté mais je déplore qu’il n’y ait pas de chevaux algériens ! Au-delà de notre passion pour le cheval barbe, nous ne pouvons pas accepter que ce cheval magnifique, ne parvienne pas à nous rassembler au sein de l’OMCB (l’organisation mondiale du cheval barbe).
Baligh de Groboz, étalon né et élevé à Villemotier, a pris la troisième place samedi, aux championnats du monde du cheval barbe à El Jadida (Maroc), berceau de la race. Ce cheval d’à peine 4 ans, qui vit désormais chez sa propriétaire, Marie Rabatel, à Virieu-le-Grand dans le Bugey, concourait parmi les vingt meilleurs du monde.</br> </br> Baligh a d’abord pris la deuxième place dans le concours de sa classe d’âge, alors qu’il était le plus jeune de sa catégorie. Il s’est ainsi qualifié pour le championnat du monde. Selon Marie Rabatel, « l’après-midi, Baligh s’est fait remarquer pour sa présentation et sa locomotion exceptionnelle chez un cheval de ce gabarit ».</br> </br> Pour sa propriétaire, cette récompense est aussi une reconnaissance de son travail : « Des portes vont s’ouvrir en grand. Cette race mérite vraiment de revenir sur le devant de la scène ». Baligh sera présent sur le salon Equita à Lyon, fin octobre…
Baligh de Groboz est un beau cheval Barbe (race chevaline originaire d’Afrique du Nord). Il est né à Villemotier, au haras de Groboz. Marie Rabatel en est désormais propriétaire.</br> </br> Le 28 mars, Baligh a remporté le concours international de l’Association française du cheval Barbe à Cluny (71). Son cheval a quitté son paddock de Virieu-le-Grand depuis le 12 octobre pour concourir à El Jadida, au Maroc.</br> </br> Mais pourtant… Rencontre avec Marie Rabatel.</br> </br> Quels événements ont permis la sélection de Baligh ?</br> </br> Baligh a remporté le concours avec la note de 15,4 sur 20. Or, pour concourir au niveau mondial, il fallait obtenir 16/20.</br> </br> Mais les jurys internationaux se sont rendu compte que les chevaux arrivés 2ème et 3ème à Cluny avaient gagné, les années précédentes, leur sélection pour les mondiaux avec une note de 16 au moins.</br> </br> Baligh était devant eux. J’ai reçu un courrier m’informant que Baligh était finalement qualifié pour le concours mondial de El Jadida, ce samedi. C’est incroyable.</br> </br> Baligh a-t-il ses chances d’être jugé le plus bel étalon Barbe du monde ?</br> </br> Cette année, je ne crois pas, car il concourt chez les seniors mâles de 4 à 8 ans et ce sera le plus jeune parmi les vingt chevaux en présence. Il y aura d’ailleurs un seul autre cheval français. Il a de magnifiques allures, mais il est encore en pleine croissance. C’est un peu tôt à mon avis.</br> </br> Le Maroc participe largement financièrement à la venue des sélectionnés. Par exemple, il offre la moitié de la traversée. C’est très appréciable pour les petits élevages comme les nôtres.</br> </br> Cette participation aura-t-elle des répercussions pour Baligh et votre élevage ?</br> </br> Après Cluny, j’ai tout de suite été contactée par des éleveurs importants, comme les Allemands. Les saillies de Baligh sont désormais précieuses.</br> </br> Avec sa présence à El Jadida, c’est aussi notre souche qui obtient une véritable reconnaissance chèrement gagnée. Les portes s’ouvrent. J’ai le cœur qui bat quand je le regarde.</br> </br> Pratique : Au Salon du cheval : "Les amoureux des chevaux pourront découvrir Baligh au Salon du cheval Equita, à Lyon, à partir du 28 octobre.
Il y a trois ans, nous revenions fasciné d’un bord de l’atlantique que tout passionné de cheval barbe rêve un jour de fouler… El Jadida ! Il y a deux ans, nous écrivions dans cette même colonne, après les larmes de Nadine : «Notre vocation d’éleveur est d’amener les chevaux vers la carrière qui les attend. Baligh poursuit sa vie du coté de Belley où l’approche du cheval qu’a su créer Marie est idéale pour son évolution… ».</br> </br> Aujourd’hui ce rêve et cette vocation ne font plus qu’un, grâce à une certaine idée du cheval que nous cultivons en commun. Le courage de deux femmes de croire en un destin d’exception, est à l’origine de cette aventure qui conduit aujourd’hui Baligh à participer aux championnats internationaux du cheval barbe où il représentera la France, le samedi 17 octobre 2015 sur ce bord de l’atlantique… El Jadida.
Il y a quelques semaines, nous avons évoqué la possibilité de faire pouliner un an sur deux, pour préserver les juments. Est-ce que, naturellement, une jument fait un poulain tous les ans ? C’est l’équilibre dans lequel il va se développer qui va conditionner les qualités du cheval. Nous allons tenter de reproduire cette organisation fondamentale pour le développement du cheval, en nous inspirant de l’étude d’Emmanuel Théret sur les chevaux sauvages du Namib… En 1991, au moment où la population était la plus élevée, Jacqueline Ripart compte 276 chevaux répartis en 49 familles et des groupes de mâles célibataires.</br> </br> Les chevaux sauvages vivent en hardes d’une dizaine d’individus, comprenant un ou deux étalons, quelques juments et leurs poulains. Les jeunes étalons se rassemblent également de manière temporaire. Les groupes sont dirigés par une jument et protégés par un étalon, parfois deux. La jument comme l’étalon peuvent chacun leur tour assumer le rôle de leader. Ce dernier décide quand il faut aller s’abreuver ou chercher de nouveaux pâturages. La jument défend elle-même son poulain si un prédateur s’approche. Dans d’autres circonstances, c’est l’étalon qui interviendra.</br> </br> La hiérarchie n’est pas très importante chez ces chevaux sauvages, et les combats sont plutôt rares. La raison en est qu’il n’y a pas de compétition dans cet environnement : la nourriture est répartie de manière équivalente dans le vaste désert du Namib, et l’eau est disponible en quantité suffisante à deux abreuvoirs artificiels, où de plus les chevaux se rendent à des heures différentes. Enfin, c’est la jument qui choisit son partenaire et si celle-ci ne désire pas s’accoupler, les combats entre les étalons sont sans effet.</br> </br> Les chevaux sauvages du Namib sont étudiés scientifiquement depuis 1993. Dans le passé, leur nombre a varié entre 60 et 300 suivant la quantité et la qualité des herbages disponibles. Ces dernières années, leur population s’est stabilisée entre 90 et 150. En période de sècheresse, les chevaux couvrent de grandes distances pour se nourrir et jouent rarement. Au contraire des chevaux domestiques, la soif ne leur cause pas de stress particulier. Lorsque les pluies font apparaître de nouveaux herbages, les chevaux adoptent un mode de vie plus serein : ils pâturent la nuit, restent à proximité des points d’eau et passent l’essentiel de leur temps à se reposer et à jouer.</br> </br> Ces chevaux ayant été importés, sont des intrus dans les étendues sauvages du Namib. Toutefois, selon une étude de la biologiste Télané Greyling qui a été rendue public en 2005, il semble qu’ils ne constituent de menace ni pour les 500 plantes du fragile biome du Nama Karoo, ni pour la faune indigène comme les autruches, les gemsboks ou les sprinqboks. Ils ne se nourrissent que d’herbe, occasionnellement de buissons, et vivent dans un territoire relativement restreint, laissant tout le désert aux autres animaux pour rester à proximité de l’eau.</br> </br> Près de Garub, un abreuvoir artificiel profite aussi bien aux chevaux qu’aux autres animaux du désert. C’est le seul point d’eau permanent de la région, alimenté par un puit à 4 km de là. Durant l’été austral (de novembre à mars), lorsque les températures dépassent souvent 30° Celsius, les chevaux vont boire toutes les 30 heures environ. En hiver par contre (de mai à septembre), quand les températures sont plus clémentes (en-dessous de 22° Celsius), ils peuvent se passer de boire pendant 72 heures.</br> </br> En plus de l’herbe du désert, les chevaux mangent leur crottin ou celui de leurs congénères, absorbant ainsi des nutriments non digérés. Leurs excréments contiennent trois fois plus de lipides (2,0 %) que l’herbe séché des environs (0,7 %), et deux fois plus de protéines (6,1 % contre 3,1 %). La coprophagie est donc une supplémentation alimentaire très utile dans un environnement pauvre : le rapport est de presque 1 Kg de crottin pour 7 Kg d’herbe.</br> </br> Les pieds sont parés naturellement par l’abrasion du sable et de cailloux. Il n’a pas été constaté de seimes sur une centaine de chevaux inspectés rapidement, et d’une manière générale, les pieds sont assez bon état. La sécheresse de l’environnement a l’avantage d’éviter tout pourrissement de la sole et de la fourchette, comme c’est le cas de beaucoup de chevaux en box qui piétinent dans une litière ammoniaquée par l’urine, ou de chevaux qui passent l’hivers dans un pré humide. Les critères esthétiques des concours de modèles et allures ne sont pas toujours ceux de la nature…</br> </br> Les poulains sont soumis à une importante mortalité. 40 % d’entre eux n’atteignent pas l’âge adulte dans les difficiles conditions du désert du Namib. Ils doivent être capables de suivre la harde presque immédiatement après leur naissance, car les juments sont rassemblées par les étalons et ne sont pas autorisées à retarder le groupe. Les poulains sont parfois la proie de quelques hyènes brunes, guépards ou léopards qui errent dans la région, et en période de sécheresse, ils doivent parcourir de grandes distances qui les épuisent et leur sont parfois fatales.</br> </br> L’isolement dans lequel ont vécu les chevaux du Namib pendant près d’un siècle a entrainé une certaine consanguinité. Pourtant, ces chevaux sont d’une incroyable résistance, résultat d’une sélection naturelle qui élimine les faibles et ne garde que les sujets dotés du meilleur patrimoine génétique. L’étude de prélèvements sanguins soulève d’ailleurs la possibilité que ces chevaux aient muté pour pouvoir survivre dans un environnement aussi inhospitalier. Les conditions désertiques n’ont pas que des désavantages : les chevaux du Namib ont peu de parasites.</br> </br> Les hommes ont une responsabilité envers ces chevaux sauvages qu’ils ont amenés d’Europe pour leur propre usage avant de les abandonner dans ces contrées hostiles. La controverse sur l’impact de cette espèce étrangère n’ayant pas lieu d’être, les autorités namibiennes ont adopté de nos jours une gestion cohérente du problème en tirant les leçons de quelques erreurs du passé (comme la capture et la vente d’une centaine de chevaux sans sélection d’âge ni de sexe lors de la sécheresse de 1992).</br> </br> Des études prenant en compte les pluies et les herbages ont établi que le chiffre de 130 chevaux était celui qui assurerait le meilleur équilibre avec les ressources du petit territoire où vivent ces équidés, des fluctuations à brève échéance pouvant osciller entre 80 et 180. En période de grave sécheresse, comme celle de 1992 qui a fait une quarantaine de victimes, les chevaux sont nourris avec de la luzerne, et en cas de surpopulation, un nombre déterminé de jeunes entre 2 et 4 ans (ceux qui n’ont pas de lien sociaux trop anciens avec leur groupe) sera relocalisé plus au sud à Aussenkehr, sur des terres qui leur sont attribuées près de la frontière sud-africaine.</br> </br> Naturellement et malgré que les mortalités soient beaucoup plus importantes dans ce milieu hostile, il est acquis qu’il n’est pas nécessaire pour pérenniser l’effectif que la jument pouline une fois par an. Bien qu’aucun relevé ne semble avoir été fait dans ce sens, la moyenne se situe à un poulinage tous les trois à cinq ans par jument. Dans nos élevages en semi-liberté et à condition de se laisser inspirer par une conduite plus respectueuse des conditions originelles des chevaux sauvages, le seul levier que nous pouvons activer dans la conduite de nos élevages en semi-liberté, est le sevrage… Il serait judicieux de ne plus le provoquer l’année de la naissance…
Un cheval de l’Ain a remporté un prestigieux concours de race. Cet étalon va représenter la France aux championnats du monde du cheval barbe au Maroc du 13 au 18 octobre prochains.</br> </br> En mars dernier, Baligh de Groboz, un étalon de 4 ans, élevé dans l’Ain, a remporté le concours international de l’association française du cheval barbe à Cluny (71).</br> </br> Ce cheval est né à Villemotier, aux haras de Groboz, chez Nadine et Jean-Marc Mussot, éleveurs de chevaux barbes (race chevaline originaire d’Afrique du Nord). Depuis, il a été acheté par Marie Rabatel, propriétaire d’une structure de tourisme équestre à Virieu-le-Grand. « Les juges allemands, algériens et français lui ont attribué la meilleur note du concours et l’ont donc approuvé étalon reproducteur de la race barbe. « Le cheval est apprécié sur ses caractéristiques morphologiques, il reçoit quatre notes sur le type, le modèle, les membres et les allures » explique Marie Rabatel.</br> </br> Grâce à cette victoire, l’éleveur de Virieu va représenter la France à El-Jadida au Maroc. Nous vous avions relaté la déception de Marie Rabatel : « Malheureusement, Baligh ne représentera pas la France en octobre prochain à El-Jadida, au Maroc et c’est vraiment rageant. Il ne se mesurera pas aux meilleurs chevaux barbes du monde, car il a obtenu la note de 15,4 sur 20 et il faut obtenir 16 pour concourir à ce niveau… ». C’était sans compter sur la bienveillance de l’organisation mondiale du cheval barbe qui a finalement décidé de repêcher ce splendide cheval. Faut dire qu’à Cluny, il avait battu deux chevaux qui c’étaient qualifiés avant lui pour El-Jadida.
Une impression désagréable s’empare de moi quand je tombe par hasard sur le journal de 20 heures. Je me plante devant les images du « péril » causé par les chevaux mustang vis-à-vis du bétail aux Etats Unis. Après le fleau des Brumbies d’Australie en 2013, va-t-on régulièrement assister à ces reportages sur le cheval destructeur de son écosystème ?</br> </br> Une controverse entoure la présence de troupeaux de chevaux sauvages. Leur détracteurs soutiennent que les chevaux dégradent le pâturage et rivalisent avec le bétail pour le fourrage. Est-ce parce qu’il s’adresse au grand public ? En tous cas ce qui est rageant, c’est que le dossier soit traité sans préciser un certain nombre de points fondamentaux suivants:</br> </br> Les chercheurs notent que la plupart des troupeaux de mustang vivent dans des zones arides. Les chevaux sont mieux adaptés à l’évolution de tels climats ; ils peuvent s’éloigner neuf fois plus loin que le bétail des sources d’eau, voyageant près de 50 miles par jour. Ceci leur permet d’utiliser des zones non fréquentées par le bétail.</br> </br> De plus, les chevaux digèrent les substances nutritives au moyen du caecum plutôt que par un estomac multi-compartiments. Cela leur permet d’extraire plus d’éléments nutritifs. Les chevaux peuvent donc trouver une nutrition adéquate à partir d’un fourrage plus pauvre que celui nécessaire au bétail, survivant ainsi dans des zones où le bétail serait affamé.</br> </br> Les mustangs ont peu de prédateurs naturels mis à part les pumas, et dans une moindre mesure, les grizzly et les loups. Dans les lieux où il existe une équilibre naturel de prédateurs et de proies, le nombre de mustang a tendance à rester à l’équilibre. Cependant, dans de nombreuses zones, les prédateurs naturels ont été éliminés de l’écosystème.</br> </br> Effectivement, sans une certaine forme de contrôle de la population, la taille des troupeaux de mustang peut se multiplier rapidement, pouvant même doublé tous les quatre ans. Pour maintenir l’équilibre de la population, et non pour faire de la place pour le bétail, a été créé en 1971 l’Appropriate Management Level.</br> </br> En Mongolie, une introduction a été menée dans le site de Takhin Tal (Gobi B) par l’International Takhin Group. Entre 1992 et 2004, 90 chevaux ont été transportés. Trois autres mâles ont été transférés du parc national de Hustai vers Takhin en 2007. Il y a actuellement 111 chevaux en liberté dans neuf groupes au sein de cette population…</br> </br> Plus éloquent encore, L’histoire des chevaux de Namib… Un riche aristocrate allemand, Hansheinrich von Wolf élevait des chevaux (350 en 1911) à Duwisib, à 250 km au nord-est de Garub. Après son retour en Europe et sa mort durant la Première Guerre Mondiale, sa ferme aurait été pillée puis laissée à l’abandon, permettant aux chevaux de Duwisib de reprendre leur liberté.</br> </br> Après la découverte de diamants près de Lüderitz, la zone interdite Sperrgebiet est étendue en 1909 à la région de Garud. Pendant l’occupation sud-africaine, la zone est confiée à la compagnie minière Consolidated Diamond Mines qui maintient l’application de l’interdiction jusqu’en 1986. Grâce à cette restriction d’accès, les chevaux de Garub ont pu vivre jusqu’à aujourd’hui dans un territoire épargné par les activités humaines.</br> </br> Malgré leur extraordinaire adaptation aux rudes conditions du désert, les chevaux du Namib n’auraient jamais pu survivre sans l’abreuvoir artificiel de Garub. La compagnie minière a maintenu le bon fonctionnement du pompage pendant des décennies en sachant apparemment à qui il profitait le plus… En 1991, Jacqueline Ripart compte 276 chevaux. Rappelez-vous du livre de compte de 1911 de Hansheinrich von Wolf et de ses… 350 chevaux … Au lieu de succomber à la manipulation des industriels du bétail, les médias ne devraient-ils pas nous inviter à nous poser la question : existe-t-il sur terre une espèce animale qui régule ses naissances ? Ne serait pas justement le cheval ?</br> </br> Si l’actualité de Groboz le permet, nous aborderons le mois prochain, la question de faire pouliner à Groboz, une année sur deux. Nous le ferons en respectant les objectifs d’élevage de Groboz et nous le ferons en prenant en considération l’étude menée sur les chevaux sauvages du Namib…
L’autre jour à Cluny, je me suis retrouvé à table avec Yvon Babin et Ahmed Rayane… . Je n’ai pas laissé passer une telle occasion, de confronter la philosophie de l’élevage de Groboz et le regard sur le cheval de ces deux personnalités du monde du cheval Barbe.</br> </br> Sur la route déjà, Nadine et moi nous demandions : « Est-ce que l’on fait pouliner un an sur deux pour préserver nos juments ? » Cette question me semble adéquate pour entamer l’échange. Tous deux en guise de réponse, me lancent : « La question est de savoir quel est le cheval que l’on veut ? »</br> </br> Et de me parler de notre élevage alors que nous évoquions la possibilité d’acheter un deuxième étalon algérien (après Ghafel) en copropriété : « Si vous faites cela, vous faites mieux que ce que nous préconisons : retremper la souche toutes les trois générations ! ». Sans le savoir, mes deux amis me confirment que notre choix d’élevage est de préserver le cheval dans ses origines.</br> </br> Donc nous parlerons plus tard du poulinage biannuel ! je vous propose, comme ils l’ont fait, de nous concentrer sur l’importance de « retremper » la souche (barbe algérien, barbe marocain,…) afin de préserver les différents types de barbes sans que la région d’élevage (France, Allemagne,…) ne les influence !</br> </br> La phrase : « il faut la vie d’un homme pour faire un cheval », prend d’un coup une tout autre dimension bien plus noble : un homme peut consacré sa vie à créer le cheval idéal, il peut aussi consacrer sa vie à préserver le cheval qui nous fascine tant depuis des millénaires…
Un cheval de l’Ain a remporté un prestigieux concours de race. Cet étalon va pouvoir désormais permettre de développer la race barbe.</br> </br> La semaine dernière, Baligh de Groboz, un étalon de 4 ans, élevé dans l’Ain, a remporté le concours international de l’association française du cheval barbe à Cluny (71).</br> </br> Ce cheval est né à Villemotier, aux haras de Groboz, chez Nadine et Jean-Marc Mussot, éleveurs de chevaux barbes (race chevaline originaire d’Afrique du Nord). Depuis, il a été acheté par Marie Rabatel, propriétaire d’une structure de tourisme équestre à Virieu-le-Grand. « Les juges allemands, algériens et français lui ont attribué la meilleur note du concours et l’ont donc approuvé étalon reproducteur de la race barbe. « Le cheval est apprécié sur ses caractéristiques morphologiques, il reçoit quatre notes sur le type, le modèle, les membres et les allures » explique Marie Rabatel.</br> </br> Grâce à cette victoire, l’éleveur de Virieu va développer la race avec cette étalon qui a désormais une grande valeur. « Malheureusement, Baligh ne représentera pas la France en octobre prochain à El-Jadida, au Maroc et c’est vraiment rageant. Il ne se mesurera pas aux meilleurs chevaux barbes du monde, car il a obtenu la note de 15,4 sur 20 et il faut obtenir 16 pour concourir à ce niveau… Mais du côté de Villemotier, on pense avoir trouvé la solution pour faire franchir le cap aux prochains poulains à naitre », affirme Marie Rabatel.</br>
Cette après-midi, Fred et Mathilde s’occupent de Badia pour la première fois ! Le programme : installation de la selle et longe aux trois allures… Bilan : longe aux trois allures avec la selle,.. le mors et.. les étriers. Et encore, Fred pense qu’il aurait très bien pu la monter et partir sur les chemins…</br> </br> Pourquoi ça semble si simple avec certains chevaux ? Pour comprendre, il faut remonter à leurs parcours et aux différentes étapes de leur vie… De la naissance jusqu’au sevrage, puis la nature du contact que l’homme aura su créer, ou pas...</br> </br> Badia est née à « La cavale » chez Florence dans les Pyrénées. Les chevaux y sont élevés en totale harmonie avec les éléments naturels qu’ils côtoient depuis des millénaires. Cet équilibre est le socle sans lequel, la relation entre l’homme et le cheval ne sera jamais aboutie.</br> </br> Elle est arrivée à Groboz l’hivers dernier. Nous avons fait comme avec tous nos chevaux, nous nous sommes contentés de répondre à sa curiosité quotidienne. Dans tous les cas, nous ne la sollicitons que pour une raison utile et nécessaire à sa subsistance où à sa raison d’être.</br> </br> Badia est destinée à faire des poulains comme l’ont fait avant elle ses aïeuls. Ses poulains n’ont un avenir que s’ils perpétuent une histoire de cinq mille ans, celle de la race Barbe. Ils devront acquérir une notoriété dans une discipline qui dans le cas du Barbe est actuellement l’endurance.</br> </br> Leur mère doit être montée pour obtenir des résultats significatifs avant d’avoir son premier poulain. C’est la raison pour laquelle, nous avons entrepris depuis quelques semaines le travail juste nécessaire. Le plus impressionnant, c’est que Badia semble le savoir…</br> </br> Depuis quelques semaines, avant que Fred et Mathilde ne s’occupent d’elle, Nadine n’a fait en tout et pour tout que trois séances : tapis et sangle, tapis et sangle aux trois allures en longe, tapis et sangle et mors aux trois allures en longe…
Un homme poursuivi par un taureau noir sur la plage des Saintes-Maries-de-la-Mer. Il n’eut pas d’autre choix que de se jeter à la mer. Alors que les flots l’emportaient, il fut sauvé per un étalon qui sortit de l’écume et lui dit : « je ne serai jamais ton esclave, mais ton ami ». L’homme apprivoisa l’étalon durant trois jours et celui-ci devint à la fois son meilleur ami et le fondateur des chevaux de Camargue.</br> </br> Est-il « né de l’écume de la mer » comme le raconte la légende ? A-t-il pour ancêtre le cheval de Solutré ? Est-il frère du barbe ? Je me pose toutes ces questions, au moment où je pénètre dans Arles, j’ai rendez-vous avec Jean-Claude Girard, conservateur des musées du Gard. Il ne fait aucun doute pour l’un et l’autre, qu’aucun cheval ne se serait jamais enfoncé de son propre gré, dans le territoire inhospitalier de Camargue, ce qui écarte l’hypothèse du cheval de Solutré.</br> </br> En 1807, l’académie des sciences de Marseille fait de l’introduction de chevaux barbes par Flavius Flaccus aux environs d’Arles, vers 626 avant J.-C., la souche fondatrice de la race camarguaise. Ce récit est transmis par les érudits locaux. Le Camargue présente selon eux une forte ressemblance avec les chevaux de la cavalerie numide que les romains affrontent durant les deux guerres de Carthage, après la conquête de l'Afrique du Nord. Les croisements auraient été renouvelés pendant le séjour des sarrasins en Provence, vers 730.</br> </br> Jean-Claude pense que le plus fascinant est moins les origines du cheval Camargue, que la parfaite adaptation à ce milieu difficile des marais, supportant les hivers rigoureux, le vent et les étés brulants. Au point de devenir le symbole fort de la terre où il est né et où il vit en semi-liberté. Aujourd’hui, Jean-Claude m’invite à poursuivre à Groboz notre activité favorisant l’équilibre de la biodiversité avec le cheval, en s’inspirant de l’élevage camarguais dans l’aménagement du territoire.</br> </br> A Groboz, nous avons résolument choisi d’élever les chevaux barbes le plus près possible de leur milieu à l’état de chevaux sauvages. Et tant mieux, si leur lien est plus profond encore en étant la souche originelle du cheval Camargue. Après le premier pilier de la souche originelle du cheval Camargue, après le deuxième pilier de l’élevage proche de la nature, la légende pour sa part, porte en elle un troisième et nouveau pilier, l’incroyable relation qui unit l’homme et le cheval depuis des milliers d’années…
Nadine et Jean-Marc Mussot habitent le hameau de Groboz. Ils ont une passion commune : le cheval barbe. Dans leur ferme, ils ont ouvert les haras de Groboz où ils élèvent des chevaux de race barbe.</br> </br> Comment conciliez-vous travail salarié et élevage ? Travaillez-vous ensemble ou non ?</br> </br> Jean-Marc : Nous avons une double activité, c'est un choix car l'agriculture, paradoxalement ne nourrit pas toujours celui qui l'exerce. Nous avons choisi de répartir les taches, je m'implique dans le développement culturel du cheval et je m'occupe des prairies de l'exploitation. Dès notre arrivée, nous avons privilégié le travail avec nos voisins agriculteurs, la satisfaction est double car nous apprenons beaucoup à leur contact et nous pouvons partager nos préoccupations au quotidien. Nadine s'occupe des chevaux (soins) et de l'élevage (débourrage, entrainements en vue des courses d'endurance). Elle a choisi de travailler par étapes sur la confiance avec ses chevaux.</br> </br> Quels sont vos objectifs ?</br> </br> J-M. : L'objectif de sens est de redonner au cheval barbe la place qu'il mérite dans une société dont il a marqué l'histoire et qui, aujourd'hui, a besoin de repères identitaires en développant sa dimension culturelles (Festival des équitations du monde). L'objectif économique est de développer l'exploitation agricole existante en conjuguant les deux activités complémentaires que sont l'agriculture biologique (aménagement durable du territoire) et la production de chevaux élevés en pleine nature (qualités de rusticité).</br> </br> Nadine : L'objectif est aussi de valoriser notre élevage. Une de nos juments est partie pour un programme d'endurance de deux ans chez une cavalière du Jura. Pour 2014, nous devons vendre notre étalon Ghafel, c'est un cheval superbe, un pur algérien qui est arrivé sur le sol français en 2003, mais le cycle de l'élevage nous impose de remplacer nos vielles juments par leurs filles et importer d'algérie un nouvel étalon. L'agriculture que nous exerçons est familiale, la raison d'être de l'exploitation est d'être transmise aux générations futures. Narcisse, l'arrière grand père de Marie s'est engagé à âge de 17 ans pour être dans la cavalerie et monter des chevaux barbes.</br> </br> Nadine travaille quotidiennement dans la confiance avec ses chevaux.</br> </br> Vous sentez-vous en accord avec le monde du cheval actuel ?</br> </br> N. et J.M. : Le monde du cheval ne fait pas exception, les préoccupations de ses acteurs se limitent à faire fonctionner les structures existantes. Dans une société sans convictions universelles, nous oublions d'inscrire ce que nous faisons dans un patrimoine qui aura du sens parce qu'il sera destiné aux générations futures. Il y a quelques années nous avons créé à Groboz le festival des équitations du monde où, se mêlent les associations représentant les différentes équitations du monde (western, Doma Vaquera, Fantasia, etc.,). Il y avait lors de la dernière édition près d'un millier de spectateurs (la limite pour le site de Groboz). Notre objectif est de le voir se développer. Bourg-en-Bresse pourrait être très approprié pour passer le prochain cap de développement où tous les amoureux du cheval de chaque pays cavalier pourront se retrouver dans ce qui sera la capitale des équitations du monde l'espace d'un week-end.</br> </br> Pratique : Pour en savoir plus : "Dites-moi le cheval d'un peuple, je vous en dirai les mœurs et les institutions". Paul Morand. Histoire de ce cheval très ancien sur le site internet de Groboz, tout comme l'élevage de Groboz ou le fameux festival. Le site : www.groboz.fr
Si écrire, c'est laisser une trace qui signifie quelque chose, alors l'écriture n'est pas l'apanage des seuls humains, pensait le philosophe Michel Serres. Vinviane Despret, philosophe des sciences et psychologue, proche du penseur Bruno Latour, récemment disparu, et passionnée d'éthologie (la science du comportement des animaux) le croit aussi. Dans de nombreux ouvrages, de <b>Hans, le cheval qui savait compter</b> à <b>Autobiographie d'un poulpe</b>, elle nous offre un autre regard sur la gente animale, loin des clichés sur leur supposée agressivité naturelle.</br> </br>Dans <b>Et si les animaux écrivaient ?</b>, texte d'une conférence(publiée par Bayard, dans sa collection <b>Les petites conférences</b>), elle nous décrit ces abeilles qui, par la danse, indiquent à leurs compagnes où trouver de la nourriture, ces rats qui, en se frottant sur les parois, cartographient et mémorisent leurs parcours, ces chiens qui déposent au pied des arbres et des réverbères des sortes de Post-it odorants qui donnent beaucoup d'informations, ces oiseaux qui chantent et dansent sur leur territoire comme pour délimiter de manière artistique, ou ces mammifères qui, tout en se cachant de peur de prédateurs, laissent des traces (branches arrachées, empreintes de pattes, choses déplacées...) pour dire : "Vous ne voyez pas, mais je suis là."Cela raconte quantité de choses, des humeurs, des passions, des signatures, mais aussi peut-être des histoires", reconnaît Vinciane Despret que nous, humains illettrés en écriture animale, ne savons pas décrypter.</br> </br>Depuis Konrad Lorenz et ses oies sauvages, le rapport à l'animal a bien changé et, pourtant, comme le note le Fonds mondial pour la nature - WWF la semaine passée, le déclin de la faune se poursuit au rythme d'un pour cent par an. Depuis 1970, oiseaux, amphibiens, reptiles, mammifères... ont perdu 69% de leur population dans le monde. Il y a soixante ans, presque jour pour jour, la biologiste marine américaine, Rachel Carlson, fille de paysans de Pennsylvanie, publiait <b>Le Printemps silencieux</b>, dénonçant la disparition de la faune animale.